Hélène Schrub, de supportrice à directrice générale du FC Metz

Hélène Schrub est entrée au FC Metz à 23 ans comme stagiaire en communication. Dix ans plus tard, en 2016, elle en est devenue la directrice générale. Une ascension impressionnante et inspirante.

 

 

 

 

 

 

1997-1998. S’il y a bien une saison qui restera à jamais gravée dans la mémoire des supporters lorrains, c’est bien celle-ci. Emmenée par Robert Pires, le plus célèbre n°7 des Grenats, l’équipe du FC Metz passe tout près du titre de Champion de France et termine la saison à la place de dauphin, à la différence de buts avec le RC Lens. « J’ai eu la chance de devenir supportrice du club à cette époque-là, se souvient Hélène Schrub. J’étais adolescente, j’allais au stade avec mes amis. Cela m’a vraiment marquée, et donné le virus du ballon rond. » Comme supportrice, mais aussi comme joueuse. « J’étais milieu de terrain, raconte-t-elle. Pendant mes études, cela me permettait de me défouler. J’adorais surtout les duels physiques. J’ai arrêté il y a quelques années, me sentant un peu dépassée par la relève ! » Pour s’aérer la tête, elle s’est remise au piano. « Cela me change vraiment les idées car, bizarrement, allumer la télévision pour regarder un match de foot, cela ne me détend plus du tout ! », ironise-t-elle.

 

« J’ai une chance folle, et j’en ai bien conscience »

 

Il faut dire que depuis un an et demi, Hélène Schrub a pris les rênes du FC Metz en tant que Directrice Générale. Son adjoint, Philippe Gaillot, est resté en charge de la politique sportive. Une nomination qui ne doit rien au hasard. Arrivée au club en 2006, diplômée de Sciences Po Paris et du Centre de Droit et d’Economie du Sport de Limoges, Hélène Schrub a occupé le poste de Directrice de la communication avant d’être promue Secrétaire Générale six ans plus tard. « En raison de ses activités professionnelles, le président Bernard Serin a estimé l’an dernier qu’il était préférable de confier la fonction de Directeur Général à une personne référente, présente au quotidien sur le terrain, explique Hélène Schrub. Depuis un an et demi, je dors donc beaucoup moins, mais tout se passe très bien ! Je prends mes responsabilités à cœur, je suis très impliquée. J’ai de lourdes charges, des contraintes économiques fortes, un rythme exigeant. Il est souvent dur de décrocher, surtout que je travaille les week-ends, et que tout le monde (ou presque !) dans ma sphère privée me parle du club. Sans oublier que mon mari adore, lui aussi, le football ! Je sais que je ne ferai pas cela 15 ans, mais c’est vraiment passionnant. C’est une aventure humaine qui m’a déjà appris à prendre du recul, à être moins impulsive. J’ai une chance folle, et j’en ai bien conscience. »

 

« La pratique féminine n’est pas une mode pour nous »

 

Aussi exigeante que travailleuse et discrète, Hélène Schrub est à la tête d’environ 80 salariés, joueurs inclus, et dispose d’un budget d’un peu plus de 30 millions d’euros. « Nous faisons partie des petits clubs de ligue 1, mais je suis persuadée que nous allons continuer à grandir à notre rythme », précise-t-elle. Pour cela, elle a plusieurs challenges à relever et à orchestrer dans les années à venir : la rénovation du stade, la refonte du centre d’entraînement et le développement de la section féminine : « Nous nous sommes associés au club d’Algrange pour monter en D1, et avons créé une section féminine en partenariat avec des établissements scolaires pour permettre à nos joueuses de bénéficier d’emplois du temps aménagés. La pratique féminine n’est pas une mode pour nous, nous avons un vrai projet sur le long-terme afin de tirer l’équipe, mais aussi le tissu local, vers le haut. Il est dommage que, pour le moment, les clubs formateurs ne reçoivent aucune compensation en cas de départs des joueuses. Il faudrait imaginer un système semblable à celui des garçons qui donnerait aux clubs les moyens de continuer à investir dans la formation. Sinon, on n’arrivera pas à retenir nos talents et, en plus, on n’aura aucune retombée, si ce n’est la fierté de les voir parvenir au plus haut niveau. »

 

Un bon équilibre entre souplesse et fermeté

Seule femme à occuper le poste de DG d’un club de football professionnel, avec Pauline Gamerre au Red Star, Hélène Schrub est aussi membre de la Haute Autorité de la Fédération Française de Football où plusieurs femmes occupent désormais des postes à responsabilités. « Cela rentre dans les mœurs, estime-t-elle. Même si, oui, on m’a déjà fait des commentaires qu’on n’aurait jamais faits à un homme, du genre « Le rouge vous va très bien ! ». L’an dernier, après ma prise de fonction, on m’a aussi prise pour la secrétaire ou la responsable RH lors de déplacements. Mais, aujourd’hui, je suis bien accueillie dans les stades. Et puis j’ai l’habitude d’être la seule femme lors de réunions entre dirigeants de clubs par exemple, cela me passe au-dessous ! Par contre, vous avez intérêt à montrer que vous savez de quoi vous parlez, sinon on ne vous loupera pas. Il faut également parvenir à un bon équilibre entre souplesse et fermeté pour réussir à trouver sa place. »

 

Les clubs, des entreprises comme les autres ?

Comment briser ce plafond de verre ? « Il y a encore certains freins psychologiques à lever, certains estimant notamment que les équipes masculines doivent être managées par des hommes. Les femmes occupent encore le plus souvent des fonctions administratives, on a du mal à leur confier le projet sportif dans sa globalité. Cela change quand les dirigeants sont en parallèle des chefs d’entreprise, ils donnent l’impulsion et n’attribuent pas un poste en fonction du genre. » Carlo Molinari, emblématique président du FC Metz qui lui a fait signer son premier contrat à durée indéterminée, en est la preuve : « Il ne m’a pas fallu longtemps pour me rendre compte qu’on avait affaire à une personne extrêmement intelligente. Vous verrez, Hélène n’a pas fini de nous surprendre. » (1).

 

(1) Source : Le Républicain Lorrain, 2016.

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