Trucs de Filles avec… Marina Pascaud

La vie privée, le travail, les amis, le sport : comment se passe le quotidien? Après presque vingt ans de carrière, comment s’opère la transition ? Chaque semaine, « Trucs de Filles » invite une footballeuse de l’Hexagone à se dévoiler sans tabou. Une interview-vérité pour décortiquer la vie de tous les jours de ces sportives de haut niveau. Cette semaine, la défenseure et jeune retraitée de Soyaux Marina Pascaud a répondu à nos questions.
Marina Pascaud

Age : 34 ans.

Job : ex-défenseure à Soyaux.

Accro au ballon depuis : elle a commencé à jouer bébé, le long du terrain pendant les entraînements de sa mère.

Surnom : Marou. Cela donne des choses du genre « Marou de secours », et ça fait 19 ans que ça dure.

Péché mignon : Tout ce qui se mange, surtout si c’est recouvert de crème fraîche ou de sauce.

Ne zappe jamais : « N’oubliez pas les paroles ». Elle compte bien chanter devant sa télé tous les soirs l’an prochain.

En boucle dans son MP3 : Avoue un petit faible pour la musique des années 80, surtout en soirée.

Fan de : Des sportifs qui ont mené une longue carrière en restant respectueux et vrais vis-à-vis d’eux-mêmes, comme Zidane, David Douillet, Diagana.

Et à part le foot ? : Va pouvoir partir en week-end. Tous les week-ends si elle le veut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après 19 ans à Soyaux, ça doit être compliqué de choisir le meilleur souvenir de ta carrière. Mais s’il fallait en citer un ?
MP : « Effectivement c’est mission impossible. Mais si je choisis une période plus qu’un instant « T », ce serait la remontée de D2 à D1 il y a trois ans. Il y avait une osmose incroyable dans le groupe. C’est toujours le cas dans les groupes, à Soyaux d’ailleurs, mais cette année-là c’était particulier. Nous avons fait une saison presque parfaite, si je m’en souviens bien nous n’avions perdu qu’un seul match, le dernier. C’était vraiment une belle période, on se sentait fortes et fières. Et puis surtout à l’époque, il y avait ma copine Corinne Diacre.

 

La féminité sur un terrain de football, c’est secondaire, artificiel ou essentiel pour toi ?
– C’est très important pour l’image qu’on renvoie, mais aussi pour l’image qu’on a de nous-mêmes. A Soyaux, on tient toutes à être bien et un minimum apprêtées quand on joue. D’ailleurs, on taquine souvent les nouvelles recrues, ou celles qui essaient de le devenir, en leur disant qu’il y a un critère de beauté pour être sélectionnées. C’est faux bien sûr, ce n’est pas un concours de beauté, c’est pour plaisanter. Mais c’est aussi pour leur faire accepter qu’ici on aime la féminité. Lorsqu’on se réunit pour faire les photos de groupe annuelles, il n’y en a pas une seule qui ne se recoiffe pas.

 

Pourquoi est-ce si important pour toi personnellement ?
– Je peux vous dire qu’en dix-neuf ans, j’en ai entendu beaucoup, des préjugés sur les footballeuses. Quand j’étais plus jeune, j’étais très garçon manqué. Il y a peut-être un rapport de cause à effet entre les deux d’ailleurs, mais j’ai compris que pour que les préjugés arrêtent, c’était à nous de faire ce qu’il fallait. Moi je me maquille en permanence, et j’ai toujours les ongles vernis. C’est plus qu’une simple habitude, je pense que c’est presque une superstition maintenant. Chacune fait comme elle veut, mais moi je m’aime bien, et j’aime être aimée. Donc me sentir jolie, c’est important pour ma confiance en moi et pour faire changer les mentalités. C’est uniquement dans le but que les gens cessent de dire « Ah tu es footballeuse, on dirait pas ! ». Il n’y a pas de physique type de la footballeuse. Cela peut être la boulangère, leur voisine, ou leur conseillère bancaire, moi. (rires)

 

L’avenir immédiat, comment est-ce que tu l’abordes ?

– Je vais enfin pouvoir organiser des dîners sans dire aux gens d’arriver à 22h minimum car avant j’ai entraînement ! Plus sérieusement, je vais pouvoir vivre pour moi et avoir du temps libre pour vivre ma vie de femme. Je vais pouvoir voir mes amis, ma famille, partager des vrais et longs moments avec eux. C’est ça qui m’a le plus manqué. Entre le travail, les entraînements et les déplacements pour les compétitions, je n’ai pas vécu grand-chose d’autre. Je me suis octroyé des vacances au ski tous les ans, mais c’est à peu près tout. Je vais peut-être m’ennuyer maintenant, mais qui sait ? Cela me fera peut-être du bien de m’ennuyer, je n’en sais rien, cela ne m’est jamais arrivé. Mais ça va paraître vide quand même.

 

Tu as peur de ce vide ?
– Bien sûr, ça va me manquer c’est évident. Mais je vais faire la préparation physique avec les filles cet été, et l’an prochain, j’irai faire un entraînement ou deux par semaine. Il va falloir que je m’entretienne physiquement sinon je vais prendre 15 kg, et ça, c’est impossible. Mes deux meilleures amies, qui sont d’anciennes joueuses, me disent que la compétition va me manquer plus que tout. Je ne sais pas, je pense qu’il faut tourner la page et savoir arrêter. Je me suis promis de faire une vraie pause d’un an ou deux sans matches, avant de rejoindre peut-être l’équipe des « vieilles ». Ensuite, c’est évident que lorsque je serai tranquillement chez moi, que j’ouvrirai le journal et que je verrai un article sur un match des filles, sans mon nom, cela va me faire très bizarre.

Des prognostics pour la Coupe du Monde au Canada ?

– Je ne m’y risquerai pas… Des ambitions par contre oui. Je pense en tout cas qu’elles ont ce qu’il faut pour aller très loin. Je prie en fait pour qu’elles n’aient pas encore une fois cette place bancale de la médaille en chocolat, elles méritent vraiment mieux. Je peux le dire parce que je les connais en partie. J’espère que les deux réservistes qui sont de chez nous, Charlotte Bilbault et Amandine Guérin, pourront vivre cette expérience vraiment à fond. Quoiqu’il en soit, on organisera des soirées spéciales dès qu’il y aura des matches de l’équipe de France. Et comme mon amie Corinne Petit sera consultante sur W9, raison de plus de ne rien rater ».

 

 

Propos recueuillis par Loïse Delacotte

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