SBC : Le bilan d’une France à double visage

Mercredi, l’équipe de France a séduit et nettement dominé les États-Unis à Washington pour remporter la deuxième édition de la SheBelieves Cup. Mais tout n’a pas été parfait lors de cette semaine américaine… retour sur les performances des Bleues et ce qu’il faut en retenir au sortir du tournoi.

 

 

 

Des performances très différentes

En trois rencontres lors de la SheBelieves Cup, on a pu observer plusieurs visages de l’équipe de France. Sous l’eau lors de la première période de son premier match, face à l’Angleterre, elle a offert une partition de haute volée pour son dernier match, face aux États-Unis. Pour faire un découpage grossier, elle a été en difficulté la première période face à l’Angleterre et la seconde période face à l’Allemagne, et n’a pas proposé grand chose lors de la première période face à la Mannschaft. Elle a en revanche proposé un bon deuxième acte contre l’Angleterre, et une prestation aboutie contre les États-Unis.

 

Les points positifs

– Le titre, tout d’abord, aussi amicale que soit la compétition, et les objectifs différents des sélectionneurs/ses, au vu de l’adversité, il s’agit du plus gros titre remporté par l’équipe de France.

– La prestation face aux États-Unis, une victoire référence après un match plein, porté par un début de match idéal et opportuniste. Grâce à un vrai effort collectif, et une défense au top, l’équipe n’a pas permis aux États-Unis de marquer pour sauver l’honneur.

– La réaction face aux Anglaises après une première période très difficile, pour aller arracher la victoire dans les dernières secondes de la partie. Après le manque de rebellion en quart de finale des Jeux olympiques, l’équipe a montré du caractère. Et de l’opportunisme, comme contre les États-Unis.

– En difficulté lors de la seconde période face à l’Allemagne, l’équipe a tenu bon malgré les assauts répétés de l’attaque de la Mannschaft.

– Les prestations de la jeune génération, sur lesquelles on va revenir plus en détail.

 

Autres points 

– Point négatif : Le niveau de jeu affiché lors des deux premières rencontres, même s’il y a eu des bonnes périodes. Et de façon liée, le manque de constance de l’équipe.

– Une adversité à pondérer : sur le papier, la France avait face à elle trois des meilleures nations au monde. Sur le terrain, elle a plutôt eu affaire à des équipes A’, en reconstruction, et/ou en manque de compétition (les championnats anglais et états-uniens ont pris fin en novembre 2016). 

– Les Bleues ont montré à quel niveau elles pouvaient évoluer, en alliant performance collective et opportunisme face aux Américaines pour aller un chercher le titre. Mais il ne s’agit que d’un tournoi amical, et, malgré les points positifs, on attend désormais de l’équipe qu’elle évolue à ce niveau avec régularité, en amical mais surtout en compétition.

 

La gestion de l’effectif

– Parmi les quatre équipes présentes, seule l’Allemagne a vu toutes ses joueuses fouler le terrain, avec un minimum de 43 minutes pour la troisième gardienne Lisa Weiß.

– Avec 22 joueuses utilisées (seule la troisième gardienne Laëtitia Philippe n’étant pas entrée en jeu), Olivier Échouafni est l’entraineur qui a le plus fait tourner après Steffi Jones, Mark Sampson utilisant 20 joueuses, et Jill Ellis 19.

– Seules 14 Françaises ont disputé l’équivalent d’un match complet, contre 18 pour les trois autres équipes.

– La France est la seule équipe où aucune joueuse n’a disputé les trois matches dans leur intégralité (deux pour l’Allemagne -Peter, Marozsan-, une pour les États-Unis -Sauerbrunn-, trois pour l’Angleterre -Bronze, Houghton, Stokes-). C’est Amandine Henry qui en était le plus proche, avec 260 minutes sur 270.

 

La jeunesse tricolore en vue

Au-delà de l’Euro 2017, qui se déroulera dans quelques mois avec un groupe qui portera une ressemblance très forte avec celui de la SheBelieves Cup, il faut penser à l’avenir, et bien sûr tout particulièrement à la Coupe du monde 2019. Et à ce niveau, on ne peut retirer quasiment que du positif de ce tournoi, avec notamment les vice-championnes du monde U20 Sakina Karchaoui et Grace Geyoro à leur avantage. Il y a eu du bon et du moins bon chez Eve Perisset, avec un temps de jeu revu à la hausse (le 2e français) avec le départ de Jessica Houara d’Hommeaux. On attendra des performances dans la lignée de son match contre les États-Unis plutôt que celui contre l’Angleterre. Amel Majri, à peine plus vieille, doit se montrer plus décisive et tranchante, mais son activité, son potentiel, ses coups de pieds arrêtés en font une joueuse importante de l’équipe.

D’autres jeunes joueuses ont eu un temps de jeu moins important. Le tournoi de Griedge Mbock et Kadidiatou Diani s’est terminé prématurément, avec malheureusement la première période contre l’Angleterre comme majorité du temps de jeu. Leurs qualités sont cependant bien connues. En revanche, le tournoi fut plus compliqué pour Claire Lavogez (également titulaire contre l’Angleterre), qui tarde à confirmer avec les Bleues son immense potentiel. Sandie Toletti et Aissatou Tounkara n’ont pas beaucoup joué, mais ces deux valeurs sûres du championnat s’inscrivent d’ores et déjà dans la durée avec les Bleues. Enfin, le trio Wendie Renard, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, appelées à être les leaders de l’équipe en 2019, ont confirmé leur statut. Quand elles évoluent toutes les trois à leur meilleur niveau, comme ce fut le cas contre les États-Unis, elles facilitent la vie de l’équipe.

 

Les adversaires

On mettra de côté les États-Unis, dont l’objectif est à moyen terme mais dont les performances (dernière place du tournoi), au vu du statut de l’équipe, vont faire parler. Avec un seul but marqué malgré son armada offensive, un nouveau système qui a montré ses limites -sans parler du choix des joueuses- et ne correspond pas forcément aux qualités des joueuses, Jill Ellis a du pain sur la planche.

L’Angleterre et l’Allemagne seront deux des favoris pour l’Euro, aux côtés de la France -elle aussi en construction avec un nouveau sélectionneur. Le bilan des deux équipes fut positif, au-delà des résultats et de leur classement final. L’Angleterre est peut-être l’équipe qui a fait la meilleure impression malgré ses deux défaites. Au vu du jeu proposé, des performances de « nouvelles » joueuses qui ont eu l’occasion de s’exprimer aux côtés des cadres, et sa victoire face aux États-Unis, l’équipe a passé un nouveau cap dans sa progression. Il ne faut en théorie pas compter sur elle pour rater le rendez-vous de l’Euro.

L’Allemagne, on l’a dit, est en période de reconstruction depuis la fin des Jeux olympiques, avec le départ et la retraite de Silvia Neid et plusieurs cadres de l’équipe. Pour Steffi Jones, qui a pu élargir encore sa revue d’effectif avec plusieurs blessées absentes, il y a forcément des chantiers, mais également de la satisfaction. Deuxième au final, l’équipe a montré de belles choses, et certaines joueuses ont certainement gagné leur place dans cette nouvelle équipe qui n’a cependant pas beaucoup de temps pour construire avec un titre -chasse gardée- à défendre cet été.

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