Gilles Eyquem : « C’est presque un exploit ! »

À la tête de l’équipe de France U19, le sélectionneur des « Bleuettes » a emmené son groupe en Irlande du Nord en ce mois d’août, avec la volonté de conserver un titre conquis l’an passé.

 

 

 

 

 

 

Quels ont été vos mots de réconfort après la finale perdue dimanche contre l’Espagne (2-3) ?

G.E. : « Il fallait surtout dire aux filles qu’elles ont su relever le défi, tout au long du tournoi, avec pas mal de caractère. Je n’ai pas voulu les installer dans un confort. Je savais que cet Euro allait être difficile car j’ai fait des tests. Donc, au-delà de mes espérances, cette finale contre l’Espagne était presque un exploit. Maintenant, perdre à ce niveau de la compétition, c’est toujours douloureux. Échouer si près du but n’est jamais agréable et il fallait bien sûr en consoler quelques-unes dans le vestiaire. Je retiens surtout que toutes ont acquis de l’expérience supplémentaire en vue de 2018. Le côté vraiment positif, c’est le fait qu’elles aient bien enchaîné les matches, malgré le premier échec contre les Pays-Bas. Après, dans mon discours, je leur ai dit de faire le nécessaire en club dans les prochains mois car, en terme de stages avec la sélection, elles n’auront pas de rassemblements suffisamment conséquents pour être idéalement préparées.

 

Donc, malgré l’échec, le bilan général est positif ?

Le plus important est d’avoir réussi tactiquement quelques jolis coups. Notamment contre l’Angleterre, puis l’Allemagne en demi-finale. Les filles ont nettement progressé dans la possession de balle car, à trop subir, on finit toujours par céder. On a su améliorer tout ça, notamment dans le domaine individuel et technique. En finale, l’arbitrage ne nous a pas aidés, et je ne parle pas que de l’expulsion. Dans les duels, les filles étaient systématiquement sanctionnées. Les Espagnoles ont été beaucoup plus malines. Mes joueuses sauront, j’espère, retenir la leçon…

 

Les filles avaient-elles la pression ou ont-elles bien vécu leur statut de tenantes du titre ?

Il n’y avait pas d’angoisse particulière, celle de réussir à tout prix. Elles ont su se montrer solidaires et généreuses, en réussissant quelques belles prestations et quelques « coups », à chaque fois contre des adversaires costaudes, voire supérieures à mon groupe.

 

Un mot sur le niveau général de la compétition ?

Ça s’améliore ! Le jeu est plus rapide et chaque équipe est de plus en plus forte athlétiquement. Même d’un point de vue tactique, j’ai trouvé que beaucoup de sélections avaient gagné en assurance. Bon, les Nord-Irlandaises et les Ecossaises étaient un niveau en dessous. Pour les premières, elles bénéficiaient, comme souvent, de leur statut de pays organisateur pour être là. Et les secondes avaient bénéficié d’un groupe éliminatoire tranquille. Même l’Italie, que l’on bat pourtant facilement, a progressé, avec quelques belles réussites en terme d’individualités sur le terrain.

 

 

<< Le jeu est plus rapide et chaque équipe est de plus en plus forte athlétiquement >>

 

 

Quel est le programme des prochains mois ?

Déjà, il faut savoir que l’on se base sur le calendrier des internationales A, avec des rassemblements très ramassés dans le temps. Comme on sort de cet Euro, rien n’a été programmé en septembre. En octobre, c’est la reprise, en élargissant le groupe pour une revue d’effectif indispensable. Ensuite, en novembre, on va retrouver la Suède. Puis, au fil des rendez-vous, nous devrions affronter l’Espagne et l’Allemagne. En mars, on va participer au Tournoi de la Manga, en Espagne. On a déposé une demande pour que les filles puissent y aller, même si, au départ, c’est réservé pour les Moins de 23 ans. En avril, on devrait croiser le Japon, avant un stage de cohésion en mai. Je crois que les Etats-Unis souhaitaient nous rencontrer en décembre, mais je ne suis pas sûr que nous puissions caser une ou deux dates…

 

Comment allez-vous fonctionner avec le groupe durant cette année de préparation ?

Déjà, on a beaucoup bossé ! Maintenant, je vais aussi faire confiance à des plus jeunes que l’on connaît bien. Pour ces dernières, trouver du temps de jeu dans leur club n’est pas toujours facile. Si on peut leur permettre de retrouver le terrain, ce n’est pas plus mal… Au moment d’une compétition, on se rend compte que certaines manquent de rythme, donc de repères. Elles n’ont pas toujours le niveau dans les pattes. Ce n’est vraiment pas de leur faute, mais il faut travailler pour éviter cet écueil. Les stages sont essentiels à ce niveau, mais ce sont surtout les matches qui permettent de bien se roder. Il n’y a rien de mieux !

 

Avez-vous été surpris par le coup d’arrêt de l’équipe de France A à l’Euro aux Pays-Bas ?

Oui et non ! Dès le début, on a senti le groupe en difficulté, même si on voulait encore y croire. Il y avait certes de l’enthousiasme et de la solidarité, mais l’énergie positive était-elle vraiment là ? C’est délicat de l’estimer quand on est en dehors du groupe… Le bien vivre, c’est une donnée importante. Maintenant, le juge de paix, c’est le terrain. Nous, on a battu l’Allemagne en demi-finales, c’était un véritable exploit. On n’a pas retrouvé ce désir chez les A. J’ai été déçu par certaines filles que je connais bien, surtout par rapport au potentiel qu’elles possèdent. On peut être déçus du manque d’allant de nos Bleues. Elles nous disaient qu’elles avaient bien bossé, je n’en doute pas, mais ce n’est pas suffisant pour décrocher les étoiles. Il faut aussi de l’envie et de la passion !

 

Pour faire progresser les sélections en vue d’une meilleure compétitivité, quels axes de travail faut-il développer ?

D’abord, il s’agit de communiquer avec les clubs pour ne pas se marcher sur les pieds. On fonctionne bien de notre côté avec nos structures fédérales, notamment avec les pôles. Désormais, on doit se mettre au tour de la table pour orienter, tous ensemble, la détection de certains profils spécifiques dont on manque. Je pense notamment aux joueuses de couloirs, capables de reproduire les efforts. Les attaquantes bien sûr, sans oublier les gardiennes, même si, de mon côté, avec Mylène Chavas et Jade Lebastard, je ne suis pas démuni. Il faut vraiment insister sur ces secteurs et non plus former 50.000 milieux de terrain ! Il faut le reconnaître : on s’est peut-être trompés au moment de certaines détections.

 

Êtes-vous tout de même confiant pour la suite ?

Il faut toujours être optimiste. Maintenant, je ne cache pas que j’ai une inquiétude pour nos internationales qui ne jouent pas trop en club, notamment chez les plus jeunes. Il faudrait éventuellement mettre en place un programme, comme en Asie, pour qu’elles disputent plus de rencontres. En Allemagne, par exemple, le groupe est clairement établi depuis quatre ans. Nous, cela fait à peine deux saisons. Les Allemandes sont capables de faire l’impasse sur un Euro, s’il n’est pas qualificatif pour une Coupe du Monde… Ils ont une vision à long terme. Mais, en France, ça se met tout doucement en place, il faut se montrer patient mais ne surtout pas se relâcher. Accentuer le travail pour atteindre l’excellence est essentiel. »

 

Propos recueillis par Nicolas Gettliffe

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