Thiney / Delie : Des Bleues à l’âme

Leader d’attaque de leur équipe en championnat, mais écartées des listes de l’équipe de France depuis le début de saison par Corinne Diacre les Franciliennes Gaetane Thiney (PFC) et Marie-Laure Delie (PSG), s’affrontaient ce week-end à Boudoufle lors du derby remporté par le PSG (1-0).

 

 

 

 

 

 

Elles avaient beau être dans des camps opposés ce week-end, depuis le début de saison, on a plus qu’envie de les mettre dans le même sac. Celui des blacklistées de l’équipe de France. Car depuis leur apparition à l’Euro cet été, la Parisienne Marie-Laure Delie et la capitaine du PFC Gaëtane Thiney sont absentes des listes de Corinne Diacre, nommée pour remplacer Olivier Echouafni début septembre. Mais, chacune dans leur style, ont continué de briller sous les couleurs de leur club respectif depuis le lancement de la saison 2017-2018 en D1. La première affichait, avant cette journée, 5 buts et 1 passe décisive au compteur, tandis que la seconde était impliquée dans 10 des 15 buts de son équipe depuis le début de saison (7 buts, 3 passes). Alors, quand ce derby au sommet entre le Paris FC et le Paris SG s’est présenté, quelques jours après la confirmation qu’elles ne retrouveraient pas Clairefontaine lors de la semaine internationale qui s’ouvre ce lundi, il paraissait clair que les deux joueuses avaient plus que quiconque l’envie de donner tort à Corinne Diacre, venue – coïncidence ? – observer la rencontre des tribunes.

 

« Ca faisait pratiquement 8 ans que j’étais en sélection »

 

Ces deux joueuses, aux 262 sélections à elles deux, ont forcément été touchées dans leur orgueil par l’absence de leurs noms sur les listes de l’ancienne entraîneuse de Soyaux. « Ca faisait pratiquement 8 ans que j’étais en sélection, j’ai toujours été appelée donc ça met un petit coup au moral, reconnaissait Marie-Laure Delie avant la rencontre. Il faut d’abord se concentrer sur le PSG et prouver chaque week-end qu’on a une place à jouer en équipe de France. Je me remets en question et je continue à travailler », affirmait l’attaquante de 29 ans, dont les paroles à la presse sont rares (elle n’aime pas l’exercice).

 

 

Timidité, méfiance vis-à-vis des journaux et du grand public qui la critiquent tant depuis le début de sa carrière, avec comme point d’orgue l’Euro aux Pays-Bas cette saison ? Son entraîneur, Patrice Lair, pense lui « qu’elle a sa place en équipe nationale. Je lui ai dit de ne pas se décourager, que la Coupe du Monde était encore assez loin, qu’elle avait tout le temps de la récupérer. Elle a besoin d’être mise en confiance. Même si elle a manqué d’efficacité face à Albi (où elle a inscrit le but de la victoire, 1-0, lors de la 5e journée, NDLR), elle marque à chaque fois, c’est quelqu’un qui est très positif dans le groupe, rappelle Lair. Elle est beaucoup critiquée mais on oublie qu’elle marque beaucoup de buts et moi, aujourd’hui, j’ai besoin de cette joueuse… », affirmait l’ancien tacticien lyonnais sous le beau soleil de Bougival quelques jours avant la rencontre.

 

 Katoto, la relève est là 

Surprise pour un mois d’octobre, c’est toujours sous le même climat estival que Patrice Lair avait donc décidé d’aligner d’entrée Delie, aux côté de la jeune (18 ans) Marie-Antoinette Katoto. Dans un match disputé, où la bataille s’est surtout jouée au milieu de terrain en début de partie, l’ancienne Montpelliéraine s’est battue comme un beau diable sur les ballons qui lui étaient transmis. Puis, elle a allumé les premières mèches de son équipe, qui, faute d’arriver à inquiéter le PFC dans le jeu, créait le danger sur coup de pied arrêté. Comme à la 37e minute où sa tête au premier poteau était stoppée sur la ligne par… Gaëtane Thiney.

