Janice Cayman : « Une belle aventure »

Partie de Juvisy en fin de saison dernière, Janice Cayman a été sacrée championne des États-Unis avec le club des Western New York Flash, le 9 octobre dernier. Pour Foot d’Elles, la Belge de 28 ans revient sur son aventure outre-Atlantique, et évoque ses ambitions et ses envies avec la sélection nationale notamment. Entretien.

 

 

Peux-tu revenir un peu sur ton expérience en NWSL ?
J.C : « C’était vraiment une belle aventure et une expérience supplémentaire dans ma carrière de footballeuse. Cela m’a apporté de nouvelles choses et permis d’élargir ma panoplie de joueuse. La saison avec les Western New York Flash s’est achevée sur un titre de champion de NWSL, alors c’est aussi une grosse satisfaction de pouvoir écrire cette ligne à mon palmarès.

 

Quelles sont les principales différences entre la D1 et la NWSL selon toi ?
Je dirais que le championnat américain se joue davantage sur les qualités et les capacités athlétiques. Si toutes les équipes ne misent pas là-dessus de la même manière, cela reste quand même assez flagrant sur la globalité du championnat. En tout cas, c’était clairement l’un des aspects forts de mon équipe. Le jeu a tendance à être plus direct qu’en Europe, et on prend moins le temps de préparer et construire les actions, mais pour autant les choses ne sont pas faites au hasard. Les ballons ne sont pas « jetés » pour qu’une fille court derrière, mais bien donnés en fonction de l’appel de la joueuse. C’est simplement qu’aux USA, les entrainements sont davantage axés sur les qualités athlétiques de chacune, et que si certaines sont très rapides et capables de répéter les efforts, alors on profite de ça au maximum.

Par moment, cela donne l’impression que les milieux de terrain sont sous-utilisées, en tout cas dans la construction du jeu, mais elles s’engagent complètement dans leur tâche défensive et dans l’accompagnement des attaques. Autrement, je dirais que le pressing est en quelque sorte plus intense qu’en France. En D1, le pressing se fait souvent de façon ponctuelle, sur une période de la rencontre, ou sur certains coups. Aux États-Unis, j’ai vraiment eu l’impression que le pressing était permanent, et c’est d’ailleurs quelque chose que j’avais du mal à faire au départ. Le subir ça allait, mais devoir mettre la pression à l’adversaire à chaque instant, cela demande beaucoup physiquement et je n’étais pas habituée à faire autant. Les entrainements et les matches sont vraiment plus intenses de ce côté-là.

  

Tu as finalement assez peu joué avec les Western New York Flash. Est-ce que cela t’as fait avoir des regrets sur ton choix d’aller jouer là-bas ?
Bien sûr que j’aurais aimé jouer plus, mais je ne regrette pas mon choix. J’avais vraiment besoin de me lancer un nouveau challenge, de découvrir autre chose, et je suis vraiment contente de cette expérience avec les WNY Flash. À l’origine, Paul Riley (le coach), voulait que je vienne pour jouer latérale, mais après plusieurs entrainements il m’a davantage vu comme une attaquante. C’était une bonne chose pour moi car je me sens bien dans un rôle plus offensif et que c’est aussi un poste que j’occupe avec la sélection belge, mais Lynn Williams et Jess McDonald sont vraiment de bonnes attaquantes alors c’était une sacrée concurrence. La première a d’ailleurs été élue meilleure joueuse de la saison, toutes les deux faisaient partie de l’équipe type de la NWSL, et aujourd’hui elles sont toutes les deux appelées avec l’équipe nationale américaine. Je pense que je n’ai donc pas à rougir. Peut-être que le fait d’être arrivée en cours de saison n’a pas été dans mon sens, mais quoi qu’il en soit cela a vraiment été plaisant de pouvoir m’entrainer avec des joueuses comme elles.

 

Championne des Etats-Unis c’est un titre plutôt prestigieux lorsque l’on sait ce que représente la NWSL dans le foot féminin. Comment as-tu vécu ce sacre ? 
C’était vraiment cool ! Les matches des playoffs ont été tellement fous, tellement surprenants, que cela a rendu la victoire encore plus belle. Quand je pense à la finale contre Washington, je me dis que nous sommes passées par toutes les émotions… Quand Lynn (Williams) égalise dans les dernières secondes des arrêts de jeu pour le 2-2, tu ne peux déjà plus tenir en place, mais quand derrière tu gagnes avec la séance de tirs au but, c’est le summum de l’émotion et de la joie. Je pense que quand tu vis ce genre de matches sur le banc c’est peut-être encore plus intense au niveau du stress (Rires), parce que quelque part tu ne peux pas courir ou agir pour ton équipe et faire en sorte d’évacuer cette pression. Tu te sens un peu impuissante, alors tu n’as plus qu’à encourager au maximum tes coéquipières pour les pousser jusqu’au bout.

