La gouvernance du sport tarde à prendre la mesure des enjeux de la mondialisation sportive, selon l’Iris

L’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) est moins connu pour son expertise des enjeux sportifs que pour ses analyses géopolitiques de haut niveau. Mais l’Iris est aussi dirigé par un amoureux du football, Pascal Boniface, dont le dernier rapport qu’il a supervisé, Sport mondialisé : les défis de la gouvernance, note quelques – timides – progrès dans la féminisation des instances.

Une nouvelle tectonique moins à côté de la plaque

La traditionnelle notion de sport comme élément culturel et sociétal apolitique, areligieux et implicitement phallocrate voire misogyne – cette notion-là disparaît peu à peu depuis les années 1990, laissant infuser des concepts à tournure plus ou moins politique ou géopolitique. Aujourd’hui, les considérations extrasportives priment souvent face au volet purement sportif : évolutions ou revendications éthiques (lutte contre le dopage), humaines (droits des athlètes), sociales (féminisation du sport), écologiques (changement climatique), sociétales (Black Lives Matter, #MeToo), politiques (une victoire en Coupe du monde influe sur le PIB national) et géopolitiques (prestige sportif, investissements ciblés). Cela vaut pour le sport en général et pour le football en particulier.

Les instances sportives ont-elles pris la mesure des évolutions et des enjeux, et se sont-elles adaptées en conséquence ? La réponse est dans la question. Une instance de représentation, qu’elle soit politique, administrative ou sportive, a toujours un temps de retard par rapport à la réalité du terrain. Il en résulte parfois un léger décalage, souvent un véritable hiatus entre des instances au fonctionnement archaïque et une volonté de modernisation qui implique sinon un changement de paradigme, du moins une refonte de la gouvernance. Qu’il s’agisse d’instances olympiques (CIO), footballistiques (Fifa, UEFA) ou autres, le constat et les mesures à prendre sont plus ou moins similaires.

On s’en convaincra en lisant les 76 pages du rapport qu’a publié l’Iris fin mars 2021. Notons – et l’on se focalisera ci-après là-dessus – que ce rapport consacre un chapitre à des « enjeux de féminisation » que la gouvernance du sport semble enfin prendre en compte.

IOC/Richard Julliart

Enjeux de féminisation

Contexte sanitaire oblige, la mondialisation du sport se traduit depuis le premier trimestre 2020 par une mondialisation virale qui vide les stades, appauvrit les clubs et précarise les athlètes. Comme on l’avait déjà évoqué ici même et comme le souligne le rapport de l’Iris, ce sont les femmes qui en ont subi – et continuent d’en subir – les conséquences les plus délétères.

Les enjeux de féminisation et d’égalité des sexes ont fini par modifier quelque peu les priorités des instances sportives et politiques. Le sport au féminin s’est démocratisé et massifié à un point tel que l’on ne dénombre plus, aujourd’hui, que 16 fédérations nationales membres de la Fifa à n’avoir organisé aucun match officiel pour leur équipe féminine. Même dans des pays comme l’Azerbaïdjan, le football pratiqué par les femmes devient un attribut d’ouverture sociale, sociétale et politique susceptible de procurer un atout de compétitivité économique et de promotion touristique.

Les instances sportives demeurent toutefois très masculines, que ce soit à l’échelle mondiale, continentale ou nationale. L’équipe de Pascale Boniface précise toutefois que les choses évoluent peu à peu. Y compris au CIO, qui n’a certes jamais été présidé par une femme, mais où la féminisation de commissions importantes est devenue bien réelle (athlètes), voire majoritaire (héritage) ou dominante (éthique).

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