Canal + parie sur la D1 féminine

Canal + diffusera sur ses antennes cette saison l’intégralité des 132 matches de la D1 féminine. Une décision inédite dans le paysage médiatique français, et une belle reconnaissance pour les footballeuses et les clubs, petits ou grands.

C’est une évolution aux allures de révolution opérée dans le monde du foot féminin. A partir de la reprise, le groupe Canal + tente un pari qui ressemble à son responsable du service de sport. Après avoir été l’un des premiers, voire le premier, à croire à la médiatisation du football pratiqué par les femmes à l’époque de Direct 8, devenue D8 puis C8 en diffusant les matches de l’équipe de France, Thierry Cheleman n’est certainement pas étranger à l’achat pour cinq saisons des droits de la D1 féminine. Le directeurdes sports de Canal en est persuadé, c’était le moment de se lancer dans une telle aventure : « Le football féminin a de grands jours devant lui. Le Groupe Canal+ croit en ses valeurs et en son attractivité depuis de nombreuses années, en témoigne l’exposition donnée par nos chaines à la Ligue des Champions féminine, ou encore à l’équipe de France. Aujourd’hui, nous franchissons un nouveau pas décisif pour cet accompagnement. » Car Canal a décidé de frapper fort : concurrencée par Beinsport et surtout RMC Sport, la chaîne a fait exploser les droits jusque-là très faibles de la D1 détenus par France Télévisions et Eurosport pour 200.000 euros la saison. On parle désormais de plus d’1,2 millions par an. Et même si la somme est dérisoire par rapport aux tarifs pratiqués sur le ballon rond masculin, cet effort est significatif et salué par le président de la FFF, Noël Le Graët : « Le football féminin est en plein essor, avec un nombre de licenciées en constante augmentation. Cette consultation, qui a réuni les principaux acteurs du marché, confirme cette attractivité. M6 s’est positionné de manière remarquable et offrira une vitrine de grande qualité à l’Équipe de France féminine qui se prépare actuellement pour la Coupe du monde 2019 que nous organisons. Canal+ offrira aussi une notoriété nouvelle au Championnat de D1 féminine. »

Cheleman persiste et signe

Un caméraman bord de terrain

Car la D1 franchit un cap : les acteurs positionnés ont acheté du temps d’antenne, certes, mais aussi des histoires à raconter. Dans une année pré-Coupe du Monde en France, Canal entend en effet habituer ses abonnés au foot pratiqué par les femmes avant de diffuser l’intégralité de la Coupe du Monde. Et pour séduire, Canal met les moyens techniques et humains : « La couverture télévisée de 100% du championnat de D1 féminine est un fait inédit, et nous sommes fiers d’être à l’origine de ce mouvement capital. Pour les abonnés, c’est la chance d’être aux premières loges pour vivre l’émergence du football féminin, qui devient un sport majeur, avec en point de mire la Coupe du Monde en France à l’été 2019 qui sera également diffusée sur nos antennes », explique Thierry Cheleman qui a confié l’organisation éditoriale à Laurent Jaoui. Celui-ci, avec son enthousiasme habituel travaille depuis six mois à la manière de mettre en évidence cette D1 : « Le postulat, c’était de se dire que si on le faisait, on le faisait vraiment, explique l’ancien d’Europe 1 à Foot d’Elles. Et pour le faire vraiment il faut être exhaustif. C’est-à-dire produire et retransmettre l’intégralité des rencontres, les 132 matches du championnat. Car ce championnat est à un moment charnière de son existence. Il y a des clubs qui sont des labels des clubs professionnels masculins et encore quelques clubs historiques. Pour nous c’était intéressant de mettre à l’antenne ça, montrer ce qu’est vraiment le foot féminin aujourd’hui. Et pour le montrer, il fallait passer par la production de toutes les rencontres. C’était presque une condition sine qua none. Pour progresser, il fallait être partout, et pour être partout, il faut se permettre de diffuser six matches par journée. »

Pas d’objectif d’audience… Au début.

