Calendrier D1 : Trêves et chocs, bonne combinaison pour le suspense ?

Dans une D1 féminine en manque de suspense depuis plusieurs saisons et qui se joue sur quelques –peu nombreuses- affiches, le calendrier 2015-2016 a placé ces chocs souvent au retour des trêves internationales. Pour quelles conséquences pour les équipes concernées ?

 

 

 

 

« Je ne sais pas si c’est le hasard du calendrier ou pas mais à chaque fois que l’on revient de sélection, on joue un gros match » constatait Eugénie Le Sommer avant de s’envoler avec le reste de l’équipe de France pour l’Albanie puis la Grèce. Un constat réel, puisque lors de cette première moitié de championnat, l’Olympique Lyonnais aura affronté ses trois concurrents les plus dangereux pour le titre à chaque retour de sélection (J4 : PSG, J8 : Juvisy, J11 : Montpellier), mais qui n’est pas complètement dû au hasard. Le calendrier de D1 est élaboré autour de trois axes principaux : les doléances des diffuseurs (Eurosport et France 4), l’équipe de France et la Ligue des Champions, en plus de nombreuses considérations et contraintes à prendre en compte. Un exercice difficile donc, qui a abouti cette année à quatre chocs sur six lors de la phase aller joués au retour d’une « semaine Bleue ».

Si l’on peut penser que les diffuseurs ont voulu surfer sur les bonnes audiences des Bleues avec le placement de ces chocs, ce n’est pas le cas à France Télévisions qui s’attache plutôt à tenter de trouver des créneaux -au sein d’un programme très chargé- pour mettre le plus possible en valeur les matches diffusés (quatre de D1, finale de la Coupe de France) comme nous l’a confié Sven Lescuyer, le Directeur Délégué aux Sports. Interviewé avant le choc contre Lyon (J4), après avoir déjà affronté Montpellier, Farid Benstiti se montrait fataliste, regrettant ces matches importants placés si tôt dans la saison (et qui aboutiront à un PSG quasiment hors-jeu pour le titre dès septembre) tout en reconnaissant que le calendrier était compliqué à élaborer. Le titre de champion de France qui se joue au retour des trêves internationales, quel impact sur la préparation et les effectifs des clubs concernés ?

 

Travail collectif impacté

La Division 1 est, on le sait, un championnat où le suspense est peu présent tant l’Olympique Lyonnais est au-dessus du lot depuis plusieurs années. Le titre se joue donc chaque saison sur un nombre très restreint d’affiches, les confrontations directes entre les membres du « Top 4 » au sein duquel le Paris Saint-Germain, Juvisy et Montpellier accompagnent Lyon de façon plus ou moins proche. Des « chocs »  importants et à préparer tout particulièrement, donc.

Pourtant, comme le dit Kheira Hamraoui, « c’est problématique dans la mesure où on a besoin de préparer un match, on a besoin d’être ensemble, de travailler avec l’équipe alors qu’à chaque fois que l’on rentre on a deux, trois jours avant le match et ce n’est pas suffisant pour préparer une rencontre comme ça. » Pour Eugénie Le Sommer, « c’est surtout compliqué pour le staff de Lyon qui ne nous a pas pendant dix jours pour travailler. C’est vrai que quand on aborde les gros matches, on a souvent des choses à travailler qu’on n’a pas l’occasion de faire habituellement. Le travail va se faire exclusivement sur de la vidéo ou de l’analyse de l’adversaire, mais c’est vrai que l’on ne peut pas travailler, nous, sur notre collectif ».

On peut penser que cet aspect particulier du collectif n’impacte pas vraiment Lyon dont la grande majorité des joueuses se côtoie depuis plusieurs années, en club mais également, pour une grande partie d’entre elles, en équipe de France, comme le reconnaît l’attaquante lyonnaise, qui nous confie que « c’est la deuxième année que l’on travaille avec Gérard [Prêcheur], on a un collectif bien huilé, on sait ce que l’on doit faire donc à Lyon de ce côté-là, on a vraiment un projet de jeu qui est commun à toutes et on sait comment il faut faire ». Ce n’est pas forcément le cas pour Juvisy, Paris ou Montpellier qui n’ont pas eu la même continuité dans leur effectif ces dernières saisons et encore cette intersaison.

 

Voyages, fatigue et blessures

Les effectifs de ces quatre équipes comprennent de nombreuses internationales, dans une dimension moindre cependant pour Juvisy (seules trois joueuses importantes étaient en sélection en novembre), voire Montpellier. Pendant les trêves internationales, les rencontres à venir sont préparées en petit comité, pendant que les internationales de l’équipe sont en sélection, parfois à l’autre bout du monde : la Japonaise Saki Kumagai (OL), ou encore les Brésiliennes Andressa Alves (Montpellier), Cristiane et Erika (PSG) qui ont joué un deuxième match contre la Nouvelle-Zélande qui s’est terminé à 2h du matin heure française ce mercredi. Les deux Parisiennes, recrutées à l’intersaison, jouent dès samedi à Juvisy. On peut penser également à Ada Hegerberg (OL), qui s’était déplacée au Kazakhstan avec la sélection norvégienne fin septembre.

Sans aller au bout du monde, un rassemblement est forcément fatigant à différents points de vue. Pour Eugénie Le Sommer, dont l’équipe a remporté ses deux premiers matches post-trêves internationales, « au niveau personnel, cela peut être difficile quand on revient en club si on est fatiguée. Mais pour l’instant cela ne nous a pas porté préjudice et j’espère que cela va bien se passer contre Montpellier. Après cela fait partie du truc, il faut se remobiliser, il faut repenser au club parce que l’on ne nous demande pas les mêmes choses en sélection et en club, il faut s’adapter sans arrêt ». Une adaptation que l’on imagine moins compliquée pour les Lyonnaises pour des raisons déjà mentionnées, mais qui concerne la quasi-totalité de l’effectif.

De plus, et si cela n’est pas forcément lié directement aux rassemblements en équipe nationale, il n’est pas rare que les joueuses reviennent de sélection amoindries physiquement ou blessées, comme ce fut le cas pour la capitaine de l’OL Wendie Renard, blessée en Ukraine en octobre, ou de Caroline Seger, capitaine du PSG, blessée à chaque retour de sélection ou presque (la Suède n’a pas joué pendant la trêve de novembre, comme la Norvège d’Ada Hegerberg). On peut se demander, enfin, si la présence de ces affiches quelques jours à peine après les trêves internationales n’impacterait pas l’engagement des joueuses représentant leur pays lors des rencontres jouées par leur sélection, notamment face à des adversaires faibles, comme c’est le cas de l’équipe de France dans les qualifications pour l’Euro 2017.

 

OL-PSG, OL-Juvisy, Montpellier-OL et Juvisy-PSG. Quatre chocs de la phase aller auront été joués au retour de trêves internationales. Si les équipes sont impactées à des niveaux différents par les rassemblements en sélection, on peut regretter de voir le titre se jouer à des moments qui ne permettent pas aux clubs concernés de se préparer de façon optimale. Le plus concerné par l’absence de ses joueuses avec le PSG, l’Olympique Lyonnais a cependant parfaitement négocié ses deux premiers matches post-trêves internationales avec deux victoires. Ce dimanche, c’est à Montpellier que les Lyonnaises essaieront de réaliser la passe de trois et de faire ainsi un pas probablement décisif vers un dixième titre.

 

Crédit photos : olweb.fr, CBF

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