L’élégance du mufle
« Ça aurait dû être le contraire », déplore Homare Sawa, idole des Nadeshiko et de tout un peuple. La fédé japonaise invoque pour sa défense le poids des traditions. Oui, les jeunots voyagent en classe affaires depuis les JO d’Atlanta en 1996. Non, les Nadeshiko étaient inconnues à cette époque-là. Oui, elles ont été championnes du monde en 2011. Oui, Homare Sawa a été élue meilleure joueuse lors du Championnat du monde 2011 et Ballon d’or 2011. Oui, les footballeuses représentent le meilleur espoir de médaille olympique pour le Japon. Oui, l’équipe féminine japonaise est infiniment plus populaire que l’équipe masculine. Non, l’équipe olympique masculine (celle des moins de 23 ans) n’a jamais rien gagné et n’a aucun espoir de médaille aux JO 2012.
Le Comité olympique japonais offre un billet en classe éco à l’ensemble des athlètes. Chaque fédé peut ensuite choisir de s’en contenter ou d’offrir un surclassement de vol à ses athlètes. Au Japon, le football féminin est la deuxième compétition la plus attendue des JO 2012 (par 42 % des téléspectateurs), alors que le foot olympique masculin n’attire qu’un quart des gens qui s’intéressent aux JO.
Un matelas de billets d’avion
Il ne reste plus à espérer que les Nadeshiko remporteront la médaille d’argent (derrière la France, évidemment). Nul doute que les dirigeants du foot féminin japonais mettront alors, là aussi, un point d’honneur à respecter la tradition – celle du hara-kiri.
Et que l’on n’imagine pas le Japon comme un cas isolé. Rares sont les équipes féminines composées uniquement de joueuses professionnelles. Comme dans tous les pays, les footballeuses gagnent beaucoup moins d’argent que les footballeurs, quels que soient leurs résultats sportifs. Et comme souvent, les footballeurs marchent sur un matelas de billets d’avion quand les joueuses se demandent encore comment financer leurs déplacements.
Crédit photo : pic2fly