Mélanie Briche, entraîneur à part

Ancienne attaquante internationale, Mélanie Briche est aujourd’hui entraîneur d’une équipe masculine d’un club de quartier de Toulouse : le Rodéo. D’une passion freinée à la Coupe d’Europe en passant par son rôle sur le banc, portrait d’une passionnée de football qui s’est imposée dans sa nouvelle carrière.

 

 

 

 

Mélanie Briche est une de ces exceptions dans le football. A bientôt 41 ans (le 5 février), elle fait partie de ces quelques femmes comme Corinne Diacre à Clermont à entraîner des équipes masculines. Et l’ancienne toulousaine a choisi un club pas comme les autres : le Toulouse Rodéo FC.

Une exception d’entraîneur

Un club réputé difficile et connu dans la région pour une affaire de fausses licences en 2009 (qui a valu au club une rétrogradation en district). « Au Rodéo, c’est l’entourage qui est difficile car c’est soit disant un club de quartier. On a des joueurs qui ont un peu un profil foot de rue, ils sont très bons techniquement et ont de forts caractères », soutient cette éducatrice sportive.

La femme a donc dû s’imposer et son passé de joueuse a plaidé pour elle. « Ce n’était pas difficile de s’imposer car le président les briefe bien. Ils savent que je connais le foot. Je prône un football offensif qui leur plait. Il faut s’adapter aux qualités de ses joueurs et que cela soit attrayant. Lors de notre dernier match contre Mont-de-Marsan en Coupe de France par exemple, on a buté sur la défense et on n’a pas trouvé de solution collective. C’est ce que j’essaie de leur apporter ». Son président, Aziz Kourak abonde : « Elle a le respect de tout le monde. Par ses compétences, on l’écoute quand elle parle. Le travail est très bien fait aux yeux de nos résultats ».

Mais avant sa carrière d’entraîneur, Mélanie Briche a été joueuse. Avec une belle réussite. Quatre titres de championne de France avec Toulouse, un Challenge de France et surtout une épopée inoubliable en Coupe féminine de l’UEFA (désormais Ligue des Champions féminine). Pourtant au départ, ce n’était pas gagné.

Joueuse envers et contre tous

Mélanie Briche fait partie de cette génération qui a connu le déni du football féminin. Issue d’une famille de footeux, elle tape dans le ballon en famille dès que ses jambes lui permettent de marcher, mais son père ne veut pas qu’elle joue dans un club : « Malheureusement je suis née à une époque où le foot, c’était pour les garçons. Je n’ai jamais intégré de clubs, mais je jouais à toutes les récréations à l’école, le matin, l’après-midi, jusqu’en classe de seconde. J’allais aussi jouer avec ma sœur qui était mon sparring partner. Elle est pas mal non plus ! » (rires)

Face à ce manque de terrain, Mélanie se forge sa passion toute seule. Arrivée à Toulouse en 1991, elle débute des études de STAPS et intègre l’équipe de football féminin de sa section. « On a été championne de France universitaire en 1997 et dans cette équipe il y avait les joueuses du club de Toulouse. On m’a dit de venir à l’entraînement et je suis restée », se souvient l’Amiénoise d’origine.
Le club était à la base le TOAC qui fusionne avec le TFC en 2001. « On a bénéficié des structures d’un club pro. On commençait un peu à structurer avec des éducateurs et un projet, j’étais responsable de la section féminine (école de foot, préformation et formation) et j’avais le rôle de joueuse aussi, mais on n’était pas payé, on avait le droit à 100 euros de prime de victoire et encore c’était exceptionnel !»

De la Ligue des Champions au banc de touche

Avec notamment une saison à 24 buts, Mélanie s’ouvre les portes de l’équipe de France. Elle y décrochera dix sélections. Mais le moment fort de sa carrière aura été la Coupe d’Europe. Lors de la première édition de la « Coupe féminine de l’UEFA » lors de la saison 2001-2002 (Ligue des Champions de l’époque), Mélanie Briche et Toulouse se hissent jusqu’en demi-finale après avoir écarté Arsenal en quart mais s’inclinent face au futur vainqueur Francfort. « (face à Arsenal), c’était la première fois qu’un club rassemblait plus de 8 000 personnes dans un stade. En plus, une victoire en prolongations, c’était merveilleux. »

En 2004, c’est le clash. Olivier Sadran, président du club, « a fait comprendre qu’il fallait aller taper la balle ailleurs ». C’est le divorce. Les éducateurs et les dirigeants des féminines partent accompagnés de quelques joueuses dont Mélanie. Son entraîneur de l’époque lui propose de travailler avec des équipes masculines. L’attaquante passe alors de l’autre côté de la ligne de touche pour devenir entraîneur des -18 ans de Toulouse Jo. Cette première expérience dure trois ans avant de connaître la CFA 2. Puis, surgit le Rodéo. Une histoire longue de cinq ans qui n’est pas prête de s’arrêter, à moins qu’un club féminin ne tape à sa porte… Même si pour elle, « Lyon et le Paris Saint-Germain sont l’arbre qui cache la forêt en France ». 

 

 

Crédit photo : ladepeche.fr

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