JO : L’attaque française au révélateur

Demain débute les Jeux Olympiques 2016. La France, qui va débuter son tournoi par la Colombie, a de grandes ambitions et ne vise rien de moins qu’une médaille. Pour y arriver, il faudra que l’attaque française se montre à la hauteur des ambitions de l’équipe. Le point sur l’attaque Bleue en 2016.

 

 

 

Le football, c’est simple : l’équipe qui marque plus de buts que son adversaire remporte le match. Si, selon l’adage, c’est la défense qui permet de remporter des titres, et qu’il est théoriquement possible de remporter une compétition sans gagner le moindre match, il n’en reste pas moins que savoir marquer, et pouvoir se reposer sur une attaque performante est important. 

En 2016, l’équipe de France a disputé neuf rencontres avant le début des Jeux Olympiques, le grand rendez-vous international de l’année. Entre rencontres amicales, de reprise, de préparation ou lors d’un tournoi de haut niveau, et matches qualificatif pour le prochain Euro, la France a rencontré des adversaires très différents. Avec un point commun à la quasi-totalité de ces rencontres, une attaque peu en verve.

 

Tableau d’ensemble

Comme le résume le tableau ci-dessous, l’équipe de France a inscrit onze buts en neuf rencontres en 2016, alors que la disposition tactique a changé, passant de deux à une pointe en début d’année. Autant que l’Allemagne contre le Ghana le 22 juillet.  Sur ces neuf rencontres, les Bleues sont restées muettes à trois reprises, et ont gagné sur le plus petit des scores à quatre reprises, dont deux fois grâce à un but inscrit sur penalty. Seules les rencontres face à l’Ukraine et la Chine ont vu les Tricolores s’imposer largement. Deux matches au cours desquels ont été inscrits sept des onze buts français de cette première partie de 2016. Ces deux rencontres font partie des quatre dernières disputées par l’équipe.

Une seule joueuse a inscrit plus d’un but au cours des neuf rencontres disputées par l’équipe de France : Camille Abily, meilleure buteuse des Bleues en 2016 pour le moment, avec deux buts à son actif. Les neuf buts non inscrits par la milieu de terrain de l’Olympique Lyonnais -la plus capée du groupe aux Jeux- l’ont été par huit joueuses différentes, le dernier but étant un but inscrit contre son camp par une joueuse ukrainienne, Iryna Vasylyuk. Les deux pointes de l’équipe n’ont marqué en tout et pour tout qu’un but (par Eugénie Le Sommer), contre la Grèce, l’adversaire le plus faible rencontré par les Bleues cette année -il y avait eu un souci de feuille de match.

 

 

 

Delie/Le Sommer, deux pointes peu prolifiques

Si l’attaque ne se résume naturellement pas à son (ou ses) attaquante de pointe, cela n’empêche pas que quel que soit le système mis en place, elle a son rôle à jouer. Marie-Laure Delie et Eugénie Le Sommer sont les deux joueuses appelées dans les 18 pour jouer en pointe. Les deux attaquantes, dont les profils sont très différents, ont été toutes les deux été aussi peu efficaces devant le but en 2016, dans la lignée de leur saison en club. A elles deux, elles n’ont inscrit qu’un but, par l’intermédiaire de Le Sommer. C’était contre la Grèce, 65e mondiale. Un bilan qui ne peut qu’être qualifié de faible, d’autant plus que Delie comme Le Sommer sont deux attaquantes de grande qualité et habituées à marquer.

L’attaquante du PSG a disputé huit des neuf rencontres, pour un temps de jeu moyen de 72,5 minutes passées sur le terrain. Intéressante en « pivot » par sa puissance physique et sa conservation de balle, elle a tellement joué dos (et loin) au but qu’elle a perdu l’habitude de se retrouver dans la surface et en position de tir, exercice dans lequel elle s’est montrée maladroite, sur un échantillon plutôt restreint. Son pressing et sa combativité sont l’assurance de récupérer plusieurs bons ballons par match (ou des penalties, comme contre la Roumanie), mais bien souvent trop esseulée devant, sa présence n’a pas permis de faire la différence cette année.

