Depuis tout petit, Juan de Dios Vallverde n’a fait qu’arpenter le monde : huit ans à Valence, sept ans en Andalousie, un an et demi en Angleterre, un an aux Etats-Unis, un an à Palerme, deux ans en France à Valenciennes après avoir connu son épouse française, huit ans à La Réunion… Cet infirmier de 36 ans est maintenant installé à Grenade, ville espagnole où il est né. Parlant quatre langues couramment, l’expérience internationale tient une grande place dans la vie de Juan de. Depuis petit, il adore le foot et le sport en général. Aussi, il a grandi dans une famille avec une majorité de femmes, et est donc imprégné par l’égalité des genres et le respect des autres. La place de l’international, l’amour du foot, et l’enfance dans une famille avec une majorité de femmes a mené Juan de vers le football féminin. Et le trentenaire ambitieux est en train de faire naître un projet intéressant pour le développement de la pratique : il a créé le Club International de Grenade, où des joueurs et joueuses de tout horizon viennent jouer ensemble. Fan de football mixte, il veut maintenant créer une équipe internationale sénior féminine, avec des joueuses venues de tous les pays. Les sélections sont ouvertes, pour une aventure aussi sportive qu’humaine…
FE : Comment vous est venue l’idée de créer cette équipe féminine internationale ?
Juan de : Je voulais créer une communauté internationale à Grenade car je pense que s’ouvrir à d’autres horizons et aller vivre dans un autre pays c’est bien pour se rendre compte de la chance qu’on a. C’est pour cela que veux faire des choses au niveau international. On organise des matchs internationaux mixtes à Grenade depuis 1 an, ça marche très bien, il y a une très bonne ambiance. Depuis le début, il y a pas mal de filles américaines qui viennent, et je trouve que le foot mixte c’est super pour changer les mentalités. Pour moi, le foot n’a pas de sexe, de couleur de peau, de classe sociale, c’est d’abord un jeu ouvert à tout le monde. Dans le sud de l’Espagne on a pas mal de choses à faire par rapport à ces mentalités et à la place des femmes dans le sport. C’est ce mélange d’expérience internationale, du fait d’aimer le foot et de vouloir donner au sport féminin la place qu’il mérite qui fait qu’on est arrivés à cette idée.
Pourquoi voulez-vous faire ça ?
Le premier objectif c’est d’aider à l’insertion et au développement du sport féminin à Grenade et en Espagne en général, en ouvrant les portes de l’Espagne aux autres pays dans lesquels le sport féminin est très bien vu et reconnu, comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la France… Maintenant c’est à nous de faire ça, il devrait y avoir plus de projets comme ça. On veut aussi aider à l’insertion culturelle et sociale des gens et qu’ils puissent avoir un apprentissage différent des langues. Car j’ai remarqué qu’on a souvent peur de sortir de notre zone de confort. Dans la direction du club, on vient de 9 pays différents, je pense que l’ouverture vers d’autres cultures permet beaucoup de choses. En plus, ça aidera les joueuses qui viennent si elles veulent ensuite jouer en Espagne.
Où et comment les filles vont-elles s’entraîner ?
En ce moment la situation mondiale est très compliquée, mais on continue avec notre projet même si on n’a pas eu la réponse à 100% auprès de la mairie concernant les installations dans lesquelles on voudrait faire les entraînements. On a déjà une idée, c’est presque sûr qu’on va pouvoir utiliser les installations pas loin du centre-ville de Grenade. C’est un beau terrain en synthétique, il y a quelques gradins, si on arrive à obtenir ce terrain ce serait super.
Comment allez-vous faire venir les filles à Grenade ?
Il y a plusieurs possibilités. On cherche des filles à profil intéressant par rapport à leur projet personnel. Par exemple, si elles sont en train de finir leurs études et veulent faire une année Erasmus, on leur dit ‘n’hésitez pas à demander Grenade, nous on est ouverts pour vous accueillir, et vous aurez la possibilité de jouer dans notre club’. Celles qui veulent peuvent aussi trouver un travail à l’étranger mais continuer à jouer au foot. Celles qui veulent venir à Grenade pour apprendre l’espagnol et jouer dans un club local avec un côté international, c’est possible aussi ! Nous n’avons pas les moyens pour payer les joueuses, mais cela peut être compatible avec leurs projets personnels. Elles peuvent aussi venir faire un stage dans notre club ou dans notre association, et jouer à côté.
Dans quel championnat vont-elles jouer ?
On sera dans la 3ème division andalouse, dans laquelle il y a 6 équipes au totale. Il y a une vingtaine de matchs par an. La 1ère équipe du championnat monte ensuite en 2ème division. Les filles joueront contre des équipes féminines qui se trouvent dans la Province de Grenade. Il faut savoir qu’il n’y a que 5 divisions en Espagne. Pour l’entraîneur, on a pas mal de contacts avec des entraîneurs étrangers, mais aussi des entraîneurs de haut niveau de la ligue de Grenade.
Comment allez-vous les sélectionner ?
On demande qu’elles nous contactent, on leur pose des questions sur leur projet, elles nous envoient par mail un CV foot pour avoir une idée de leur niveau, où elles ont joué, et si elles ont des vidéos c’est toujours mieux. Avec la situation actuelle on n’a pas de date précise mais on aimerait faire des essais fin juin. Pour les exigences de niveau c’est l’entraîneur qui va décider, on va voir par rapport au nombre de demandes. On aimerait aussi avoir la moitié de filles qui viennent de la ville de Grenade, et l’autre moitié de filles qui viennent d’autres pays, pour vraiment créer une communauté internationale et permettre aux joueuses de se mélanger.
Pourquoi vous intéressez-vous au football féminin ?
J’ai toujours aimé le foot mais le foot a beaucoup changé, et maintenant je n’y trouve plus les valeurs que j’aime comme le respect, l’égalité, le travail, la tolérance. Le monde du foot masculin est devenu un business. C’est complètement différent dans le football féminin, où on voit vraiment l’essence du jeu de foot et c’est très beau. Aussi, mon épouse fait de la boxe et moi je fais de la danse, on a une fille et on veut pas que dans la société actuelle on lui dise ‘si on est une fille on peut pas jouer au foot et si on est un garçon on peut pas danser’. Il faut changer ça. Le foot c’est d’abord un jeu qui est magnifique, qui nous aide à créer des liens avec d’autres gens, à accepter les autres personnes. J’aime bien les défis, et j’aimerais bien changer cette mentalité-là.
Informations et contacts pour les joueuses intéressées :
www.internacionalgranada.com
+34 677 158 941