Au Liban, les Girls tirent au but et marquent les esprits

Comment lutter contre les préjugés ? En pratiquant le football, bien sûr. Et en marquant beaucoup de buts. Au Liban, la Girls Football Academy fait les deux à la fois. Et ses victoires…

 

 

 

 

 

 

 

Un « haka » pas comme les autres

La feuille de match ne recense que des joueuses qui ont plusieurs victoires à leur actif, même si elles jouent pour la première fois avec leur équipe. Leur première victoire consiste à faire savoir que, oui, il existe un championnat de football féminin au Liban. Et même des équipes U-17 et U-19. Leur deuxième victoire n’est pas la moindre : faire admettre que oui, les filles peuvent jouer au football et qu’elles savent le faire. Leur troisième victoire, celle contre l’intolérance, montre que l’on peut fort bien composer une équipe gagnante et soudée dans un pays où cohabitent pas moins de 18 religions et obédiences confessionnelles.

Le résultat se voit juste avant le début du match. L’équipe se rassemble et les joueuses forment un cercle au milieu du terrain. Pour entonner un haka ? Pas du tout. Elles se rassemblent pour prier. Chaque footballeuse prie selon le rituel de sa propre religion, tout en intériorité. Au coup de sifflet, Jésus, Mahomet, Bouddha et Krishna quittent le terrain et laissent la place au dieu Football. Tel est le rituel de la Girls Football Academy avant chaque match officiel.

 

Un corps sain dans un esprit sain

La Girls Football Academy, comme son nom l’indique, est un club exclusivement composé de footballeuses. Ce club féminin, le premier du genre au Moyen-Orient lors de sa création en novembre 2011, a remporté le championnat de football féminin 2014-2015 au Liban. Ce n’est pas la seule victoire pour sa cofondatrice, la footballeuse professionnelle Nadia Assaf, qui évolue aussi dans l’équipe nationale libanaise.

Avec Walid Arakji, un footballeur français d’origine libanaise, elle a créé ce club très atypique aujourd’hui plus connu sous les trois lettres de son sigle : GFA. Atypiques, le GFA et ses 60 sociétaires le sont d’abord parce qu’ils ne correspondent guère aux clichés habituels du football féminin dans les pays exotiques. Seules les titulaires de l’équipe type du GFA peuvent s’entraîner gratuitement. Toutes les autres doivent payer une cotisation de 100 dollars par mois. Mais une majorité des footballeuses du GFA peut se le permettre. De même qu’elles jouissent pour la plupart d’un confortable niveau d’éducation, à l’image de la capitaine Gabrielle Cherfane, 17 ans. Et avec celles qui n’ont pas les moyens financiers nécessaires, on s’arrange.

 

Avec la manière

Le football féminin libanais commence à gagner des points dans les familles des joueuses (oui, finalement, les filles peuvent jouer au foot en restant féminines) et même dans l’opinion publique (oui, une fille peut jouer au foot sans se dévergonder). Et dans les stades ? Ça commence. Le résultat se voit juste après la fin du match, sur le tableau d’affichage. Fin novembre, par exemple, les filles du GFA ont atomisé le club de Zgharta sur le score de 15-1. Quelle formidable publicité pour le football féminin si le match s’était disputé en lever de rideau ! Mais c’était une rencontre en baisser de rideau, après un match masculin, et il ne restait plus beaucoup de spectateurs dans les tribunes. Pour y remédier, une seule solution : des victoires, encore et toujours des victoires.

 

 

Crédit photos : Facebook/GirlsFootballAcademy

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer