Ahmed Salma, l’entraineure-joueuse héroïne de l’Égypte

L’attaquante de 27 ans officie comme entraineure à l’East Meadow soccer club de New York, son club formateur, et prend part comme joueuse avec l’Égypte à la 10e CAN féminine au Cameroun. Elle a marqué l’unique but de son équipe face au Zimbabwe lors de la deuxième journée du groupe A. Une réalisation qui a permis à son pays de remporter la première victoire de son histoire dans la compétition.

 

 

 

C’est au bord de la piscine de l’hôtel de Yaoundé où loge l’équipe nationale d’Égypte à l’occasion de la 10e CAN féminine, que nous avons pu rencontrer Ahmed Salama, après le petit-déjeuner. L’attaquante des Pharaonnes apparait très joviale, et n’a le temps de digérer que pendant l’entretien qu’elle nous accorde au lendemain de la victoire 1-0 des Pharaonnes sur les Mighty Warriors du Zimbabwe lors de la deuxième journée dans la poule A. L’euphorie de cette victoire ne l’a pas totalement quittée, et elle s’est remémorée toute la nuit durant ce but qu’elle a inscrit, et qui a permis à l’Égypte d’écrire son histoire avec ce tout premier succès dans un match de phase finale de Coupe d’Afrique féminine en deux participations (1998 et 2006). « Je ressentirai cette joie pendant toute ma vie, surtout que c’était le jour de mon anniversaire », s’épanche-t-elle. De fait, Salma est née le 22 novembre 1989 en Égypte, le pays dont est originaire son père, tandis que sa mère est américaine.

Un père réticent
L’union entre les deux parents a vu naitre la jeune Salma parmi ses trois frères, dont les jumeaux Samy et Abdellah, et le cadet Rocky. « Je dis souvent à ma maman qu’elle a quatre garçons parce que je joue au foot. Je ne me considère pas comme une femme », ironise l’Égyptienne, piquée dès l’âge de 6 ans par le virus du football féminin, lorsque ses parents décident de s’installer à New York. À peine arrivée aux Etats-Unis, elle embrasse sa passion, arc-boutée à ses débuts par son frère Samy, qui réussit à convaincre leur mère de l’inscrire à l’académie d’East Meadow  basée dans l’Etat de New York. L’initiative n’est pas appréciée par son père de confession musulmane, farouchement opposé à la pratique du football par la seule fille de la famille, en raison des interdits de sa religion. « Ça a un peu progressé, surtout depuis notre qualification pour ce tournoi, et aussi grâce aux victoires que nous enregistrons ces dernières années. Nous continuons à travailler pour mériter l’attention du public égyptien, au moment où de nombreuses académies sont créées dans notre pays pour le football féminin », analyse Salma, dont le statut au sein de la sélection égyptienne qu’elle intègre en 2008, diffère peu ou prou de celui des autres joueuses.

Elle rêve d’entrainer les Pharaonnes
En dépit d’une enfance passée loin de son pays d’origine, Salma Ahmed fait le choix de défendre les couleurs de l’Égypte, et savoure sa première cape à l’âge de 17 ans, alors qu’elle évolue avec la formation de l’Université de Hofstra, avec laquelle elle inscrit 28 buts en trois saisons. En dépit de son rêve d’évoluer dans de grands clubs aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, son parcours de joueuse ne l’a conduite que dans des équipes modestes de quelques Etats américains. Néanmoins, elle nourrit aujourd’hui l’ambition d’entraîner à «un très haut niveau», espère-t-elle.

Elle a d’ailleurs obtenu en 2010 un Master en éducation physique à l’Université de Hofstra et officie depuis 2011 comme entraineure en chef d’East Meadow, son club formateur, et comme coach assistante au Mercy College de New York depuis 2013. C’est au sein de cet établissement qu’elle obtient la même année un Master en Business Administration. En choisissant d’alterner entre aire de jeu et banc de touche, Salma a fait du football féminin une raison d’être, et ambitionne un jour de servir à la tête des Pharaonnes d’Égypte en tant que patronne de l’encadrement technique : « Oui, c’est un challenge que j’accepterais sans conditions. Oui j’aimerais bien », confie-t-elle, sourire au coin des lèvres.

 

 

De notre envoyé spécial à Yaoundé.

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