Atout dans la manche de Laurent Jaoui : pour le moment, pas d’impératif d’audience. Canal cherchait des programmes chics et pas cher pour remplir une grille dépourvue des championnats masculins étrangers. Avec la D1 féminine, Canal peut également se permettre de partir quasiment de zéro et donc de ne pas avoir à être pressé. Cheleman et Jaoui regarderont certes les audiences, mais sans pression, surtout au départ : « Très sincèrement, admet Laurent Jaoui, on se pose la question, mais nous n’avons pas d’objectifs car nous n’avons pas de critères de comparaison. France Télévisions, c’était gratuit et en clair, ils ont eu des audiences sur certains matches, Eurosport ne communiquait pas trop. Donc on ne s’est pas fixé d’objectifs d’audience. Honnêtement, on veut d’abord faire un produit de qualité. Et si le produit est crédible, les abonnés viendront. Mais on ne s’est pas dit « en dessous de tant de milliers, ce sera un échec ou au-dessus de tant de milliers ce sera une réussite » car sincèrement, on ne sait pas vraiment. On a cinq ans, un peu de temps pour l’installer. »

Giraudon, Tchoukriel, les voix de la D1

Paul Tchoukriel (Canal+)

Du coup, on attend désormais la rentrée avec impatience. Dans la rédaction des sports de Canal, tout le monde s’intéresse aux féminines. Car du commentateur phare de la Ligue 1, Stéphane Guy, aux journalistes moins aguerris, en passant par les consultantes (Jessica Houara-D’Hommeau, Candice Prévost, Aline Riera, Sandrine Roux ou Laure Boulleau sont annoncées), la D1 Féminine fera partie de la feuille de route de tout le monde, même si l’expérimenté et historique de Canal, Xavier Giraudon et le jeune et prometteur Paul Tchoukriel, devraient être les voix principales de la chaîne. Mais lors de la diffusion sur Canal + Sport, Canal + ou même C8, on ne s’interdit rien du côté du siège du groupe, toutes les voix de la D1 pourraient être amenées à s’illustrer. Car Laurent Jaoui le dit et le répète : Canal croit à cette aventure : il n’est pas question de créer une simple niche, mais bien de mettre en avant cette compétition : « L’idée, c’est important, n’est pas de créer un rendez-vous sur la D1. Ça n’aurait pas de sens. Faire une niche sur la D1, en faire une sorte de ghetto… ça n’a pas de sens. Au contraire, l’idée c’est de mettre de la D1 dans toutes les tranches de Canal qui parlent de football dans J+1, dans le Late Football Club, dans le Canal Football Club aussi, sûrement de manière informative. Notre idée est vraiment de diffuser la D1 dans chacun des canaux qui parlent de foot. On ne va pas l’enfermer. »

Le dispositif :

Le samedi :

  • Un Match directeur sur CANAL+SPORT à 14h30, agrémenté des buts des quatre autres rencontres en multiplex.
  • Ces quatre rencontres sur FOOT+ à 14h30.

Le dimanche :

  • Une grande affiche proposée sur CANAL+SPORT à 15h00

Plusieurs fois dans la saison, les plus grandes affiches du championnat pourront être proposées sur CANAL+, CANAL+SPORT ou C8, en prime time.

Avant-matches :

Le samedi et le dimanche, sur CANAL+SPORT, les matches seront précédés d’un avant-match complet, avec des sujets, des résumés et des interviews, à l’image de ce qui est proposé pour la Ligue 1.

La D1 Féminine dans les émissions foot de CANAL+ :

Les résultats et dernières images de la D1 Féminine seront proposés dans les programmes football des chaines CANAL+ : CANAL FOOTBALL CLUB, J+1, LATE FOOTBALL CLUB, journaux d’INFOSPORT+, à la mi-temps des matchs de Ligue 1 …

 


Crédits photos : Canal+ et Twitter

7 commentaires

  • Gromit dit :«Il faudrait déjà que toutes les pratiquantes de foot féminin commencent par regarder les matchs de foot féminin.» Vrai? Faux? Peut-être? Entre les deux? Mon petit témoignage. Il est 20 h 30 et les filles de mon club de R1 sont à l’entraînement. C’est un constat. Je ne vais pas demander au coach des filles de se justifier (et le championnat débute le 8 septembre).

  • Ne soyons pas naïfs.
    Le « bel effort » de C+ pour la D1 féminine n’est que la conséquence d’une situation économique et financière (et d’image) désastreuse de C+.

    Après avoir perdu plusieurs compétition masculines phares, puis la L1 (à partir de la saison prochaine), Canal est en crise. Plus de 1 million d’abonnés en moins depuis 2015 (l’arrivée de Bolloré), et entre 1 et 2 M supplémentaires minimum attendus avec la perte de la L1, produit-phare de la chaîne et raison principale des abonnements…
    1 à 2 millions en moins sur les 4,6 millions d’abonnés aujourd’hui, vous voyez le problème.
    On parle aujourd’hui ouvertement d’une possibilité de faillite de C+ qui « vivait » depuis près de 35 ans (1984) aux frais de la L1.

