De nombreuses associations se développent pour soutenir le sport féminin. Le Collectif des Sportives, en Occitanie, a retenu notre attention pour son projet original : accompagner les sportives de haut niveau dans les problématiques qu’elles rencontrent, notamment le double projet pour pouvoir se reconvertir après. Rencontre avec son fondateur, Allan Fenoglio.
FE : Comment vous est venue l’idée de créer ce Collectif ?
AF : Ça fait suite à mon passé durant lequel j’ai beaucoup suivi les sportives de haut niveau. J’ai été sélectionneur départemental U11 féminine à Dijon et je suis tombé amoureux du foot féminin. J’ai ensuite été responsable du développement football féminin à l’université de Bourgogne, entraîneur de football féminin à l’université de Dijon et ensuite au TFC avec les féminines en tant qu’entraîneur adjoint et préparateur mental. À côté de ça, pendant mes études de coaching et performance mentale, j’ai écrit un mémoire sur l’accompagnement dans le triple projet chez la sportive de haut niveau. Toutes ces expériences font que je m’intéresse de près au sport féminin, c’est même lui qui m’a construit. Le Collectif des Sportives était donc une suite logique dans mon projet professionnel.
Pourquoi s’intéresser aux problématiques des sportives de haut niveau ?
Parce que j’y ai été confronté en tant qu’entraîneur et préparateur mental. C’est une cause importante et pour moi c’est une continuité logique d’accompagner les sportives autant que je peux. Ce projet nous permet d’allier deux thématiques : le sport de haut niveau et la lutte pour l’égalité femmes-hommes. Nous souhaitons créer une véritable entraide et solidarité par l’intermédiaire de ce Collectif, où toutes les sportives souhaitant s’exprimer et agir seront mises en relation pour réduire les inégalités et discriminations dont elles peuvent être victimes.
Sur quel genre de choses les aidez-vous ? Quelles sont les actions que vous menez
auprès d’elles ?
Nous leur proposons six services. D’abord un aspect juridique : on les accompagne dans la négociation de leurs contrats, autour des questions des primes, des clauses de maternité par exemple. Ensuite un service double projet et reconversion. Là on les aide à gérer leurs études avec leur carrière de sportives, à trouver une bonne formation, à pouvoir aménager leurs horaires etc. Et on les prépare à la reconversion, car elles ne seront pas sportives de haut niveau toute leur vie ! Puis, le service gestion de l’image : on les aide à avoir une bonne stratégie de communication grâce à notre community manager spécialisée dans le sport. Ensuite, celui de la performance sportive grâce à une structure partenaire et un préparateur mental. La maternité, où on essaye d’accompagner la sportive dans sa vie familiale tout au long de sa carrière. Ensuite, un service économie, avec une mise en relation avec des entreprises pour sponsoring ou encore une bourse sportive étudiante.
Combien de sportives collaborent avec votre projet ?
On a entre 30 et 40 sportives de haut niveau qui nous suivent sur toute la France, entre 10 et 15 qui sont de la région Occitanie et que l’on suit.
En quoi êtes-vous un Collectif original qui apporte quelque chose de nouveau au monde
du sport féminin ?
D’abord car on co-construit le projet avec les sportives. Grâce à des café-débats que l’on organise, on discute avec elles, on les sonde pour voir au mieux leurs problématiques, ce n’est pas juste un projet pour elles mais fait avec elles. Ensuite, je pense qu’on a un panel de services proposés assez large, et il n’existe pas d’autre structure qui accompagne les sportives de manière globale, sur tous les aspects de la vie. Aussi on essaye de tisser un lien avec beaucoup de fédérations, pour être une plus-value par rapport à ce qu’elles ne font pas actuellement. On essaye aussi d’être en lien avec un maximum d’acteurs du sport un peu partout.
Faites-vous des choses spécifiques pour les footballeuses ?
Malheureusement on n’a peu de footballeuses au Collectif, on a plus des sportives qui font des sports individuels car en général elles sont moins accompagnées. Je pense que le football féminin est en train de connaître un gros développement, mais que c’est loin d’être fini. Certaines footballeuses commencent à gagner un peu d’argent, donc elles abandonnent leur double projet. Or elles ne gagnent pas encore des fortunes comme les footballeurs, elles sont dans un entre-deux, mises à part les joueuses de l’Equipe de France les autres sont encore précaires. Je pense qu’il faut encore développer le football féminin et le professionnaliser mais surtout ne pas oublier la notion de double projet. C’est important que les clubs incluent ce double projet, pour accompagner au mieux leurs joueuses, en attendant que le football féminin se développe encore.
Comment se passe le développement du Collectif ? Des prochains objectifs ?
Plutôt bien, on va essayer qu’il se développe encore plus. On aimerait rencontrer tous les acteurs sportifs en France, pour que le Collectif des Sportives soit un maximum reconnu. On commence à compter dans nos partenaires plusieurs grands groupes donc c’est une bonne chose. Je pense qu’on s’est bien implantés dans la région Occitanie, maintenant il faut essayer de s’étendre encore plus. On a plusieurs événements à venir. On va lancer un atelier formation tous les trois mois sur la gestion de l’image, le premier se déroulera début décembre.
Lien vers leur site :
https://www.lecollectifdessportives.com/