Sonia Souid, une femme précurseur

Pas évident de se faire un nom dans le monde des agents de football… C’est d’autant plus vrai lorsque l’on est une femme. Sonia Souid, 29 ans, le comprend immédiatement lorsqu’en 2010, elle obtient son diplôme d’agent sportif FFF. Quatre ans plus tard, la Clermontoise s’est fait un nom à grands coups de premières et d’épisodes marquants.

 

 

Dans la vie, il y a les suiveurs et ceux qui montrent la voie. Sonia Souid elle, fait incontestablement partie de la seconde catégorie. En obtenant son diplôme d’agent sportif FFF en mai 2010, la native de Clermont-Ferrand ne s’attendait certainement pas à une ascension aussi fulgurante. Elle la doit à des coups ; des premières même. Hamdan Al Kamali, Marie-Laure Delie, Helena Costa… Tous ces noms ont un point commun : ils resteront inscrits dans l’histoire du football dont Sonia Souid est l’une des rédactrices.

Partir pour mieux revenir

Avant de contribuer à la venue de l’éphémère entraîneur portugaise au Clermont Foot 63, Sonia Souid, 29 ans, a dû batailler. « Je pensais naïvement qu’une fois mon diplôme en poche, les opportunités se présenteraient à moi d’elles-mêmes », reconnaît l’intéressée. Raté ! L’ancienne Miss Auvergne doit se démener pour se faire une place dans un milieu d’hommes. « Au départ, j’ai demandé conseil à des agents hommes », soupire-t-elle. Ils m’ont tous dit que je n’y arriverais jamais. Au mieux, ils me proposaient d’être leur assistante de luxe ». La jeune femme d’origine algérienne en rigole aujourd’hui, mais cela n’a pas toujours été le cas. Sans solution et se heurtant à des mentalités françaises encore trop fermées, Sonia Souid quitte sa terre natale en 2011 pour rejoindre son père aux Emirats arabes unis (EAU).

« En France, je me suis heurtée au machisme ; ce ne fut pas le cas aux EAU. Là-bas, j’ai pu me faire un réseau », se remémore l’agent clermontoise. Pour faire décoller sa carrière, Sonia Souid comprend qu’elle doit se démarquer. Et ça, la jeune femme sait le faire mieux que quiconque. Après plus d’un an de négociation et de travail en amont, le transfert de l’Emirati Hamdan Al Kamali en direction de l’Olympique Lyonnais est officialisé en janvier 2012. Vous l’aurez deviné, c’est évidemment Sonia Souid qui est derrière le premier transfert de l’histoire d’un joueur originaire des pays du Golfe vers l’Europe. « Aux EAU, suite au transfert, les médias parlaient de l’OL toute la journée ! Il faut bien voir qu’à l’époque, quand le PSG n’avait pas encore été racheté par Qatar Sport Investments, personne ne s’intéressait à la Ligue 1 », se réjouit l’ancienne Miss. Ce premier succès, un tournant dans sa jeune carrière, lui permet de se faire connaître et de gagner en crédibilité. De bon augure avant son retour en France en décembre 2012.

Les femmes et le football

Les natifs de Clermont-Ferrand ont bien souvent du mal à échapper à la case « rugby », et Sonia Souid ne fait pas exception à la règle. Adepte des ballons rond et ovale, la jeune femme retrouve dans le football féminin les valeurs du rugby. Ni une ni deux, elle s’investit pleinement dans la discipline et marque une nouvelle fois les esprits en négociant en juillet 2013 le premier transfert payant de l’histoire du football féminin ! Son combat pour mettre les sportives davantage sur le devant de la scène la pousse encore et toujours à se questionner. « En pensant à l’avenir de Sonia Bompastor, je me demandais pourquoi aucune femme n’avait jamais entraîné une équipe masculine professionnelle », se souvient Sonia Souid. Bonne question… Et si on y remédiait ?

Le « on » désigne Sonia Souid, Patrick Esteves (son partenaire), Samy Souid (son frère) et Claude Michy, le président du Clermont Foot. Ensemble, ils provoquent un véritable tremblement de terre sur la planète football. Un séisme de deux mois, entre mai et juin 2014, provoqué par l’arrivée d’Helena Costa, son départ et son remplacement à la tête du CF63. Si tout ne s’est pas déroulé exactement comme prévu, l’Auvergnate ne regrette pas d’avoir donné l’idée au président Clermontois de prendre une femme comme entraîneur. « Claude Michy a fait appel à moi, que ce soit pour Helena Costa ou pour Corinne Diacre », souligne Sonia Souid. « Avec le recul, je considère cette première comme un succès ».

Le combat continue

Dans les mois à venir, le monde du football risque encore d’entendre parler de Sonia Souid, comme en témoignent ses futurs projets. « J’aimerais vraiment relancer Patrice Lair dans le monde du football masculin où il a débuté », ambitionne l’agent précurseur. « J’aimerais montrer qu’il n’y a pas de frontière entre football masculin et féminin et qu’il est possible de passer de l’un à l’autre, tout en réussissant ». A titre personnel, la native de Clermont lancera prochainement sa nouvelle association « Femmes et Sports ». Le but en est de déplacer quelque peu la lumière braquée sur les sportifs vers les sportives, avec l’aide des premiers cités. « Faire évoluer les mentalités, c’est mon combat personnel ». Et c’est aussi le nôtre, sur Foot d’Elles.

 

 

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Crédit photo: Patrick Casté

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