    Alors, la chaîne se raccroche aux branches des arbrisseaux, à ce qui reste et qui ne coûte pas cher. Même si les droits de la D1 ont « explosé », ils ne représentent pas grand-chose en valeur absolue. Par contre, peuvent-ils rapporter ? C’est peu probable. Il n’y a qu’à voir les audiences des matchs de D1 ou CdF féminine lorsqu’ils sont en clair par exemple sur Fr4, chaîne publique, gratuite et visible par tous.

    Si le foot féminin que nous apprécions tant, nous qui fréquentons FE, se développe médiatiquement, il n’en reste pas moins une discipline regardée confidentiellement. Une Coupe du Monde U20 organisée dans notre pays, l’est dans des stades de 2500 places, et les commentateurs et président de FFF se gargarisent qu’ils soient (ceux des Bleuettes) à « guichets fermés » ! Euh…
    Qui va s’abonner spécialement à C+ pour voir la D1 en dehors d’un quarteron de fans (qui pourra se le permettre financièrement) ? Il faudrait déjà que toutes les pratiquantes de foot féminin commencent par regarder les matchs de foot féminin, mais une grande majorité (il suffit de leur poser la question) ne le font pas. Elles regardent le foot masculin… Et qui, amateur de foot H (ce qui doit représenter 95 % au bas mot des abonnés foot de Canal) resteront sur cette chaîne, uniquement pour voir Rodez-Soyaux et Guingamp-Lyon (avec un score de 0-9 à la clé peut-être) ?

    Donc, oui, tout ce que C+ va pouvoir grappiller afin de pouvoir essayer de survivre, il le fera. Et le foot féminin en fait partie, sans plus.
    Peut-être – sans doute – encouragé par… le ministère de la culture. Pourquoi ? Tout simplement car C+ demeure le grand argentier du cinéma français qu’il finance à hauteur de 12,5 % de son chiffre d’affaires. Les pertes financières de C+ impactent directement la production cinématographique française (moins 35 millions d’euros l’année dernière pour celui-ci sur les sommes obtenues de Canal).
    Mais combien de temps les bouées, telles que celle du foot féminin, vont-elles empêcher le bateau Canal de sombrer définitivement au fond du lagon ? Et Bolloré de mettre la clé sous la porte ?

    J’ai bien conscience de sonner très négativement, mais, désolé, c’est vraiment comment je vois les choses.

  • Si vous pouviez nous dire – à titre informatif – combien ça coûtera à un/e NON-abonné/e à C+, pour s’y abonner lorsqu’il/elle n’est intéressé/e QUE par le foot féminin, sans le reste des programmes C+. Y a-t-il un abonnement a minima ou faudra-t-il payer le prix fort ? Et combien, donc ?
    Merci par avance !

    • Hello @gromit. Perso, j’ai craqué pour l’offre « Canal+ et les chaînes sport » via Orange La Fibre. L’abonnement était à 29,90€/mois (*pendant 24 mois) et il inclut Canal+, Canal+ décalé, Canal+ Sport, Eurosport 1, 2, les chaines beIN sport, les chaines Multisports (Foot+, Rugby+, Golf+) et d’autres. J’ai donc tout ce qu’il me faut pour regarder du foot tous les jours 😉
      Je parle de cette offre à titre d’exemple mais il faut bien regarder en fonction de la situation et du matériel de chacun (nouvel abonné ou non, décodeur, box…).
      Si pas d’offre particulière, l’abonnement Canal+/Canal+ décalé est à 19,90€/mois il me semble, et il faut ajouter les chaînes sport à 15€/mois en vérifiant que Multisports est bien dedans (autrement Foot+ et la D1 te passeront sous le nez – au moins pour la 1ère journée -)
      Après, je ne sais pas si il y a possibilité de s’abonner uniquement à une ou deux chaînes en plus de Canal+, mais je ne pense pas.
      Je pense qu’il faudra donc prévoir un budget de 30 ou 35€/mois pour être sûr de voir l’intégralité des rencontres de la D1 féminine.

  • Un magnifique effort de la part de canal plus même si rien ne vaut un match aux bords des terrains.
    Les supporters pourront s’approprier la compétition en ne suivant plus uniquement leur club de coeur.
    J’espère que canal ne sera néanmoins pas déçu par les audiences tant le suspense est inexistant dans cette compétition en dehors de la course au maintien.

    • Bonjour @Gidelon visiblement Canal met les moyens avec une bonne production et des journalistes de qualité. C’est aussi dans leur intérêt que ça marche. Pour eux comme pour la D1F. Pour le suspense, effectivement, ils ne peuvent rien faire de mieux. Mais les femmes des équipes sous médiatisées jusque là méritent un meilleur traitement télévisuel. N’hésitez pas à nous donner votre avis sur les premiers pas de Canal dans la D1F. ET vous avez raison, continuez à aller au stade les encourager de vive voix !

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