« Sport Féminin Toujours », ce qu’il faut retenir

Lancée dans le cadre de la conférence permanente du sport pratiqué par les femmes, l’opération “Sport Féminin Toujours” est née de la volonté du gouvernement de mettre en avant les sportives dans les médias, en partenariat avec le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel lors du week-end des 10 et 11 février 2018. Allison Pineau, championne du monde de handball était marraine de l’évènement.

  

 

Au delà de mettre en avant la pratique sportive des femmes et leurs exploits sportifs, cette opération vise aussi à promouvoir dans un sens plus large les femmes et le sport : sportives, journalistes évoluant dans le milieu du sport et toutes les femmes qui font le sport français, du sport amateur au sport professionnel.

 

Une évolution quantitative et qualitative du sport pratiqué par les femmes en France, déterminée aussi par l’exposition médiatique

Laura Flessel, Ministre des Sports et Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes soulignent l’idée que le développement du sport pratiqué par les femmes qu’il soit qualitatif en termes de victoires ou quantitatif en termes d’évolution du nombre de pratiquantes et licenciées, passe par la médiatisation du sport féminin. Cela « suppose de combattre les stéréotypes et les discriminations qui perdurent entre les filles et les femmes dans ce domaine ».

 

Selon une étude de l’Union Sport et Cycle, sur les 30 millions de Français de plus de 18 ans qui pratiquent régulièrement une activité physique ou sportive près de la moitié (14,5 millions) sont des femmes.

La médiatisation du sport féminin est en constante évolution. Néanmoins, il est nécessaire de poursuivre les efforts d’exposition médiatique dans la mesure où cette médiatisation contribue fortement au financement du sport féminin. Plus les sportives seront présentes dans les médias et leurs exploits sportifs ou parcours seront relayés, plus leur image prendra de la valeur aux yeux des sponsors potentiels.

« Depuis 2012 nous sommes passés de 7 % de diffusion de programmes liés au sport féminin à 20 % » indique Olivier Schrameck du CSA. Cela concerne une étude de l’ensemble des chaînes gratuites ayant diffusé des retransmissions sportives et des principales chaînes payantes consacrées en partie ou intégralement au sport.

 

(Source CSA)

 

Lors de la Coupe du Monde féminine de football en 2011 diffusée sur D8 et lors de la Coupe du Monde féminine de football en 2015 diffusée sur W9 les recettes publicitaires associées à l’événement ont été nettement supérieures au montant d’acquisition des droits télévisuels (encore assez faible). Il y a de plus en plus de téléspectateurs qui regardent les compétitions féminines à la TV et cela rend les retransmissions de plus en plus attractives aux yeux des annonceurs.

La Coupe du Monde féminine de football diffusée sur des chaînes gratuites a impacté le développement de la pratique. Lors de son passage sur la Chaîne Chérie 25 à l’occasion de l’opération “Sport Féminin Toujours”, Brigitte Henriques, vice-présidente déléguée de la FFF, confirme ce constat : « Quand je vois aujourd’hui les matchs de l’Equipe de France féminine les stades sont remplis. Il y a 22 000 personnes. Il y a une ambiance familiale et sur le terrain il y a une qualité de jeu. Tout le monde a envie de regarder aujourd’hui. Vous avez plus de 5 millions de téléspectateurs quand il y a des compétitions […] On était 50 000 joueuses en 2011, en 2018 on est à 165 000 ! »

Certaines sportives sont actives sur les réseaux sociaux. Elles ont pris la mesure qu’une présence digitale forte leur permettra d’être leurs propres médias en complément de la visibilité plus ou moins régulière apportée par les médias traditionnels (TV, presse…).

 

Remplir les stades : un enjeu pour développer l’attractivité et la visibilité du sport pratiqué par les femmes

Sur la chaîne TV Chérie 25, Brigitte Henriques a souligné la volonté de la FFF de mettre en place des actions pour remplir les stades lors de la Coupe du Monde féminine de football qui aura lieu en France en 2019. Il en va de l’image de la compétition mais aussi de l’intérêt des annonceurs et médias à relayer l’évènement : « Pour la Coupe du Monde 2019 il y a un enjeu fondamental qui est de remplir les stades. On a mobilisé les villes hôtes. Cette Coupe du Monde 2019 est un booster pour notre pays. C’est un rendez-vous à ne pas manquer ».

Pour remplir les stades lors de la Coupe du Monde 2019, la FFF pourra s’appuyer sur un constat intéressant révélé lors de l’EURO 2016 en France sur le public se rendant au stade : « On attendait 60% de spectateurs français dans les stades, et 40 % d’étrangers. Ce fut exactement l’inverse« , a précisé Jacques Lambert, le président d’Euro 2016 SAS (Les Echos). Par ailleurs en mobilisant les villes hôtes de la Coupe du Monde 2019, comme le précise Brigitte Henriques, le remplissage des stades sera un enjeu fondamental car cela aura un impact sur les territoires.

