Objectif foot féminin pour la Nièvre

À l’image de nombreux départements ruraux, la Nièvre manque de clubs et de bonnes volontés pour accueillir les filles dans de foot. Depuis trois ans, le district met en place des propositions et tente de faire avancer le foot féminin.

 

 

 

 

 

 « Il y a trente ans, la Nièvre comptait une vingtaine d’équipe de filles à 11 », se souviennent les dirigeants de clubs. La belle époque… Aujourd’hui, la barre des 200 filles a péniblement été franchie l’an dernier. Un nombre faible, mais un succès pour Nicolas Trepka, chargé du foot féminin au district (Conseiller départemental du Football d’Animation, CDFA) depuis septembre : « le nombre de filles à été multipliée par 3 en trois ans ! » La Nièvre, comme de nombreux départements ruraux partait de loin… Reste qu’avec cinq équipes constituées, le département reste loin derrière l’Yonne voisine pourtant rurale également (20 équipes à 8).

 « Au niveau du football, nous sommes sur l’axe Moulins-Paris, il y a pas mal de clubs masculins, mais entre le Morvan, vraiment rural et le Sud-Nivernais, en foot féminin nous sommes pauvres… mais ça se développe », analyse le CDFA. « Pour y arriver, il faut des personnes motivées, et malheureusement ça tient souvent à une personne, dans un club ou en dehors, qui s’investit à fond, et quand elle part, ça s’arrête, c’est comme ça chez nous ».

Installé dans le bureau d’Olivier Lamy, président du principal club du département, le Nevers foot, et ancien CDFA, Nicolas Trepka raconte les solutions imaginées pour tenter d’aider les filles du département à jouer au foot. « Une vraie mission », présente-il dans un sourire.

 

Première EFF en 2009 à Varennes-Vauzelles

Le début du renouveau a lieu en 2009. À l’époque, Olivier Lamy est entraîneur de l’équipe de Varennes-Vauzelles, une petite ville dans la banlieue de Nevers. « J’avais cinq filles dans l’équipe, mais elles arrivaient en limite de mixité et avec Olivier Petillot, on a décidé de monter une équipe de filles pour ne pas les laisser sur le carreau ». Il appelle alors tous les présidents de clubs pour tenter de récupérer des joueuses. La première année, 10 filles s’inscrivent pour jouer à 7.

L’année suivante une vraie équipe de U18 est montée et s’intègre dans le championnat régional. Au même moment, Olivier Lamy, dont la fille Flory est passé par le PSG et joue désormais en D2 à Yzeure, monte une école de foot féminin (EFF) à Varennes-Vauzelles toujours et projette de créer un club féminin. L’idée ne se concrétise pas, mais lui continue son chemin et tape à la porte du Nevers foot, qui adhère à son projet d’attirer des filles. Avec sa casquette du district, il veut poursuivre l’aventure féminine. Il décide alors de créer une EFF dans chaque secteur du département. Une solution pour que le foot féminin devienne pérenne, mais une idée difficile à concrétiser alors que les clubs préfèrent garder leur filles plutôt que de leur offrir une vraie équipe uni-sexe. Malgré ces guerres de clubs, le projet aboutit petit à petit et le département compte aujourd’hui six écoles (Varennes-Vauzelles, Nevers Foot, AS Sud Nivernais, Decize, 2F2N et JS Tannay).

 

 « On mise sur les écoles, les centres sociaux et sur les projets de la Fédération française »

« On mise beaucoup aussi sur les écoles et les centres sociaux pour faire connaître le foot féminin, car certaines filles jouent avec leurs frères mais ne savent pas qu’elles aussi ont leur place en club », insiste Nicolas Trepka. « Le plus dur, c’est de les faire venir au club : il y a un gros problème de transport ». Les parents ne souhaitent pas forcément faire une demi-heure de route avant et après chaque entraînement… Pour faire connaître la discipline et les aider à adhérer, les projets de la Fédération française sont aussi suivis pour profiter des campagnes de communication nationales. Le « football des princesses » est notamment l’occasion pour le district de la Nièvre d’entrer dans les écoles. Aujourd’hui, des animateurs organisent aussi des sessions foot ouvertes aux filles sur les temps des nouveaux rythmes scolaires. 

Pour leur permettre de jouer vraiment, et pas seulement de s’entraîner, comme c’était le cas dans nombre de clubs, le district a également développer un « criterium » dédié aux filles dès 2013. « On a créé sept secteurs, avec sept équipes qui se retrouvent un samedi par mois pour jouer. » La difficulté : les filles de chaque secteur ne s’entraînent pas ensemble. Qu’importe le criterium leur offre du temps de jeu. « Et après plusieurs rencontres les clubs se sont motivés pour travailler ensemble et nous avons désormais 5 équipes de foot à 5 dans le département », se réjouissent les militants.

 

« Mettre des filles sur le terrain reste difficile »

L’objectif d’ici à deux ans : créer un criterium en catégorie U18 pour évoluer avec les filles. « Monter un championnat n’est pour l’instant pas possible, il faudrait au moins six équipes, et pour l’instant c’est trop pour ici, mais ça viendra en habituant les clubs, en travaillant avec les collèges pour attirer de nouvelles joueuses… mais il faut que ce soit aussi la volonté du district dans son ensemble », lâche Olivier Lamy…

Cette année, Nicolas Trepka va en tout cas s’appuyer sur le programme « Mon Euro 2016 » pour créer un rassemblement en primaire, voire en collège. Les avancées restent fragiles, « développer le foot féminin demande dix fois plus d’investissement que pour les garçons », soupire Olivier Lamy, qui continue d’épauler Nicolas Trepka pour faire avancer ensemble le foot féminin. « En deux ans, on s’est mis au niveau de ce qui se fait en France », concluent le nouveau et l’ancien CDFA. « On surmonte petit à petit les difficultés : le foot est un sport macho et ça reste difficile de mettre des filles sur le terrain, mais on y arrive, pas à pas ».

 

 

Crédit photo : District de la Nièvre et Lucie TANNEAU

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer