Salma Amani, de l’ombre à la lumière

Timide et réservée, la capitaine de l’En Avant Guingamp, brillante depuis le début de saison, profite de son nouveau statut de professionnelle, après plusieurs années éreintantes. Une éclosion qui profite à son club, 5e de D1 avant d’affronter Rodez ce week-end.

 

 

 

C’est lors du seul match de l’En Avant Guingamp diffusé à la télévision (sur Eurosport 2) cette saison, face à Marseille, le 6 novembre dernier, que Salma Amani a inscrit le premier triplé de sa carrière. Une soirée au cours de laquelle l’attaquante guingampaise s’est faite remarquée. Un comble pour celle qui préfère la tranquillité et laisse la lumière aux autres. «C’est quelqu’un de timide mais de très attachant», affirme Isabelle Leboulch, joueuse et présidente du club en 2007, lors de l’arrivée d’Amani au terme d’un long périple. Qui a commencé à Rabbat, en novembre 1989, lorsque Salma Amani naît avec son frère jumeau. Après huit mois au Maroc, elle part avec ses grands-parents à Brest. «Mes parents ne pouvaient pas assumer trois enfants d’un coup, raconte la joueuse. A la base c’était mes deux frères qui devaient venir en France. Mais le médecin avait dit à ma mère que ce n’était pas bon de me séparer de mon frère jumeau aussi tôt».

 

 

L’ADN Guingampais

C’est donc dans les rues de la ville la plus à l’ouest de l’hexagone que Salma Amani va développer son amour pour le ballon rond. Après quelques années passées au SC Brest et l’AS Brestoise, c’est entre Clairefontaine et Lorient, les week-ends, qu’elle va poursuivre sa formation. Avant d’arriver dans les Côtes d’Armor, il y a bientôt dix ans, au Stade Briochain, auquel elle va rapidement s’identifier : «Je dirais même que du sang rouge et noir coule dans ses veines !», ose Marlène Bouedec, manager de l’équipe féminine depuis 2011. En dix ans, celle qui vient de fêter ses 27 bougies, aura émerveillé partenaires et dirigeants, sur le terrain ou en dehors. A tel point qu’il est difficile d’obtenir autre chose que des éloges de son entourage : «C’est une personne assez simple, humble, qui aime rire avec les gens», expose Clarisse Le Bihan, sa partenaire à Guingamp de 2009 à 2016, partie cet été à Montpellier. «Salma c’est une bonne vivante, elle a toujours le sourire, elle est toujours de bonne humeur, elle est très agréable à vivre», appuie l’attaquante guingampaise Faustine Robert.

Lorsqu’on parle terrain, les compliments pleuvent aussi : «Elle a une qualité technique impressionnante, accompagné d’une lecture du jeu intéressante», explique Julie Debevere, partenaire de Salma Amani depuis la saison dernière. «Sa première force, c’est sa technique, sa capacité à dribbler et à éliminer», renchérit Clarisse Le Bihan. Toutefois, tous s’accordent sur un point : «Elle a un sacré caractère», pose Isabelle Leboulch. «C’est un peu une tête de cochon sur les terrains oui !», s’amuse Le Bihan, avant d’enchaîner : «C’est une compétitrice, c’est loin d’être un défaut, c’est même plus une qualité pour une joueuse».

 

Louée hors et sur le terrain, la capitaine guingampaise revient de loin : «Avant de la connaitre, c’était pour moi une bonne joueuse, très technique et à fort potentiel, mais qui ne faisait pas forcément de différences, rembobine Sarah M’Barek, son entraîneur à Guingamp depuis 2012. Elle ne voyait pas les solutions lointaines et surtout, elle ne frappait pas beaucoup au but», explique l’ancienne coach de Montpellier, avant de rappeler que depuis, «elle a beaucoup progressé». Pour preuve, elle a déjà inscrit 4 buts cette saison en 8 matches, soit autant que sur tout l’exercice précédent.

 

Travail de nuit, match le jour

La raison de cette mue ? Son changement de statut cet été, notamment. Devenue professionnelle, Amani était auparavant gendarme au sein du Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie de Saint-Brieuc. Une vocation pour la joueuse : «J’ai découvert ça très tôt, avec mon père, gendarme lui-même. Il m’emmenait toujours au boulot avec lui quand je revenais au Maroc l’été», se remémore Salma Amani. Un travail physique, au menu duquel interpellations et perquisitions rythmaient le quotidien. «Auparavant, il m’arrivait de rater les entrainements, en cas d’intervention à partir de 17h30 par exemple. Si les séances avaient lieu à 18 heures, je ne pouvais pas quitter le boulot. Il fallait toujours que je négocie pour avoir mon week-end, afin d’aller jouer. Il y a aussi des moments où je ne dormais pas beaucoup. Ça m’est arrivé de jouer des matches après avoir dormi trois heures puisque j’avais fini à 7 heures du matin. L’accumulation et la fatigue, c’était surtout ça qui était difficile à gérer, du coup les performances s’en ressentaient aussi un petit peu», raconte la joueuse. Depuis, son entourage la sent «épanouie», elle-même reconnait que «ça a changé [s]a vie». Un bonheur pour l’EAG, qui réalise un début de saison plus que satisfaisant (3 victoires, 2 nuls, 3 défaites). Pas à l’aise dans son rôle de capitaine, qu’elle juge «inutile», c’est pourtant la pierre angulaire d’un effectif rajeuni.

 

«Elle ne prend pas les jeunes de haut», raconte Faustine Robert, tandis que Sarah M’Barek décrypte : «C’était logique. C’est la plus ancienne au club, elle a l’amour du maillot et l’amour du club. Elle est très respectée du groupe. Ca me permettait de lui montrer une marque de confiance, je pense qu’elle avait besoin de ça même si elle dit que ça ne change pas grand-chose». Le cocon dans lequel elle s’épanouie lui suffira-t-il jusqu’à la fin de sa carrière ? «Je ne sais pas, ça dépendra de plein de choses ! répond-elle. Je pense aussi à ma vie de femme, je ne sais même pas jusqu’à quand je vais jouer au foot, même si j’aimerais continuer le plus longtemps possible. Peut-être qu’un jour je vais me réveiller et me dire que je n’ai plus envie de faire du foot, que je veux aller travailler dans un autre domaine et vivre une vie de famille», au grand dam des rouge et noir.

 

 

Crédit photo : Capture d’écran EAG

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