Anthony Briançon / Elodie Ramos (Nîmes) : L’interview croisée

La D2 pour l’une, la Ligue 2 pour l’autre. A l’image du projet « Mêmes Rêves de Foot », footballeurs et footballeuses se rassemblent… Le temps d’une interview, Elodie Ramos et Anthony Briançon, joueuse et joueur du Nîmes Olympique, se sont prêtés au jeu de l’interview croisée, pour un rendu très sympa ! Entretiens.

 

 

 

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre toute première rencontre disputée sous les couleurs de Nîmes ?

Anthony Briançon : « J’ai joué mon premier match avec Nîmes lors d’une opposition amicale face à Toulouse. J’en garde un excellent souvenir, car cette partie avait eu lieu à domicile, devant un public impressionnant. En ce qui concerne mon premier match officiel, cela se passait l’année dernière face à Créteil en Ligue 2, lors de la dernière journée du Championnat de France. Lors de mes débuts, j’ai pu évoluer à l’Olympique Lyonnais, avant de rejoindre Nîmes. Je revenais d’une longue blessure et je ne pensais très sincèrement pas à la Ligue 2, qui a été une formidable récompense ainsi qu’une opportunité assez incroyable pour moi. Je pensais avant tout à retrouver mon meilleur niveau sur le terrain.

Elodie Ramos : « Lors de ma toute première rencontre disputée en D2 cette saison face à Nivolas-Vermelle, j’ai inscrit un triplé ! Au final, nous l’avons emporté sur le score de 4-0 à domicile ; cela a permis de débuter cet exercice 2014-2015 sur d’excellentes bases. Je suis arrivée à Nîmes en début de saison. J’ai été très bien accueillie par tout le groupe, aussi bien les joueuses que le staff technique. Plusieurs anciennes coéquipières de Montpellier sont également parties à Nîmes ; j’ai retrouvé du monde et cela a participé à ma bonne intégration.

 

 

Anthony Briançon a débuté sa formation à Lyon avant de

rejoindre les professionnels de Nîmes en Ligue 2

 

 

Que pensez-vous du niveau de jeu proposé en Ligue 2 et D2 féminine ?

A.B : Je pense que la Ligue 2 est un championnat très formateur. C’est un très bon tremplin vers l’élite, car chaque rencontre est disputée, et les aspects physiques et techniques sont grandement mis en avant. Je trouve que le niveau général est globalement bon ; nous avons d’ailleurs l’occasion de rencontrer de très belles équipes.

E.R : Pour avoir connu l’élite, je dirais que le niveau qui règne actuellement en D2 est globalement bon. Toutefois, j’ai pu constater qu’il existait un véritable fossé entre la D1 et son antichambre. Ce n’est pas le même niveau ; par exemple, les équipes ne sont pas vraiment homogènes dans notre groupe. Dans l’élite, le jeu est plus rapide, l’aspect technique est également plus important.

 

 

A quel point est-il aujourd’hui difficile de se faire un nom dans le domaine du football ?

A.B : C’est une excellente question, car ce n’est pas du tout évident ! Pour arriver au monde professionnel, il faut faire beaucoup de sacrifices dans sa vie personnelle notamment, et cela ne paye pas toujours. Peu de jeunes footballeurs arrivent à percer, je me rends compte aujourd’hui qu’il faut travailler très dur pour parvenir à un résultat.

E.R : Il apparaît comme très difficile de se faire un nom dans le domaine du football, particulièrement chez les féminines. Cette discipline reste cependant sous-médiatisée, même si les choses tendent à évoluer à l’heure actuelle. L’équipe de France participe à cette évolution. Lorsque l’équipe nationale d’un pays montre un beau visage, il y a une vraie avancée sur le plan médiatique en ce qui concerne le championnat.

 

 

 

Quels sacrifices avez-vous dû faire dans votre vie afin de pouvoir pratiquer le football à haut niveau ?

A.B : J’en ai fait de nombreux, effectivement. Je suis parti de chez moi à l’âge de quatorze ans pour intégrer le centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Nous n’avons pas la même adolescence, ni la même vie que les autres ; mais je pense qu’il y a pire comme métier ! (Rires) C’est une belle discipline, et je dirais que les sacrifices que l’on a dû faire pour en arriver là paient et portent leurs fruits. Je suis très satisfait de mon parcours jusqu’à présent ; j’avais envie de devenir footballeur professionnel et j’ai tout donné pour y parvenir.

 

 

<< Je suis parti de chez moi à l’âge de quatorze ans >>

 

 

Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour devenir un(e) bon(ne) joueur(euse) de football ?

A.B : Si je devais vous en citer trois, je dirais le travail, le mental, et l’entourage.

E.R : Il faut tout ! (Rires) D‘abord et avant tout, il faut être bonne techniquement, avoir un mental à toute épreuve, et posséder des compétences physiques et athlétiques en adéquation avec le haut niveau. En ce qui concerne ce dernier aspect, c’est un élément qui se travaille de jour en jour. A partir du moment où la volonté et l’envie de travailler sont là, il me semble que toute joueuse peut atteindre un bon niveau.

 

Comment imaginez-vous la vie d’un(e) joueur(euse) de football ?

A.B : C’est une question très intéressante, car je suis passé par Lyon où il y a une vraie culture du football, que ce soit chez les garçons ou chez les filles. J’étais au lycée avec quelques footballeuses lyonnaises (Eve Perisset notamment, précise-t-il), donc je les connais assez bien. Nous faisions souvent des oppositions face à elles, et c’est vrai que c’est un autre jeu. L’aspect physique est moins privilégié, je trouve néanmoins que le jeu proposé est très intéressant. C’est une discipline en plein développement à l’heure actuelle, qui connaît une médiatisation de plus en plus importante, et j’essaie de suivre au maximum les performances des différentes équipes de l’élite. Je ne vous cache pas que je n’ai que rarement eu l’occasion de voir les filles de Nîmes, qui évoluent en deuxième division, mais je m’informe tout de même des derniers résultats, via les réseaux sociaux notamment.

E.R : Ils ont un entraînement le matin, si je ne me trompe pas, qui peut être complété par du travail physique ou technique l’après-midi. Je pense qu’après ces séances intensives, ils se reposent, font leur vie, tout simplement. Ils doivent profiter de ce statut de joueurs professionnels, encore très rare aujourd’hui chez les féminines.

 

Quelles sont, pour vous, les différences principales entre football masculin et football féminin ?

A.B : Le physique, avant tout. Du point du vue technique, je dirais que le jeu produit est intéressant chez les filles, où un certain nombre d’éléments commencent à être mis en place. On peut le constater en regardant la sélection évoluer notamment, avec une équipe de France extrêmement performante. Par ailleurs, l’autre principale différence réside dans le fait que nous vivons de notre passion, contrairement à elles, qui ont toutes un travail en dehors du football. Cela doit être difficile de concilier passion et activité professionnelle. Ce n’est pas le même rythme de vie.

E.R : Il y en a un certain nombre. Je pense que la différence principale réside dans l’aspect physique. Ils sont plus puissants, plus physiques ; le jeu reste tout de même plus rapide chez les garçons à l’heure actuelle, même si l’écart tend à se résorber au fil du temps. Cependant, techniquement, le football féminin n’a rien à envier au football masculin.

 

 

Anthony Briançon : « La principale différence ? Le physique »

 

 

Un mot sur l’exposition Mêmes Rêves de foot lancée par Foot d’Elles ?

A.B : C’est une très bonne initiative de votre part, qui fait vraiment plaisir à tout le monde. Il ne faut pas oublier que nous pratiquons, d’abord et avant tout, le même sport. Je ne connaissais pas Foot d’Elles avant que vous m’appeliez pour me proposer cette interview. Je suis agréablement surpris par les contenus que l’on trouve sur votre site internet, lequel est riche et de qualité. J’ai, à ce propos, parcouru l’interview croisée que vous aviez réalisée en octobre dernier à Metz, avec Jérémy Choplin et Elodie Martins. Je me retrouve complètement dans les propos de Jérémy et je suis ravi d’avoir pu participer, à ma manière, à l’opération « Mêmes Rêves de foot ». Je vous encourage à poursuivre, c’est une très bonne chose. 

E.R : C’est quelque chose d’intéressant, à mon sens. A l’heure actuelle, nous connaissons plus le football masculin qu’eux ne connaissent notre discipline. Mais je suis convaincue qu’ils s’intéressent de près à nos résultats, à l’évolution du sport féminin. Il faut continuer cette médiatisation, ce qui ne fera que faire grandir le football féminin d’année en année.

 

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

 

Crédits photos : Nîmes Olympique.

 

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