 

 

Plus en vue, la capitaine essonnienne a longtemps symbolisé l’état d’esprit combatif de son équipe, et distribuant le jeu comme à son habitude. Mais elle n’a pu qu’assister, impuissante, à l’ouverture du score de Katoto juste avant la mi-temps (1-0, 44e, voir photo ci-contre), sur un nouveau corner de Jenifer Hermoso. L’échéance avait longtemps été repoussée par Karina Benameur, auteure d’un match très convaincant dans les cages, et aussi notamment par Elisa De Almeida, étincelante en défense, malgré son jeune âge (19 ans).

 

 

 

 « Il n’y a pas eu une division d’écart »


« Gaëtane est une pièce essentielle de mon équipe »
, esquissait de son côté Pascal Gouzenes, le coach du PFC, après la rencontre. Cela s’est encore vu dimanche, et Patrice Lair ne s’est pas trompé en demandant à la Brésilienne Formiga de lui coller aux basques dès le retour des vestiaires. De quoi éteindre l’étoile du PFC à l’entrée du second acte, et l’équipe du PFC toute entière. Mais impossible pour le PSG de faire le break. Une frappe déviée de Katoto, un tir manqué de Delie et un autre sorti en corner… Le Paris Football Club pouvait toujours y croire, et a fait preuve de caractère en reprenant sa marche en avant en fin de rencontre. « Il n’y a pas eu une division d’écart. On a joué avec nos armes, plutôt bien je trouve », expliquait le coach Gouzenes, pour affirmer que son équipe avait sa place dans le top 4, mais frustré « parce qu’au niveau comptable on ne marque pas de points ».

 

Otaki a cru délivrer Bondoufle

Et c’est bien sur une passe de Thiney, très dangereuse auparavant sur coup franc, qu’Ami Otaki a fait se lever le stade en fin de rencontre (90+2e, photo ci-contre). D’une tête puissante, l’ex internationale japonaise croyait avoir égalisé, mais un hors-jeu venait d’être signalé. « On a eu les occasions pour revenir au score. On a un face à face de Mathilde [Bourdieu] (à la 71e minutes, encore suite à un très bon travail de Thiney, NDLR), on a ce but refusé, deux trois contre-attaques très bien menées où on finit devant les cages… Donc il y a du regret oui ! On a vu un beau derby parisien », concluait Pascal Gouzenes.

 

 

 « Gaëtane donne tout pour être la meilleure »


Interrogé sur la situation de sa joueuse phare, il préférait botter en touche : « Il y a une sélectionneuse, c’est ses choix et je ne juge pas ses prises de décisions. Dans mon équipe Gaëtane est indiscutable, après en sélection ce n’est pas de mon ressort. On en parle parce qu’elle a à cœur d’être performante afin d’atteindre le plus haut niveau. C’est une joueuse très expérimentée et qui donne tout pour être la meilleure. Obligatoirement, quand elle n’est pas sélectionnée, elle est touchée. C’est normal, c’est humain. Il y a peut-être de la frustration, il faut lui demander à elle », laissait-il planer avec le sourire.

 

 

Mais, après avoir attendu longuement qu’elle sorte des vestiaires, alors que les équipes d’Eurosport, venues retransmettre le match, étaient encore en train de désinstaller leur dispositif et que le vestiaire du PSG s’était vidé, on a tenté de savoir dans quel état d’esprit se tenait celle qui va atteindre les dix ans d’ancienneté au feu club de Juvisy. Et, comme sur les terrains, ce n’est pas faute d’avoir pu l’approcher qu’on a pu obtenir gain de cause. « Je n’ai pas envie de parler de ça, une prochaine fois peut-être ! », expliquait-elle, avant de nous filer entre les doigts. Toujours aussi intenable, sur les terrains comme en dehors. Pas sûr, toutefois, que cela l’aide à faire changer d’avis Corinne Diacre…

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

 

Crédits photos : AFP / Vincent Roussel pour Foot d’Elles 

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