 

Le club des Flash t’avait initialement proposé une saison optionnelle, mais visiblement les plans ont changé depuis. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Effectivement. Avec la sélection belge, nous nous sommes qualifiées pour l’Euro qui aura lieu cet été aux Pays-Bas, alors je ne trouvais pas forcément adapté de commencer la saison aux Etats-Unis pour finalement ne jouer là-bas que deux ou trois mois. J’ai eu une discussion avec le coach et les dirigeants des Western New York Flash à la fin de la saison, et nous avons décidé d’un commun accord de ne pas faire la saison optionnelle. Je pense que revenir jouer en Europe m’évitera de la fatigue supplémentaire à cause des déplacements et du décalage horaire. C’est quelque chose de non négligeable dans ma préparation pour l’Euro cette année. Je suis vraiment contente que le club ait été compréhensif de ma situation, et cela va me permettre de me préparer plus sereinement.

 

Y-a-t-il des chances de te voir évoluer à nouveau dans la D1 française ?
Pour le moment, j’ai quelques pistes mais il n’y a rien de concret. Le préparateur physique des Belgian Red Flames m’a transmis un programme avec des séances qui me permettent de garder la forme, en attendant que les choses se précisent et que je rejoigne un club. Je regarde dans les championnats européens qui se déroulent actuellement car je ne pourrai pas jouer avant le mois de janvier. La D1 reste une possibilité, comme la Bundesliga peut l’être, ou d’autres encore. Je ne veux pas spécialement faire durer le suspense, mais je me laisse encore un peu de temps pour réfléchir et choisir dans quel championnat et dans quel club j’évoluerai prochainement.

 

Toute à l’heure, tu évoquais l’équipe nationale belge. C’est votre première participation à une grande compétition alors on imagine que cette qualification est déjà une belle satisfaction pour vous ?
C’est la première fois que nous parvenons à nous qualifier pour le tournoi final d’une compétition majeure, donc oui c’était forcément un moment particulier et une grande satisfaction. Je pense que depuis quatre ans, nous avons plus de personnes pour nous encadrer et nous accompagner dans la performance (coach, prépa physique, médical, nutritionniste…) alors nous avons profité de ça pour prendre conscience de notre potentiel. Pendant les qualifications et l’Algarve Cup, nous avons toutes et tous sentis que l’équipe progressait bien et que nous pouvions vraiment construire quelque chose. Chacune des joueuses a pris conscience que si nous travaillons alors nous serons récompensées. Tout le monde s’investit à fond et cela sert le collectif et le fait grandir. La Belgique est un petit pays mais le niveau augmente et le nombre de joueuses qui peuvent être appelées en sélection aussi, alors c’est une bonne chose. C’est grâce à tout cela qu’aujourd’hui nous sommes capables de poser des problèmes à de plus grosses nations, et j’espère que c’est aussi ce qui se passera à l’Euro l’été prochain.

 

Le tirage de l’Euro aura lieu le 8 novembre prochain. Plutôt pour ou contre voir la Belgique et la France dans le même groupe ?
J’avoue que comme ça, j’aurais tendance à préférer les Pays-Bas ou l’Angleterre que nous avons joué récemment. Mais en réfléchissant, je me dis « pourquoi pas ». Si on avait la France ou l’Allemagne dans notre groupe cela éviterait qu’on tombe sur elle à la sortie des poules. En tout cas, si la Belgique et la France sont dans le même groupe et que nous en sortons tous les deux qualifiés pour la suite, alors ça me va ! (Rires)
Quoiqu’il en soit j’aimerais bien jouer la France à un moment donné dans la compétition… J’ai une petite revanche à prendre (Rires). La dernière fois que nous avons joué la France, nous avons perdu 7-1, alors c’était bien pour leur donner de la confiance avant de partir à la Coupe du Monde (2011), mais ça me plairait de voir où nous en sommes aujourd’hui. Je suis pour un Belgique-France en finale ! ».

 

 

Propos recueillis par Sandrine Dusang

 

 

 

  

 

Crédit photo : WNYF, Belgian Red Flames

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