Entre la France et l’Angleterre, un duel d’égos

Dernière rencontre des quarts de finale de l’Euro 2017, la rencontre entre la France et l’Angleterre (Dimanche, 20h45), promet d’être un choc de haute volée à l’importance décuplée et pour cause : Les deux équipes veulent l’emporter afin d’affirmer leur puissance et leurs ambitions.

 

 

 

La bataille a déjà commencé. Bien avant le début de la rencontre entre l’équipe de France et l’Angleterre, Olivier Echouafni et Mark Sampson, les sélectionneurs respectifs de la France et de l’Angleterre, ont tous deux cherché à poser leurs bases devant la presse. Cela avait commencé mercredi soir lorsque, en conférence de presse d’après-match suite au nul obtenu contre la Suisse, l’ancien milieu de l’OM avait lancé : « L’Angleterre est une grande équipe, mais une nouvelle compétition va commencer et croyez-moi, les Anglaises ne voulaient pas nous rencontrer ». Une tentative d’intimidation ? Peut-être. En tous cas, son homologue britannique a foncé dans la brèche afin de rétorquer à son futur adversaire, après sa troisième victoire (2-1) en autant de matchs face au Portugal jeudi soir dans cet Euro : « Il apprendra à savoir de qui il faut parler ou non. Sur trois matches, il n’en a remporté qu’un, tandis que j’en ai gagné 9 sur 11», se targuait-il, en référence à ses victoires obtenues à la Coupe du monde 2015 additionnées à celles glanées aux Pays-Bas cet été. « Nous sommes confiants à l’approche de ces matches à haute pression. Nous avons deux jours de repos (soit un de moins que l’équipe de France, NDLR), mais nous seront prêts », a-t-il d’ores et déjà annoncé, avant de rajouter, dans une ultime saillie que « les Françaises auront plus peur de nous que nous d’elles »

 

Une équipe (presque) sans failles

Venu avec son staff pour observer l’équipe d’Angleterre pour son dernier match de poule, jeudi, Olivier Echouafni aura pu tirer quelques enseignements de la partie, notamment les difficultés rencontrées par les Lionesses face à un jeu rapide et fait de décalages et de passes courtes, une faiblesse déjà entre-aperçue face à l’Espagne. Mais il n’aura non plus pu voir l’étendue du talent de la meilleure attaque de cet Euro, qui a déjà inscrit dix buts lorsque la France (3 réalisations au compteur), court toujours après un premier but dans le jeu. Sampson avait en effet décidé de faire reposer ses cadres (Taylor, Nobbs, Kirby, Bronze et Scott), ce qui n’a pas empêché, malgré les craintes de la presse anglaise de voir autant de changements bousculer – voire casser – la dynamique de l’équipe, l’Angleterre d’empocher un nouveau succès probant.

 

« Cet ensemble de puissance offensive et défensive me plaît, annonce Sonia Bompastor, ancienne internationale tricolore (2000-12) aux 152 capes. Sampson a insufflé un nouvel état d’esprit. Sur la fin de la période d’Hope Powell (manageur de l’équipe d’Angleterre de 1998 à 2013, NDLR), il y avait quelque chose de cassé. Il y avait trop de difficultés dans le management, les filles étaient arrivées au bout de quelque chose. C’était compliqué au sein du groupe. Le nouveau sélectionneur a apporté sa connaissance, il est très compétent tactiquement et ça se voit. Et puis les Anglaises ont vraiment progressé par rapport à leur dernier Euro. On sent dans le fond de jeu que c’est intéressant, elles essayent de poser le ballon, il y a beaucoup d’impact athlétique, note l’ancienne joueuse de l’OL, désormais directrice du centre de formation de la section féminine. Je me rappelle lorsque les Françaises les avaient affrontées en SheBelieves Cup (en mars dernier, victoire 2-1 des Bleues, NDLR). Elles avaient souffert sur le plan athlétique parce que ce sont des joueuses puissantes et qui aiment bien aller au duel ».

