S. Mugneret-Béghé : «Ce qui me plaît chez Rousselot, c’est qu’il prône un football pour tous»

Internationale chevronnée (115 sélections) et entraîneure au niveau amateur depuis 8 ans, Stéphanie Mugneret-Béghé a rejoint la liste de Jacques Rousselot dans la course à la présidence de la FFF, dont le premier tour aura lieu le 18 mars*. Un choix réfléchi et militant, pour l’ancienne Juvisienne.

 

 

 

 

C’est dans une pizzeria du 8e arrondissement qu’elle connait bien pour y emmener régulièrement son équipe, l’Entente Sportive du 16e –qu’elle a créée en 2008-, que Stéphanie Mugneret-Béghé nous a donné rendez-vous. Depuis un peu plus d’un mois, elle suit Jacques Rousselot dans son aventure à la président de la Fédération Française de Football. Celui qui est également président de Nancy ne prétend pas révolutionner la FFF de Noel Le Graët, candidat à sa propre succession. Mais il entend surtout axer sa politique sur l’humain. Une qualité que nous vante justement d’elle-même l’ancienne internationale tricolore.

 

Pourquoi avoir décidé de rejoindre la liste de Jacques Rousselot ?

Stéphanie Mugneret-Béghé : «Jacques Rousselot m’a approchée, parce que mon profil correspondait parfaitement à ce qu’il voulait, c’est-à-dire quelqu’un qui avait connu l’équipe de France et qui est retournée dans le monde amateur, ce qui est mon cas puisque j’entraîne l’ES 16 depuis 2008. Ça m’intéressait aussi, puisque j’ai connu le statut de professionnel, à Boston, j’ai connu l’EDF et ensuite j’ai choisi de redonner ce que le football m’avait apporté, en étant dans le football amateur.

 

Qu’est-ce qui vous a plu dans son programme ?

– C’est qu’il prône un football pour tous. Alors, évidemment qu’il y a un football d’élite et un autre, évidemment que la fédé doit s’occuper de l’équipe de France, ça il le sait très bien mais ce qui me plaît c’est qu’il veut donner plus d’autonomie à la Ligue de Football Amateur en lui donnant plus de pouvoir. Le football féminin sera lui intégré dans la LFA, sauf la première division, pour le structurer. Son point de vue, c’est que même l’avis du petit licencié compte. Et qu’en fait on partage tous une même chose, c’est la passion, et que lui veut redonner du sourire à tout le monde. Vous savez qu’en France, il y a des tonnes de clubs qui se cassent la figure aujourd’hui, et il en est malheureux, car c’est un passionné.

 

C’est donc ce qui vous a touché, vous qui êtes dans le monde amateur…

– Mais j’apprécie aussi ce qu’il propose dans le monde professionnel ! Aujourd’hui l’équipe de France aurait dû gagner quelque chose, et elle ne l’a pas fait. Même si sur ce point, c’est Didier Deschamps qui est responsable des résultats de l’équipe. C’est bien d’organiser une coupe d’Europe chez nous, parce qu’il fallait redorer le blason etc… Jacques Rousselot, lui, pourra apporter ce petit plus qui les fera gagner, j’en suis sûre. Il a des bonnes idées, il a sorti Nancy de la galère, c’est quelqu’un qui donne du temps à son entraîneur, il est dans la continuité, et son idée c’est de fédérer tout le monde autour d’un même projet.

 

L’élection de Jacques Rousselot permettrait d’insuffler un nouveau souffle à l’équipe de France d’après vous.

– Mais qu’a gagné l’équipe de France féminine ? Je n’accuse pas Noël Le Graët des résultats décevants des Bleues, ce que je dis c’est que le football féminin n’est pas né en 2011. En France certains prennent, et tirent la couverture vers eux. Quand ont été mis en place les centres de formations, les pôles ? 1998. En 2003, nous décrochons notre première qualification en Coupe du Monde. Toutes les gamines qui sont là en 2011 elles sortent d’où ? Des pôles.

