A Grenoble, il n’y a qu’un seul football !

Dans le cadre de l’opération « Mêmes rêves de foot », Foot d’Elles a posé ses valises à Grenoble. Nous avions en effet rendez-vous avec Steven Pinto-Borges, milieu de terrain du GF38 évoluant en CFA, et Anaïs Heurard, capitaine de la formation féminine grenobloise. Pendant une heure, nos deux protagonistes ont échangé, avec nous, sur le football. Une véritable passion commune qu’ils partagent depuis longtemps. Regards croisés.

 

Quels regards portez-vous sur vos deux saisons respectives ?

Steven Pinto-Borges : « Nous avons beaucoup de regrets, car je suis persuadé que tous les ingrédients nécessaires à la montée étaient en notre possession cette année. Il nous a manqué un petit point pour accéder au national, mais nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. Je serai là la saison prochaine, et j’espère que nous parviendrons, cette fois-ci, à atteindre nos objectifs. Tout n’est pas perdu.

 

Anaïs Heurard : Je ne retiens que du positif ! Tout le groupe a tiré dans le même sens cette saison, et c’est ce qui a rendu notre montée possible. Tout le monde a fait de gros efforts, et je suis aujourd’hui très heureuse de voir que nous accédons à un niveau supérieur. La saison prochaine, nous chercherons avant tout à nous maintenir. 

 

Que pensez-vous de l’évolution de la structure féminine à Grenoble depuis plusieurs années ?

A.H – Cela fait sept ans que je suis au club. Au début, j’évoluais principalement avec l’équipe U18, avant de me faire une place chez les séniors. J’ai pu constater des changements concernant la place accordée au football féminin à Grenoble. Pour l’instant, je suis plutôt satisfaite par l’évolution de notre formation.

 

Grenoble est une ville qui « bouge » au rythme du sport. Sentez-vous, dans vos disciplines respectives, qu’il y a désormais davantage d’attrait pour le football en général ?

S.PB – Pour un club de CFA, l’engouement existant autour de notre équipe est extraordinaire. Je n’ai jamais vu cela ailleurs. Nous sentons véritablement que toute une ville est derrière nous. Nous avions à coeur de rendre nos supporters heureux cette saison, et je pense qu’ils ont pu apprécier notre match face à l’Olympique de Marseille en Coupe de France. Nous allons continuer à réaliser des performances de façon à attirer toujours plus de personnes au stade. Je pense qu’il faut s’appuyer sur cet indéfectible soutien pour progresser. 

 

A.H – Pour avoir assisté à l’ensemble des matches de Grenoble cette saison en CFA, je peux vous dire qu’il y a une ferveur incroyable autour de ce club. Pour reprendre l’exemple de Marseille, nous avons vécu une soirée de folie, c’était grandiose. Toute l’équipe féminine était là pour les soutenir, et je pense qu’il est aujourd’hui très important que tout le monde se sente concerné par l’évolution des équipes du GF38. Nous allons voir les garçons, et ils viennent nous voir jouer. C’est ce qui fait que Grenoble est une grande famille.

 

Quel match retenez-vous de la saison des féminines du GF38 ?

S.PB – La rencontre de la montée face à Bourg-Peronnas ! J’ai assisté à une très belle partie. Il y avait du jeu, de l’action, des buts… Pour ma part, je trouve que le football féminin est plaisant à regarder. Même en ce qui concerne l’élite, on assiste très régulièrement à de fortes oppositions, avec beaucoup de technique et de finesse dans le jeu. S’il y a moins de physique, je pense néanmoins que les filles jouent très bien au ballon. C’est très intéressant, et je trouve normal que cette discipline se développe. 

 

<< Le football féminin est plaisant à regarder >>

 

Comment envisagez-vous la saison à venir ?

S.PB – Nous aurons le même objectif que l’année dernière, c’est-à-dire de monter en National. Il faudra essayer de ne pas répéter les erreurs de cette année, en nous appuyant sur ce que l’on a fait de bien, pour performer. J’ai envie de continuer à vivre cette belle aventure à Grenoble, et je veux connaître une montée.

 

A.H – Je pense qu’il faudra tout d’abord recruter un petit peu, de façon à pouvoir se mettre au niveau des autres formations. Dans tous les cas, nous continuerons à être sérieuses et régulières pour faire une bonne saison. Nous allons aussi nous adapter aux consignes du coach (Stéphane Ripoll, NDLR). Il veut voir du beau jeu, il aime lorsqu’il y a de la rapidité, de la technique, ainsi que de l’efficacité devant le but. Le jeu collectif est privilégié.

 

Le football féminin est-il en train de prendre une autre dimension ?

A.H – A l’heure actuelle, c’est évident ! On considère davantage les femmes dans le sport. En ce qui me concerne, cela fait treize ans que je pratique le football, et je pense que les mentalités ont évolué. A Grenoble, même s’il reste encore du chemin à parcourir, je suis certaine que nous sommes sur la bonne voie.

 

A quel point est-il aujourd’hui difficile de se faire un nom dans le domaine du football ?

S.PB – Je suis convaincu qu’à l’heure actuelle, il est plus facile, en ce qui concerne le football masculin, de se faire un nom dans les deux divisions professionnelles que sont la Ligue 1 et la Ligue 2. A notre niveau, nous travaillons davantage dans l’anonymat, mais nous savons que beaucoup de supporters sont derrière nous, et que nous pouvons compter sur eux. 

 

A.H – On commence à attirer du monde ! « Nous allons venir la saison prochaine », lance Steven Pinto-Borges. Nous souffrons de faux stéréotypes qui caractérisent notre discipline comme un football trop lent. C’est moins regardé, mais je pense que les mentalités ont déjà évolué de ce point de vue-là. Je suis convaincue que le grand public doit s’intéresser au football féminin, car il y a une vraie évolution de niveau. 

 

Quels sacrifices avez-vous faits pour atteindre le haut niveau ?

S.PB – Je n’en ai peut-être pas fait assez, ce qui m’a conduit, à un certain moment, à redescendre en matière de niveau. Vous savez, lorsque l’on pratique le football, nous devons faire des choix, en partant loin de notre famille. L’éloignement des proches est, pour moi, le plus grand des sacrifices. Je suis très attaché à ma famille et, parfois, certains choix peuvent être difficiles à assumer. 

 

A.H – Le football occupe une grande place dans notre emploi du temps. Pour nous, il est souvent difficile de concilier football et activité professionnelle. Personnellement, je suis actuellement à la recherche d’un emploi, et cela peut paraître compliqué, dans le sens où il faut pouvoir se libérer pour aller à l’entraînement. Je travaille également le week-end, donc cela donne des semaines chargées. 

 

« Nous avons la même passion »

 

Quelles sont les principales caractéristiques pour devenir un(e) bon(ne) footballeu(se)r professionnel(le) ? 

A.H – Il faut être motivé, rigoureux, et déterminé. Je pense que le caractère est également un élément important, car nous essayons de nous imposer au sein d’un groupe où règne une concurrence. 

 

S.PB – Il faut des pieds, avant tout ! (Rires) Plus sérieusement, je pense qu’il faut de la technique, du mental, un physique qui puisse supporter la charge de travail hebdomadaire, et puis surtout aimer le sport collectif. Il ne faut pas oublier que l’on n’est pas seul sur le terrain, et que nous avons des partenaires. Nous devons nous adapter à un collectif afin de réussir. 

 

Un mot sur l’exposition « Mêmes rêves de foot » lancée par Foot d’Elles ?

S.PB – Je trouve l’idée très intéressante ! Tout d’abord, cela permet de mieux connaître l’autre. Nous pouvons ainsi constater les différentes positions que nous avons. C’est très agréable de se sentir soutenus l’un l’autre. Nous avons la même passion. 

 

A.H – J’apprécie beaucoup cette initiative, car cela permet de mettre en lumière ce qui se fait à Grenoble. Comme le disait Steven, nous pratiquons le même sport, et il ne devrait pas y avoir autant de différences ».

 

 

 

Benjamin Roux avec Jean-Michel Chatelot, à Grenoble.

 

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