 

Ce dimanche, à 20h45 à Deventer, c’est donc face à une équipe en pleine confiance que les Bleues, auteures d’un premier tour plus que mitigé, tenteront d’annihiler leur triste série de défaites en quart de finale (3). Les Françaises auront au moins démontré leur force de caractère, louée par une majorité d’observateurs depuis le début de la compétition : « On nous a souvent reprochées de ne pas avoir de mental mais ce soir, on joue à 10 pendant 70 minutes, on a montré qu’on était capables de se surpasser », faisait remarquer la providentielle Camille Abily, auteure du but de la qualification, lors du nul (1-1) concédé contre la Suisse. « On a montré qu’on avait du cœur, qu’on le voulait vraiment ce quart de finale. Ce soir on a démontré qu’on était prêtes », expliquait Wendie Renard, pendant que son coach prenait la situation avec humour : « On a peut-être besoin d’être piquées pour pouvoir mettre en place notre idée. Je pense qu’au prochain match on commencera à 10 et on fera entrer une fille pendant le match ».

 

Des absences de marque

Sauf que les Bleues devront aller au combat sans leur capitaine, suspendue suite à son jaune récolté face aux Helvètes, et Eve Perisset, expulsée lors de la même rencontre. « C’est évident que ça va peser. Wendie est la capitaine, c’est l’une des meilleures si ce n’est la meilleure défenseure au monde. Elle apporte beaucoup de sérénité derrière, de la confiance aux joueuses. Maintenant, je suis sûre que les filles qui vont les remplacer auront à cœur de bien le faire », relativise Bompastor. Alors qu’une charnière M’Bock-Georges est fortement pressentie, l’ancienne défenseure décrypte : « On a deux joueuses qui mettent de l’impact. M’Bock est également solide dans la relance. Ce sont des joueuses avec beaucoup de vécu dans les compétitions internationales et surtout la Ligue des Champions. Je pense que beaucoup d’équipes aimeraient avoir cette charnière (sourire) ! ».


« L’avantage en équipe de France c’est qu’on a des joueuses polyvalentes, qui peuvent s’adapter à plusieurs postes, par exemple passer de la défense centrale à un côté. Si on met Amandine Henry latérale demain elle se débrouillera très bien », appuie Sandrine Dusang, son ancienne coéquipière sous la tunique tricolore. Si les absences de marque, dans des matches aussi importants (en rajoutant aussi celle de Majri) se multiplient, Sonia Bompastor se montre optimiste : « Tous les voyants sont au vert du côté des Anglaises, le turn-over a marché sur le troisième match, elles n’ont pas de joueuse suspendue. Même si elles craignent l’équipe de France, elles vont être gonflées à bloc, et peut-être aborder cette rencontre avec un peu de relâchement et trop de confiance en elles. L’équipe de France, qui a beaucoup plus cravaché et qui a fait ce qu’il fallait mentalement peut en profiter en début de match et pourquoi pas passer. J’y crois et je les vois bien réaliser un parcours comme la Suède aux JO l’année dernière ou le Portugal chez les hommes à l’Euro !»

 

« Jusqu’ici, nous avons réussi à obtenir la plus grande victoire de l’histoire de l’Euro (6-0 contre l’Ecosse, NDLR), le premier triplé d’une Anglaise dans un tournoi majeur (Jodie Taylor), et le but le plus rapide en Coupe d’Europe (Fran Kirby contre l’Espagne) », énumérait Mak Sampson. Toni Duggan, nommée joueuse du match face au Portugal, racontait quant à elle : « C’est difficile mais on vole en ce moment ». Et son sélectionneur d’embrayer : « Maintenant, il reste encore un bout d’histoire à écrire». Un conte de fée que la France voudra clore au plus tôt.

 

 

Crédits photos : Getty images

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