 

Le graphique ci-dessus montre ainsi dans quelle mesure l’EURO 2016 a impacté positivement l’économie du territoire. Evidemment l’impact économique de la Coupe du Monde 2019 sera bien plus faible mais l’objectif est d’arriver à mobiliser les villes hôtes et les fans pour avoir des retombées économiques sur les domaines de la restauration, de la vente de téléviseurs, des commerces, transports publics….

Invitée de la rédaction RTL le 10 février 2018, Fatma Samoura, secrétaire générale de la FIFA, estime que la Coupe du Monde féminine de football qui aura lieu en France en 2019 est une occasion d’améliorer la visibilité et l’attractivité du football pratiqué par les femmes à l’échelle nationale et mondiale : « Nous espérons une participation accrue du nombre de fans. Pour la France, l’objectif visé par la FIFA est d’avoir 1 milliard de téléspectateurs et qui dit fans accrus dit possibilité d’attirer des sponsors et in fine d’augmenter substantiellement le revenu des footballeuses ».
Par conséquent on peut comprendre par ce témoignage que plus le sport féminin est visible grâce à sa médiatisation, plus le nombre de pratiquantes sportives augmente, plus l’intérêt est grand et le nombre de téléspectateurs augmente, plus les revenus publicitaires progressent et cela attire les annonceurs et plus cela tend vers la professionnalisation du sport féminin par une augmentation de son financement et des salaires des sportives.

La mobilisation des médias français lors de l’opération “Sport Féminin Toujours”
Les médias français se sont mobilisés en faveur des femmes et du sport. Voici quelques exemples d’actions mises en place à la TV, à la radio ou sur le web :

 

BFM sport : Allison Pineau, marraine de l’opération, invitée dans le Grand Week-End Sport
Portraits de sportives diffusés : Perrine Lafont, Hélène Receveaux, Gaëlle Mignot… Sandrine Bailly, Marie-Marchand Arvier, Nathalie Péchalat consultantes pour les JO.

 

La chaîne L’Equipe : le site internet de L’Equipe et l’émission l’Equipe d’Estelle ont relayé l’opération « Sport Féminin Toujours »

 

TF1/ LCI : Sur les deux chaînes, l’actualité olympique a été traitée avec un prisme féminin. Diffusion d’une enquête sur « La pratique féminine levier pour l’économie du sport » et de portraits : Léa Brassy, Maïva Hamadouche et Bénédicte Le Chatelier.

 

Radio France : série de portraits et reportages et diffusion de sujets sur Estelle Mosseli, Laura Marino, Mélina Robert-Michon, Valérie Nicolas, Laure Boulleau, Carole Montillet, Marie Dorin-Habert…

Interviewée par France Bleu, Virginie Rossetti, la directrice de la communication de l’OGC Nice a évoqué son parcours dans le milieu du football professionnel : « Intégrer le staff de l’OGC Nice était un rêve de gamine. C’est très rare de pouvoir allier passion et (carrière) professionnelle. J’ai tenté ma chance et ça a marché. […] Dire que je suis une femme dans un monde d’hommes en 2018 ça n’a jamais été caricatural puisque j’étais audible très rapidement vu que j’avais des connaissances sur le foot et que je parlais facilement de foot comme un garçon. Je n’ai pas vu de différence. Peut être au début mais on vous teste vite et on voit vite si vous savez de quoi vous parlez. […] J’ai conscience de la chance que j’ai. Ca fait 14 ans que je viens bosser avec le sourire. »

 

RTL : Invitée de la rédaction RTL, Fatma Samoura a évoqué la place de la femme dans le milieu du football : « L’idée est d’avoir d’ici 2026 une parité entre les hommes et les femmes au niveau des commissions de la FIFA […] Pour moi c’est une fierté d’être l’image féminine de l’industrie footballistique. […] Depuis 2 ans nous avons constaté que le nombre de secrétaires générales femmes au niveau des coopérations est passé de 2 à 19 […]. La femme a une place prépondérante à jouer et elle apporte aussi au football masculin ».

Ce week-end dédié à la médiatisation du sport féminin révèle les enjeux de son développement : le financement du sport féminin, le développement du nombre de licenciées, la professionnalisation des sportives sont liés en grande partie à la médiatisation. Etre visible dans les médias suscite l’intérêt des annonceurs et sponsors potentiels. En complément du rôle des médias il serait intéressant d’évoquer aussi la place du digital dans le développement de la pratique sportive. Par ailleurs le sport féminin a un potentiel très fort auprès des marques et sera sans doute un sujet sur lequel les responsables marketing pourront s’appuyer en 2018.

 

 

 

Crédit photo : Twitter Laura Flessel, Ministre des Sports

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