Réforme D2 : la souffrance vers la compétitivité

Comme annoncé il y a un an, la division 2 a connu de profonds changements. Avec au total 18 relégations, une refonte à deux groupes, les pensionnaires historiques de D2 ont été nombreux à être relégués en Régionale 1. Cette réforme, indispensable pour gagner en compétitivité, fait de nombreuses victimes. Décryptage.

 

 

 

Certains dirigeants, dont les clubs sont relégués, parlent d’inconscience. D’autres d’un mal nécessaire pour l’avenir du football féminin. Après cette saison 2015-2016 qui a vu la réforme FFF concernant la Division 2* s’appliquer, le chantier est vaste. Au total, dix-huit clubs ont été relégués en Régionale 1 (l’ancienne Division d’Honneur).

Des projets foot féminin qui venaient de prendre forme ont été stoppés en pleine progression à l’instar de l’AS Nancy Lorraine. D’autres, qui venaient de sortir d’une période difficile, vont devoir encore se retrousser les manches la saison prochaine pour s’en sortir. C’est notamment le cas de Hénin-Beaumont, dont l’équipe dirigeante avait réussi à maintenir la solvabilité du club durant l’exercice 2015-2016. « On a eu une réunion la semaine dernière avec des présidents, entraineurs du Nord-Pas-de-Calais, je pense qu’ils sont en train de tuer le foot féminin. En tout cas les petits clubs. Ils essaient de faire la même chose qu’avec les clubs masculins », affirme Dorothée Degor, présidente de Hénin-Beaumont. La plupart des présidents et dirigeants de clubs dénoncent encore aujourd’hui cette déscente massive en Régionale 1. Certains prônaient par exemple pour un système plus équilibré avec moins de montées venant de la Division d’Honneur cette année.

Vers la mort des clubs historiques ?

Les conséquences de cette réforme vont particulièrement se voir sur les clubs historiquement issus du football féminin et qui étaient des pensionnaires habitués de la Division 2 avec quelques passages en D1. Lillers, Rouvroy, Quimper, Bischheim, ou encore Monteux vont devoir batailler la saison prochaine avec leurs moyens pour retrouver le haut niveau français. Dorothée Degor, reste lucide : « Je pense qu’à Hénin-Beaumont, on a un an de sursis si on ne remonte pas en D2 l’année prochaine, ce sera problématique. On risque de rencontrer les mêmes problèmes qu’à Lillers, Rouvroy (deux joueuses viennent à Hénin-Beaumont cette année, ndlr), les joueuses partent ailleurs. On est préservé grâce à notre réputation en quelques sortes ».

Avec l’évolution du football féminin et l’orientation prise vers le professionnalisme, les clubs issus d’entités masculines vont prendre de plus en plus de place et aspirer peu à peu le rayonnement local des clubs féminins historiques. C’est déjà le cas dans le nord avec l’arrivée du LOSC. A Hénin-Beaumont par exemple, l’équipe est en manque d’effectif, a les capacités financières pour recruter mais ne parvient pas à séduire les joueuses qui préfèrent porter le maillot d’un club professionnel. À terme, ces clubs 100% féminins ne pourront pas lutter avec les professionnels dès lors que des projets sporitfs se lanceront. Ils seront certainement abonnés aux places de faire-valoir en D2 ou devront se batailler pour la montée de Régionale 1 à D2.

L’étape indispensable vers la compétitivité

Avec cette réforme et ces dix-huit relégations, des projets de clubs professionnels qui avaient pris corps connaissent un sérieux coup d’arrêt. C’est notamment le cas de l’AS Nancy Lorraine. Il faudra recommencer le processus de montée et se hisser dans la phase d’accession nationale la saison prochaine. Pas certain qu’avec une Régionale 1 plus relevée, ces clubs-là réussissent l’ascenseur dans le sens inverse. D’autres clubs comme l’OGC Nice ou Troyes qui sont à cet étage continueront-ils d’investir dans leur équipe féminine pour tenter de se hisser au haut niveau ?

Quoiqu’il en soit, depuis son arrivée à la tête de la Fédération, Noël Le Graët a fait du développement du foot féminin une de ses priorités. Pour que le football féminin français devienne plus compétitif, il faut réduire l’éventail du haut niveau afin que les clubs qui y accèdent soient plus solides, pérennes et dotés d’un projet sportif complet avec des moyens financiers. « Il va y avoir une DH très très forte la saison prochaine. C’est ce qu’il faut aussi peut-être dans ce football féminin pour faire en sorte qu’il soit mieux reconnu. Aujourd’hui quand on oppose une D1, une D2 à une équipe U17, ce n’est même pas entendu. A un moment, il faut rehausser ce niveau même si cela fait mal et passer à la vitesse supérieure », admet Christine Aubère, présidente du FF Issy (relégué en Régionale 1).

En effet, depuis 2010, la D2 était composée de 36 équipes, un éventail beaucoup trop large pour ensuite permettre aux promus de se battre pour leur maintien dans l’élite nationale. Il y avait un gouffre en termes de niveau et de structures et les promus en D1 ont très fréquemment connu l’ascenseur ne pouvant rivaliser avec les pensionnaires de l’élite. La prochaine étape sera certainement la recréation d’une Division 3. Afin que le gouffre entre Régionale 1 et la Division 2 soit tamponné. On serait alors calqué encore un peu plus sur le système masculin (Ligue 1, Ligue 2, National).

 

 

 

*La FFF a décidé de réduire à deux groupes la Division 2, dans chacun des trois groupes existants, six clubs ont été relégués. En division 1, il n’y aura désormais plus que deux relégations.

 

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