Daphné Corboz, des racines et des ailes

Arrivée en fin de semaine dernière, la Franco-américaine Daphné Corboz n’a pas pu enrayer la mauvaise dynamique de sa nouvelle équipe, Fleury, qui a concédé dimanche contre Lille (1-2) sa cinquième défaite en cinq matches de championnat. Mais, confiante, elle a déjà montré quelques promesses.

 

 

 

 

Elle a rouspété un peu plus au fil de la rencontre, notamment lorsque le match allait toucher à sa fin, surtout envers l’arbitre. Et à la fin de la rencontre, quand les 3 points avaient encore échappé à Fleury, Salma Amani est sortie en premier du tunnel menant au terrain, comme une furie, pour quitter le stade, sans un mot pour la presse. Tout le contraire de Daphné Corboz. Forcément déçue, la milieu de terrain, qui est devenue la nouvelle attraction de l’équipe depuis son arrivée du Sky Blue FC de New-Jersey la semaine dernière, avait pris le temps de se doucher avant de répondre poliment et avec le sourire en zone mixte.

  

Des racines françaises 

Et contrairement à ce que l’on voit avec les recrues étrangères lors de leurs premiers jours, ce n’est pas dans un entretien maladroit en anglais que la milieu de terrain est partie, mais en français, la langue de ses parents. « Pour nous c’est tout bénef, ça a facilité son intégration, racontait, le visage fermé à cause du résultat, son nouvel entraîneur Lionel Cure. C’est une personne intelligente, qui a fait de suite l’unanimité dans le groupe, par son caractère ou grâce à son jeu, c’est pour ça qu’elle était titulaire aujourd’hui, et elle a rendu une bonne copie pour un premier match », la complimentait le technicien. Qui en attend tout de même plus.

 

C’est de son père, Michel, que la joueuse de 24 ans née en Alabama mais originaire du New-Jersey, tire sa passion du foot. Lui a, notamment, joué pendant trois ans à Grenoble (en troisième division) – où sa grand-mère réside toujours – avant de traverser l’Atlantique en 1992. La dualité de ses racines, qui se manifeste par la langue, se retrouve aussi dans ses idoles : pour elle, c’est Zidane, Henry, et Carli Lloyd, la star américaine qu’elle a pu observer durant ses années universitaires, à Georgetown.

 

 

Une carrière universitaire époustouflante 

Au sein de l’équipe de l’école, les Hoyas, elle impressionne, avec des statistiques souvent époustouflantes, comme en 2013 (7 buts et 13 passes décisives). Nommée deux fois parmi la sélection des meilleures joueuses universitaires américaines, celle qui étudie la médecine cède aux sirènes de Manchester City en 2015. Elle y rencontre Lucy Bronze, avec qui elle se lie d’une forte amitié, et qu’elle retrouvera dans le camp adverse, à Lyon, cette saison. Arrivée dans le club de sa ville natale en janvier 2017, elle inscrit 1 but et délivre 5 passes décisives, mais manque de peu les plays-off, malgré une bonne sixième place.

 

 « J’espère prendre beaucoup de plaisir en D1 ! »

 

Comment donc, une star montante du foot américain a atterri dans un club promu en D1 française ? « En fait, c’est un agent qui m’a contactée à propos de cette équipe. Et comme ça m’intéressait beaucoup d’évoluer en France, et que le projet de Fleury me plaisait, j’ai estimé que c’était parfait d’arriver là pour moi », explique celle qui continue encore aujourd’hui en parallèle ses études en sciences biomédicales. Daphné Corboz avoue suivre la D1 depuis plusieurs années, notamment la dernière finale de Ligue des Champions entre Lyon et Paris. « C’est une division très technique et j’espère m’améliorer dans ce domaine parce que en Angleterre ou aux Etats-Unis, c’est moins ça. Je pense que je suis une fille assez technique donc pouvoir évoluer au contact de joueuses comme ça, j’espère y prendre beaucoup de plaisir ! », annonce-t-elle, après avoir rappelé que son premier objectif serait le maintien de Fleury dans l’élite.

 

C’est donc dans cette optique qu’elle abordait la rencontre de la cinquième journée de D1, face à Lille, dimanche, au stade Auguste Gentelet. L’enceinte, située dans une zone pavillonaire de Fleury Merogis, au sud de Paris, a vibré pendant 1 heure 30, où l’équipe locale a d’abord archi dominé le premier acte. Loin d’être timide, Corboz se montrait disponible, trouvant le bon tempo dans ses passes, ou dans ses appels, avec encore quelques difficultés au duel. Mais elle ne pouvait assister qu’avec impuissance au festival de ratés de son équipe. Qui trouva finalement la faille dès la reprise, grâce à Salma Amani (1-0, 46′).

 

 

Fleury court toujours après ses premiers points  

Mais, peut-être par péché d’orgueil, les noir et rouge subirent le contrecoup d’emblée, suite à un centre lillois, dévié dans son propre but par Charlotte Bruère (1-1, 50′). Plus bousculé par un LOSC à réaction, qui a profité de la baisse de régime de son adversaire, Fleury finissait la partie à dix après l’expulsion de Clémaron (77′), suite à deux grosses fautes coup sur coup. Et l’inéluctable arrivait en toute fin de match, d’un but de la tête de Jana Coryn (1-2, 90’+4), qui venait mettre un énorme coup de massue au club francilien. Bouche bée, à l’image de ses partenaires, Daphné Corboz tentait bien de réconforter sa partenaire Bruère, touchée à un genou, au coup de sifflet final, en vain. « On domine, mais il faut qu’on marque. Avec la domination qu’on a eue en première mi-temps… il faut que le score reflète ça », affirmait l’Américaine à la sortie des vestiaires.

 

Et lorsqu’on la complimente sur son match, celle-ci rectifie tout de suite : « Merci beaucoup, mais je peux apporter encore plus, ce n’était certainement pas ma meilleure prestation. Je ne me suis pas trouvée en jambes (rires), mais c’était mon premier match et j’espère que ça va aller mieux d’ici là. En tous cas j’ai eu beaucoup de plaisir à jouer en première mi-temps, avec Salma [Amani] et Maeva [Clemaron] on se trouve très bien au milieu. J’espère qu’on pourra continuer à progresser ».

  

« Je ne m’inquiète pas pour elle et pour Fleury » 

Dans une position de 6 qu’elle a occupé à City et en sélection de jeunes aux Etats-Unis, Corboz devra effectivement s’adapter aux contraintes d’un poste qui n’est pas son préféré (elle a commencé en tant que 10). « C’est une fille qu’on avait observé nous aussi, et je sais qu’elle jouait plus offensivement, déclarait le coach lillois Jérémie Descamps après le match. Mais c’est une excellente joueuse, donc je ne m’inquiète pas pour elle, et pour Fleury car quand je vois le quatuor offensif qu’ils ont et leur milieu de terrain, ça ira mieux ensuite ». Pour les Floriacumoises, qui se sont réveillées dans la peau du bon dernier, avec toujours aucun point, le plus tôt sera le mieux.

 

 

Retrouvez tous les résultats de la cinquième journée et le classement de la D1 ici

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

 

Crédits photos : Foot d’Elles.

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