Bordeaux ne perd pas le nord

Battu à Paris (0-3), Bordeaux a toutefois confirmé sa progression en D1 féminine. Et si la défaite faisait forcément mal, joueuses et entraîneurs ne manquaient pas d’en tirer des enseignements positifs. Si la victoire face à un club du top 4 se fait attendre, la réception de Soyaux la semaine prochaine en dira beaucoup sur cette équipe sans complexe.

 

 

Les Girondines ont lourdement chuté ce week-end face au PSG (3-0), mais le score ne saurait refléter la qualité d’une équipe qui, comme l’a reconnu le coach adverse Patrice Lair en zone mixte après la rencontre, « est en progression ». Difficile aussi de jouer sur une pelouse glissante, à la limite du verglas dans un froid glacial au Camp des Loges. Si les chants des Ultras du PSG, aidaient (un peu) à réchauffer l’atmosphère, c’est Bordeaux qui imposait son rythme en début de match, en venant presser très haut l’adversaire pour l’empêcher de développer son jeu.

 

« Les empêcher de développer leur jeu »

« On sait que, quelle que soit l’équipe du Top 4 qu’on joue, si on les attends et qu’on les laisse jouer, on va se faire punir. On voulait les empêcher de développer leur jeu, les contrarier. C’est ce qu’on a plutôt bien fait sur les 20 premières minutes, où on a aussi réussi à tenir le ballon », analysait à chaud le tacticien bordelais Jérôme Dauba. Car même si le PSG démarrait un peu diminué (absence de Paredes, pas dans le groupe et Geyoro, sur le banc, entre autres), c’est la qualité du jeu développé par les Bordelaises, et leur organisation, qui est à louer.

« Elles n’arrivaient pas à relancer, elles ne trouvaient pas trop leur 6, ou plutôt quand ils trouvaient leur 6 elle ne savait pas trop quoi faire », acquiesçait aussi Nadjma Ali Nadjim, titulaire au sein du 4-3-3 girondin, qui a aussi eu le mérite de savoir faire le dos rond lorsque Paris reprenait le dessus en fin de première mi-temps. Mais malgré de nombreuses situations favorables (24e, 29e, 30e, 38e), les joueuses de la capitale ne parvenaient pas à faire craquer le verrou aquitain.

« On aurait dû marquer, mais il manquait de la justesse et de la vivacité devant le but, résumait bien Lair, satisfait de la copie rendue par son équipe malgré tout. Après, comme d’habitude, quand on ne marque pas, c’est notre défaut depuis le début et on le sait bien, on est timides », ne manquait-il pas de rappeler. La sortie à la mi-temps de la défenseure Chloé Bornes, blessée aux quadriceps, laissait l’occasion à l’attaquante Sarah Cambot de rentrer, et de se frayer un chemin vers le but à la 52e minute. Mais sa frappe était trop facilement captée par Katarzyna Kiedrzynek, qui venait alors calmer les ardeurs bordelaises, confortées par un début de deuxième mi-temps où tout restait jouable.

 

Le PSG a plié le match en moins de 10 minutes

« Mais bon, elles ont deux équipes, elles arrivent à tourner, elles ont un bon effectif, elles ont tout ce qu’il faut », dixit Nadjma Ali Nadjim, qui a vu les entrées de Geyoro, en remplacement d’Eve Perisset, et Véro Boquete, rentrée à la place de Marie-Laure Delie, redonner du sang neuf à un PSG qui tirait la langue. « Ce n’est pas tant le fait qu’on ait du mal à construire, que le mal qu’on a à changer le rythme dans les 25 derniers mètres qui nous plombe, et nous empêche de faire la différence. Il a fallu un bon quart d’heure pour s’y remettre », racontait Patrice Lair, réchauffé par les 3 buts inscrits par son équipe en moins de 10 minutes. Comme souvent côté parisien, la lumière est venue de l’indispensable Marie-Antoinette Katoto- onzième but de la saison en D1 pour elle -d’un délice de contrôle orienté, suivi d’une frappe imparable pour Erin Nayler (1-0, 65e). Erika (69e), de près sur corner, puis Shirley Cruz (71e), d’un bel enroulé à l’entrée de la surface, se chargeaient de tuer le match.

« Déjà, faire 65 minutes à ce rythme, c’était très bien, se félicitait Jérôme Dauba. On n’a pas eu les ressources mentales et physiques pour tenir. Paris nous est supérieur sur le plan athlétique donc elles nous ont imposé un gros défi, on a beaucoup subi leurs impacts, elles nous ont fait reculer, on s’est un peu plus exposé, et à partir du moment où on a pris le premier but c’était dur pour nous, mentalement, de revenir dans le match. On a eu le mérite de pas lâcher, de se battre jusqu’au bout », appréciait-il quand même en fin de rencontre, déjà tourné vers les matches à venir : « Etre dans le top 5 en fin de saison ? A condition qu’on batte Soyaux et Albi avant la trêve. Il faut qu’on soit à 6 victoires à la trêve pour se donner des ambitions », a-t-il répondu lorsqu’on l’interrogeait sur les ambitions grandissantes du club.

 

« Jusqu’à la trêve, c’est les 6 points et pas autre chose »

« On ne méritait pas ce 3-0, c’était trop ! », regrettait Nadjma Ali Nadjim qui a vécu un match compliqué, mais qui n’avait pas besoin de son entraîneur pour affirmer son envie de victoire : « Là, c’est les 6 points et pas autre chose. Deux victoires impératives [face à Soyaux puis Albi, NDLR]. Ce n’est pas le coach qui nous a dit ça, c’est ce qu’on veut nous, parce qu’on veut pas laisser de points en route face à ces équipes-là ». « C’est un derby donc on veut les trois points, on tient à le gagner à la maison », appuyait Sophie Istillart concernant le match du week end prochain.

Et puis la Coupe de France, où les clubs de D1 entreront début janvier, s’est aussi invitée dans la discussion, car Bordeaux pourrait bien avoir son mot à dire dans cette compétition si particulière : « Oui, on se dit qu’on a un coup à jouer, avouait Jérôme Dauba. C’est un objectif avéré ! L’an dernier ça pouvait être difficile parce que quand les matches commencent à s’enchaîner, on n’avait pas un effectif qui nous permettait de la jouer à fond, et puis ça amène une autre dynamique au championnat ». « Pour le moment on se concentre sur le maintien, mais la magie de la coupe c’est vrai que ça peut occasionner des exploits, donc on ne sait pas », préférait botter en touche la capitaine Sophie Istillart.

 

Le premier jour du reste de leur saison

Peut-être que cette fois, les Bordelaises obtiendront enfin cette première victoire tant attendue face à un club du Top 4, leur autre objectif de la fin de saison. Ce serait un nouveau cap franchi par un groupe sans complexe, qui magnifie la D1 féminine. « Elles ont progressé dans la maîtrise, dans leur façon de ressortir le ballon derrière, elles s’affolaient un peu plus l’année dernière, expliquait l’admiratif Patrice Lair. Aujourd’hui ils ont pris Lindsey Thomas devant, ça va aller très vite, c’est bien, bravo à eux ».

 

 

Tous propos recueillis par Vincent Roussel 

 

Crédits photos : Vincent Roussel pour Foot d’Elles / Capture d’écran FCGB féminin

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