Haïti, même pas 20 ans et déjà héroïnes

Quand l’équipe nationale haïtienne de football s’est-elle qualifiée pour une phase finale de Coupe du Monde ? Réponse : en 1974 chez les hommes et pour « Bretagne-2018 » chez les femmes, en catégorie U-20. Autant dire qu’à Port-au-Prince, les jeunes footballeuses sont suivies avec autant d’engouement qu’il y a quatre décennies. Mais en matches de poule, elles devront notamment affronter deux des favorites, l’Allemagne et le Nigeria.

 

Haïti aurait pu qualifier son équipe nationale féminine pour la Coupe du Monde Jordanie-2016 chez les U-17, sans une erreur fatale du coach de l’époque. Tel est l’avis d’Emeline Charles, pilier de la défense des « Grenadières », l’équipe nationale des U-20. En bonne défenseure, Emeline confirme son propos par un tacle appuyé, rappelant que le sélectionneur des U-17 avait repositionné l’attaquante Nérilia Mondésir en milieu de terrain avant de la refaire évoluer à son vrai poste.

Mondésir pour des réalités

Nérilia Mondésir prendra peut-être sa revanche sur le sort dès le 6 août 2018, à l’occasion du premier match d’Haïti en Coupe du Monde féminine U-20, au stade Marville de Saint-Malo, contre la Chine. Aujourd’hui sociétaire du Montpellier HSC, l’attaquante et capitaine haïtienne devra encore hausser son niveau de jeu face au Nigeria (9 août) et à l’Allemagne (13 août). Que le Petit Poucet réussisse à mater les deux ogresses du groupe D constituerait un exploit unique dans les annales du football haïtien, car les équipes du Nigeria et de l’Allemagne se sont déjà affrontées par deux fois en finale et n’ont jamais manqué une seule édition de la Coupe du Monde U-20.

Les U-20 d’Haïti ont déjà réalisé un premier exploit en devenant la première équipe nationale haïtienne – et même caribéenne ! – à se qualifier pour une phase finale de Coupe du Monde féminine. Faire partie des seize meilleures nations mondiales ? C’est fait. Ainsi comprend-on mieux l’engouement que suscite l’équipe U-20 aujourd’hui entraînée par Marc Collat. Au retour de leur match de qualification décisif (à Couva, sur une pelouse trinidadienne), pas moins de cinq « héros » de la Coupe du Monde Allemagne-1974 avaient fait le déplacement pour accueillir et féliciter leurs jeunes successeures. L’équipe d’Haïti avait certes perdu ses trois matches de poule en 1974, mais elle avait ouvert le score lors du match contre l’Italie.

Le plus dur reste à faire, leur a expliqué l’un des rescapés de l’aventure munichoise, Marion Léandre : « Un joueur n’a le ballon que pendant 4 minutes et 6 secondes. Les 85 autres minutes, vous allez les passer à courir, donc il faut que votre condition physique soit optimale, que votre préparation psychologique soit à point pour profiter au maximum de votre possession de balle. » Le vieux sage avait trouvé à qui parler : onze paires d’oreilles qui espèrent « parvenir au moins en finale en France et même remporter cette phase finale de Coupe du Monde », selon les mots d’Emeline Charles au quotidien haïtien Le Nouvelliste.

Huit femmes arbitrent le championnat pro

Des matches de Coupe du Monde, tout le monde en rêve à Haïti, y compris et peut-être même surtout les huit femmes qui officient comme arbitres du championnat national de football professionnel. Plusieurs d’entre elles sont reconnues par la Fifa comme arbitres professionnelles, c’est-à-dire avec une obligation d’arbitrer 50 matches de football par an, qu’il s’agisse d’équipes masculines ou féminines, de rencontres nationales ou internationales, de niveau supérieur (D1) ou dans les catégories inférieures, avec ou sans sifflet.

Au moins une des huit arbitres haïtiennes, Johanne Monestime, officie lors de matches internationaux depuis mai 2014. Sa collègue Wesline Louis détient pour sa part un record haïtien, celui du nombre d’intégrations au quatuor arbitral à l’occasion de matches internationaux (près d’une cinquantaine).

Presque toutes les arbitres haïtiennes ont d’abord été footballeuses. Parfois réduites à jouer dans la rue faute d’équipe féminine locale, à l’image de Johanne Monestime. Plusieurs d’entre elles ont ensuite évolué vers l’arbitrage en profitant d’un stage de formation spécifique organisé à l’intention des jeunes femmes, en 2010, par des experts de la Fifa.

Et comme les joueuses de l’équipe nationale U-20, les arbitres haïtiennes rêvent toutes de tenir le sifflet à l’occasion d’un match en phase finale de la Coupe du Monde. Mais sans se limiter à la catégorie U-20… ni aux compétitions féminines.

 

Crédits photos : loop haïti, fédération haïtienne de football

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