L’attaquante de l’OL -qui n’a pas toujours évolué en pointe- a disputé un match de moins, pour un temps de jeu équivalent (73,1 minutes). Si elle a permis à l’équipe de France de remporter un match, en marquant le seul but de la rencontre face à la Grèce, elle s’est également signalée par ses (plutôt nombreuses) occasions franches ratées. Dans le jeu toutefois, sa mobilité sur tout le front de l’attaque et sa technique ont permis aux Bleues de montrer un visage plus joueur, plus proche peut-être du « jeu à la Française », d’autant plus quand le soutien est là dans la surface pour la suppléer. Il ne lui reste plus qu’à retrouver son efficacité dans la zone de vérité.

 

L’animation offensive

Un total de huit joueuses (parmi les 18) ont débuté un ou plusieurs matches au sein du quatuor offensif lors des neuf premières rencontres de la saison. A l’exception de Marie-Laure Delie, qui a toujours été alignée en pointe, ce sont donc sept joueuses qui ont été chargées de l’animation offensive, sur les ailes et en meneuse de jeu. Cela inclut les rencontres disputées par Amel Majri à son poste d’ailière, Eugénie Le Sommer quand elle n’a pas évolué en pointe unique, et Camille Abily quand elle a endossé le rôle de meneuse de jeu. La première constation est qu’en neuf matches, Philippe Bergerôo a aligné huit quatuors différents, sept ne comprenant que des joueuses faisant partie des 18.

Un seul quatuor a été aligné d’entrée à deux reprises (Etats-Unis et Roumanie), le classique Necib/Thomis/Le Sommer/Delie préférentiel de Bergerôo lorsque l’équipe évoluait en 442, et ce, pour un total d’un but marqué sur penalty. Lors des deux seuls matches ayant vu la France marquer plus d’un but (Ukraine et Chine), le quatuor avait deux joueuses en commun : Camille Abily et Eugénie Le Sommer (accompagnées de Kenza Dali et Amel Majri pour le premier, Kadidiatou Diani et Louisa Necib pour le second). Aucune joueuse n’a impressionné par sa constance, mais elles ont toutes su se mettre en évidence au moins ponctuellement. Bergerôo continuera-t-il à faire tourner son quatuor, ou décidera-t-il de s’appuyer sur des joueuses d’expérience, en sachant que chaque poste offensif peut-être occupé par deux joueuses au minimum ? Réponse sous peu… 

  

Les CPA, sources de confiance

L’équipe de France a marqué peu de buts, et ses attaquantes de pointe n’ont pas été efficaces devant le but lors des premiers mois de l’année 2016, avec notamment deux buts simplement inscrits lors des cinq premiers matches. Parmi les onze buts inscrits en faveur des Tricolores, on peut remarquer l’importance de ceux inscrits sur coup de pied arrêté, qui comptent pour plus de la moitié des buts français de ce début d’année (6). Sur ces six buts, trois penalties, convertis par trois joueuses différentes (Louisa Necib, Elise Bussaglia, Claire Lavogez), un coup franc direct, oeuvre de Camille Abily, et deux têtes, Wendie Renard sur coup franc, et Kheira Hamraoui sur corner (avec combinaison).

Ces chiffres sont à la fois quelque peu inquiétants, et porteurs d’espoir. Inquiétants, parce que cela signifie que les Bleues n’ont marqué dans le cours du jeu qu’à cinq reprises (dont un csc) en neuf rencontres. Porteurs d’espoirs, car les coups de pied arrêtés en attaque, quels qu’ils soient, sont une menace pour les adversaires, pas seulement grâce à la taille et l’efficacité de la capitaine Wendie Renard, d’autant plus qu’ils ont permis aux Bleues de marquer de différentes manières. Porteurs d’espoirs également, parce que cela signifie que dans un match où la France est dominée, comme ce fut le cas lors de la dernière rencontre face au Canada, elle peut faire la différence à n’importe quel moment. 

 

A Rio, l’attaque française va être mise à l’épreuve, et ce dès les matches de poule, notamment face à la Colombie, contre laquelle elle n’a marqué qu’un but en deux rencontres (largement dominées), et la Nouvelle-Zélande, adversaire limité mais solidaire et difficile à manoeuvrer. Si les Bleues peuvent compter sur les coups de pied arrêtés pour faire la différence, il sera cependant certainement nécessaire de retrouver une Marie-Laure Delie (présente jusqu’ici dans les grands rendez-vous) et/ou une Eugénie Le Sommer d’aplomb. Dans tous les cas, si l’attaque française n’offre pas toutes les garanties pour l’instant en 2016, ce n’est pas le cas de la défense, qui n’a encaissé que deux buts, en toute fin de match, face aux deux meilleures nations mondiales. De quoi mettre moins de pression sur l’attaque ?

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