  

Quand on dit que l’équipe de France est née en 2011, c’est surtout médiatiquement parlant…

– Alors prenons le championnat de France de D1. Là encore quand je le regarde je suis en colère, parce qu’au bout de six mois il est inintéressant, il n’y a plus que deux équipes. Je suis allée aux Etats-Unis (à Boston, de 2003 à 2004, NDLR), et là-bas ils faisaient des drafts qui équilibraient les équipes. Vous pouviez terminer dernier la saison d’avant, mais avoir un bon tour de draft et recommencer le championnat dans de meilleures conditions. Regardez en Allemagne, aussi. Le champion change souvent. Car leur championnat est beaucoup plus relevé. C’est aussi ce qui nous porte préjudice, car lorsqu’approchent les grandes compétitions, elles savent gérer la répétition des matches de haut niveau tous les trois jours, tandis qu’en France, comme le PSG-Lyon a lieu une fois tous les 6 mois, on n’arrive pas à être performant dans la continuité.

 

Vous proposez donc des quotas de joueuses étrangères.

– Oui car à un moment donné, ça va nous desservir. Les clubs français font des belles performances, et je félicite monsieur Aulas d’avoir remporté autant de Ligue des champions (3, NDLR), mais par contre, il ne faudrait pas que des jeunes que j’ai vu cet été en espoirs disparaissent.

 

De manière générale, les clubs sont donc mal gérés pour le moment ?

– Au haut niveau, non. Mais regardez en DH, ce qu’on leur demande. Moi-même avec mon club, je suis à Paris, donc j’arrive à me débrouiller. Mais je me dis qu’en province certains ne peuvent pas remplir toutes les conditions. Pourtant, sans nous consulter, on nous impose des choses. Pendant notre campagne, nous avons fait les tours des districts, et beaucoup de dirigeants n’en pouvaient plus. Ce qu’on veut c’est enlever de l’administratif pour redonner plus de place au terrain.

 

Si Jacques Rousselot est élu, comment vous engagerez vous pour le football féminin ?

– En cas de victoire, je serai au COMEX (comité executif), mais je serai également élue. Je pense que j’aurais en charge la mission de féminisation du football et certainement aussi celle du monde amateur. Il s’agira d’aller voir les représentants de chaque club pour recréer du lien, avoir des référents un peu partout, pour que tout le monde soit acteur et que les idées ne viennent pas que d’en haut, comme c’est le cas actuellement.

 

 

Cela prend du temps. Ça peut vous mettre en péril au niveau de votre poste d’entraîneure ?

– Non. Qui plus est, j’ai la chance d’avoir une adjointe qui fait du bon travail, qui est bénévole elle aussi, et qui pourra largement prendre la relève.

 

Vous parlez de redonner du pouvoir au monde amateur, qu’en est-il du mode du scrutin à la FFF (voir encadré ci-dessous) ?

– On en a parlé, effectivement, mais ça risque d’être long et très difficile de mettre tout cela en place. Après, on aura 4 ans pour en parler. Je trouve que tirer au sort des gens qui seraient dans le foot, comme un président de district ou de ligue, un capitaine d’une équipe, etc… bref des gens de tous les niveaux, ça pourrait être intéressant. Parce que le foot appartient à tous les licenciés. Ça fait 8 ans que je traîne dans le monde amateur, que j’essaie de tout donner, et à un moment, je pense que certaines personnes de l’élite qui ne sont plus confrontées à cette réalité sont déconnectées. Il faut de tout et je pense justement que notre liste offre un grand panel. Il y a de tout, l’élite, le foot amateur, le foot féminin. Cette liste, c’est la société du football».

 

 

 

* Les trois autres candidats sont Noël Le Graët, candidat à sa propre succession ; Eric Thomas, président d’un club amateur, et David Donadei lui aussi dirigeant d’un club amateur.


**Derniers chiffres communiqués par la FFF pour la saison 2015-2016

Propos recueillis par Vincent Roussel

 

Crédits photos : Facebook Rousselot 2017

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