France – Angleterre : Un sentiment de gâchis

La France n’a pas su combler son déficit de réussite pour s’imposer face à une équipe d’Angleterre toujours bien rôdée. Nouvelle élimination en quart de finale pour les tricolores, pour qui cet Euro, qui devait être un conte de fée, n’aura finalement été qu’un long chemin de croix.

 

 

 

Bis repetita pour l’équipe de France, encore une fois éliminée en quart de finale d’une grande compétition internationale, suite à sa défaite face à l’Angleterre (1-0), qui affrontera les Pays-Bas en demi-finale. Après l’Euro 2009 et 2013, la coupe du monde 2015 et les Jeux Olympiques de Rio l’année passée, l’Euro 2017 a pu observer à son tour l’étrange destin d’une équipe dont on attend un trophée- ou du moins un podium –depuis 6 ans mais qui peine à nous ramener à autre chose qu’un sentiment de gâchis, ou de spleen. Les mots de Baudelaire sonnent étrangement bien dans les oreilles des Bleues et de leurs fans après cette nouvelle désillusion : «L’Espoir, vaincu, pleure, et l’angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir». Pourquoi l’angoisse ? Parce que la France s’apprêtent à accueillir une coupe du monde dont on nous a répété qu’elle devait être l’avènement du football féminin français, et qu’hormis une demi-finale perdue en 2011, on n’a pas vu les Bleues évoluer dans les hautes sphères du foot mondial depuis. «La France est une équipe exceptionnelle, l’une des meilleures au monde. On l’a vu ce soir avec leur caractère. L’Angleterre a dû aller chercher cette victoire très loin», rappelait le sélectionneur des Lionesses Mark Sampson après le match, lui qui avait participé à entretenir la tension autour de cette partie. Les mots du Gallois sont pourtant justes, puisque la courte victoire (1-0) de nos voisines d’outre-Manche participent aussi à renforcer la déception côté français. «Cette équipe anglaise n’était pas aussi sereine que ça par rapport à ce qu’elles ont pu dire dans les médias. Il y avait deux grosses équipes et malheureusement ce soir, on s’incline», éclairait la capitaine du jour, Amandine Henry, après le match.

 

Une première mi-temps fermée

Cela s’est vu d’entrée de match à Deventer devant un public français venu en nombre. Avec de bonnes intentions, la France bousculait les troisièmes de la dernière Coupe du monde, grâce à une grosse intensité, ponctuée par deux passes en profondeur délicieuses de Camille Abily (7e, 11e). La finition proposée par Marie-Laure Delie à deux reprises laissait augurer un long match pour les Bleues et leurs adversaires, au terme d’une partie longtemps fermée. L’absence de tirs cadrés en première période démontre cette donnée, même s’il occulte le fait que l’Angleterre a peu à peu pris le pas sur son adversaire, du moins physiquement. Mais les Britanniques ne se montraient dangereuses que sur coup de pied arrêtés où les coups de pattes toujours aussi admirables de Jordan Nobbs continuaient d’être préoccupants. Si Taylor, White et Moore se sont montrées au niveau, multipliant les remontées de balles intéressantes, les passes précises et surtout en montrant une rigueur défensive (presque) irréprochable, elles n’ont pas permis d’observer une équipe d’Angleterre aussi à l’aise que durant la phase de poule, à l’image de ces déboulés souvent ratés de Fran Kirby.

L’attaquante de Chelsea aura pourtant fait preuve d’une combativité dont les Françaises auraient bien fait de s’inspirer après l’ouverture du score anglaise. A l’heure de jeu, Kirby justement, récupérait le ballon dans les pieds de Le Sommer au niveau de la ligne médiane avant de s’enfoncer dans le camp opposé et de servir Bronze qui transmettait à Jodie Taylor. Celle-ci se chargeait de transformer le premier tir cadré des Anglaises dans le match et d’inscrire son 5e but de la compétition dans un angle fermé, grâce à une main pas assez ferme de Sarah Bouhaddi (1-0, 60e). Sentaient-elles déjà le scénario se répéter ? Toujours est-il que les Françaises ne semblaient plus trouver la solution et, si elles multipliaient les occasions, faisaient preuve comme d’habitude d’un manque criant d’efficacité (15 tirs dont 8 cadrés pour 0 but au sortir de cette rencontre). L’entrée de Thomis a permis d’apporter de la percussion, mais les nombreux arrêts de jeu obtenu par Karen Bardsley, sortie sur blessure à la 75e minute, a cassé le rythme. Et si la charnière centrale tricolore (M’Bock-Georges) a bien tenu le choc dans cette rencontre, l’absence de Wendie Renard a peut-être pesée en fin de partie tant la France semblait perdue sans sa capitaine. Et lorsqu’Amandine Henry n’est pas là pour prendre ses responsabilités ou qu’elle failli à la tâche comme hier, il y a peu de coéquipières pour la relayer. De quoi finalement se dire que cette élimination est sûrement la moins cruelle de ces dernières années, puisque la France, qui ne l’a emporté qu’à une seule reprise pendant la compétition et n’a pas marqué un seul but dans le jeu, a paru fébrile, et a surtout toujours subi les évènements (menée contre l’Autriche et contre la Suisse).

 

Deux ans d’attente pour la France

Le dernier enseignement de ce match sera qu’à force de louper ses grands rendez-vous, la France ne va plus en jouer. Du moins jusqu’à cette Coupe du monde 2019, dont l’échéance est encore trop éloignée pour en tirer quelque conclusion que ce soit pour le moment. Pendant ce temps, 2 ans de matches amicaux attendent les Bleues et Olivier Echouafni. Un temps extrêmement long qui, en plus d’entretenir le doute, ne devrait pas permettre d’augmenter la cote de popularité d’une équipe de France qui semble incapable de faire rêver : «Merci énormément aux supporters pour leur soutien, ne manquait pas de saluer Camille Abily qui termine son immense carrière en Bleues après 183 sélections, au micro de France Télévisions après la rencontre. Merci à eux, merci aux médias, continuez de nous suivre et de nous soutenir, parce que je suis sûr que ce groupe va y arriver en 2019». Comme pour rappeler à ses ex-coéquipières, dans l’obligation de faire un résultat sur leur sol, qu’il faut continuer d’y croire à l’approche de la grand-messe du football intercontinental. Un sentiment qu’elle avait déjà tenté d’insuffler à ses partenaires lors de son remplacement par Claire Lavogez en toute fin de rencontre, en vain. A force de griller leurs cartouches, les Bleues vont finir par se retrouver à sec.

 

 

Les compositions d’équipe :

Angleterre : Bardsley (Chamberlain 75e) – Bronze, Houghton (C), Bright, Stokes – Moore, Scott – Nobbs, Kirby, White – Taylor.

France : Bouhaddi – Houara d’Hommeaux, Georges, Mbock, Karchaoui – Geyoro, Henry (C) – Diani (Thomis 65e), Abily (Lavogez 78e), Le Sommer – Delie (Le Bihan 90e).

Buts : Jodie Taylor (76e).

 

Crédits photos : Getty images

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer