12 Foot D’elles : Marilou Duringer – Erckert : Mon football, ma bataille

1965. Tandis que Malcom X est assassiné dans des circonstances obscures à New-York, la France voit naître une révolution culturelle et sportive. Le football féminin. Congédiée par leurs homologues masculins, la pratique féminine du sport français le plus populaire verra le jour grâce à  des femmes mais surtout une en particulier, Marilou Duringer – Erckert.

La jeune fille vient à peine de souffler ses 18 bougies mais le sport fait partie de son patrimoine génétique. Fille d’un grand gymnaste, elle observe papa et suit machinalement le chemin. La gymnastique ne lui plait pas. Ce qu’elle aime ? Le fameux sport collectif pratiqué par ses deux frères : le football.

La première équipe féminine voit le jour. Au nord de Strasbourg, l’irréductible village d’alsaciennes, Schwindratzheim, lance une section de football féminin ! Les copains de Marilou tapent du ballon ensemble sous les couleurs du FC Schwindratzheim. Pourquoi pas elle dès lors ? « N’ayant pas la possibilité de faire d’autres sports, je me suis tournée vers le football. J’avais envie avec un ou deux dirigeants du village de créer une équipe féminine » explique-t-elle. Fonceuse dans la vie comme sur le terrain, Marilou joue attaquante ou ailière. Toujours avec un seul but, faire changer le cours du match … ou de l’histoire.

Le temps passe. Au bout de 5 ans, le club fusionne avec Vendenheim. En 1971, le premier championnat de France voit le jour et les alsaciennes y participent. 2012, le FC Vendenheim joue toujours en 1ère division et doit beaucoup à Marilou Duringer-Erckert. L’ancienne attaquante ne reste pas sur le banc de touche. Dès 1975, elle créé la première commission régionale féminine d’Alsace qu’elle fréquentera en tant que membre puis présidente par la suite. Le chemin se poursuit pour Madame football féminin en Alsace. En 1985, Marilou est élue au comité directeur de la ligue d’Alsace tout en étant président de la commission régionale féminine (1984). Un parcours de ministre …

En 1985 (et jusqu’en 1994), elle est contactée par la FFF pour représenter le football féminin. Elle poursuivra son bout de chemin dans les hautes instances de la fédération pour devenir « accompagnatrice » de l’équipe de France jusqu’aux JO. La nouvelle retraitée part sur une bonne note, fière de son parcours. « J’estime qu’en ce moment tout va bien, c’est le moment d’arrêter. J’ai fait 47 années de présence dans le football. Il est temps que je laisse ma place. Passer le témoin », explique-t-elle soulagée.

Enfonçant des portes pendant toute sa carrière, Marilou Duringer-Eckert a amplement mérité de profiter de sa retraite et du calme ambiant, nouveauté pour elle. « Je suis usée. Ce fut très difficile au début, j’étais une femme et il n’y avait que des hommes. Il voulait garder cette identité propre au football, celle des hommes ! Moi, quand je suis arrivée, ma seule idée était de dire que les filles peuvent jouer au football. C’étaient des batailles à tout niveau », décrit-elle émue. Apportant sa pierre à l’édifice, Marilou s’est démenée pour construire son football féminin, notre football féminin, leur football féminin. Mais toujours avec un seul mot d’ordre. La passion. Le football n’est qu’un jeu.
 


Une histoire de valeurs : La passion de toute une vie

« Pour moi, la passion, c’était la pratique et l’engagement pour le football féminin. Juste jouer au football dans les années 60 peut servir à démontrer ma passion. La pratique de ce sport était incongrue pour une femme à cette époque!

La passion dominait et nous encourageait à jouer. A l’époque, nous faisions des matchs de propagande. Les premières années, les spectateurs étaient hilares sur le bord des pelouses. Nous jouions au football et allions au dessus de toutes idées reçues. Et heureusement, nous n’aurions pas tenu sans cela. »

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