Après Lyon et Bordeaux, le tournoi Footworking s’est déroulé à Nantes le samedi 12 janvier dernier. Des matches à 5 contre 5 âprement disputés, une ambiance conviviale sur les terrains et en dehors, des conférences mettant en avant des personnalités engagées… Retour sur ce tournoi indoor atypique qui fait de plus en plus d’adeptes.
Levons tout de suite le suspens. Qui a remporté ce troisième Footworking ? La seule équipe 100% féminine ! « C’est une vraie fierté, raconte Karima, membre des Footeuses d’ambiance, une association réunissant des anciennes étudiantes en école de commerce autour de leur passion commune pour le ballon rond. Ce trophée récompense nos entraînements réguliers et le travail effectué avec notre coach. Il y a quelques années encore, en compétition, nous nous battions surtout pour éviter la dernière place ! »
Pour la première fois, les équipes pouvaient comporter deux hommes. Une mixité qui a plu aux entreprises participantes, comme Manitou Group, CWL Carlson Wagonlit ou encore Schneider Electric Nantes. « Cela fait écho à notre quotidien », expliquent Diane et Audrey de Bouygues Bâtiment Grand Ouest. Au sein des équipes, la diversité des métiers et des services était aussi intéressante. À l’image de Capgemini qui a réuni des RH, Community Managers, développeurs… « Le football est un sport qui rassemble, explique Harley Milia, Architecte infrastructure Senior chez Capgemini Cloud Infrastructure Service. Il y a tout de suite eu une excellente ambiance même si on ne se connaissait pas avant. Jouer ensemble facilite énormément les échanges. Tout le monde se donne à fond, quel que soit sa fonction ou son niveau sportif. »
Le plaisir de jouer
Sur le terrain, il y avait des novices comme Sandrine Charpentier, Présidente de l’association Femmes du Digital Ouest qui a particulièrement apprécié l’esprit collectif et l’ambiance bon enfant, et Marianne Gazeau, fondatrice de Sésame et de Foot d’Elles. « C’est la première fois que je joue, souligne l’organisatrice en donnant le coup d’envoi. Preuve que l’on peut tout faire à tout âge ! ». Trois anciennes footballeuses internationales, Sandrine Dusang, Sarah M’Barek et Mélissa Plaza, se sont aussi prises au jeu. « C’était un plaisir de rechausser les crampons, insiste cette dernière. Sur le terrain, ce qui est magique c’est qu’on peut se retrouver ou se rencontrer pour la première fois, le plaisir reste le même : celui de jouer ensemble. Sur le terrain, tout s’oublie, âge, sexe/genre, origines, handicap… tout sauf le plaisir du jeu ! » Un plaisir partagé par certains enfants venus prêter main forte à leurs parents.
À la découverte du cécifoot
Entre les matches de huit minutes, des cessions d’initiation au cécifoot étaient organisées par le club nantais Don Bosco. Avez-vous déjà essayé de courir et de taper dans un ballon les yeux bandés ? « Ce n’est pas évident du tout, raconte Dominique Crochu, membre de la conférence permanente pour le sport féminin et ambassadrice de la Coupe du monde de rugby 2023 venue participer à la table ronde sur le sport comme levier de mixités et de diversités. Personnellement, j’avais le réflexe de regarder mes pieds, ce qui ne servait à rien, mais c’était plus fort que moi… C’est une chose de connaître le cécifoot, c’en est une autre de l’expérimenter ! » Une pratique qui permet vraiment de changer le regard sur le handicap.

Après les dribbles et les passements de jambes, les échanges se sont poursuivis micro à la main. Lors de la première table ronde, plusieurs initiatives ont été mises en avant, notamment le développement de réseaux internes chez Manitou Group (réseau Wo’Men) et Capgemini (Women@Capgemini) pour favoriser la mixité. « Dans le digital, on voit que les choses bougent, mais pas encore assez, explique Sandrine Charpentier, fondatrice de la startup Digitaly et directrice de l’incubateur 1Kubator à Nantes. Les femmes sont encore sous-représentées, notamment chez les ingénieurs ou encore parmi les créateurs de start-up. Le numérique devrait libérer les potentiels, mais il y a toujours des barrières à lever notamment quand il s’agit de tech et d’innovation. »
Un même combat pour la mixité
Un long chemin qui passera inéluctablement par la prise de conscience de nos stéréotypes. « Nous sommes tous concernés depuis notre plus tendre enfance, tous auteurs et victimes de discriminations, a rappelé Mélissa Plaza, ancienne internationale de football, diplômée d’un doctorat en « Sciences du Mouvement Humain ». Les stéréotypes sont des croyances, globalement partagées par la société, qui mettent les personnes ou les objets dans des catégories, ce sont des raccourcis de penser. Que ce soit dans le sport ou dans les entreprises, on retrouve les deux mêmes mécanismes : le phénomène de ségrégation horizontale, dit le couloir de verre, avec des métiers et des sports éminemment féminins ou masculins ; la ségrégation verticale, aussi appelée plafond de verre, avec un ensemble de lois tacites qui font que les femmes n’accèdent pas aux postes à responsabilité auxquels elles pourraient prétendre. »
Après avoir, lui aussi, mouillé le maillot, Arnaud Simon, ex-DG d’Eurosport et ex vice-président Europe des contenus sports pour Discovery, aujourd’hui consultant, a défendu « la mixité comme facteur de succès et de performance », mais aussi estimé que « l’entreprise de demain sera émotionnelle, moins dans l’égo, plus dans l’égal. »
Le sport, levier pour faire bouger les lignes
Les débats ont également permis de mettre en lumière des initiatives exemplaires en matière de sport en entreprise, comme le tournoi de football mixte qui réunit tous les niveaux hiérarchiques chez Accenture Strategy et les échauffements mis en place sur les chantiers depuis 10 ans pour les compagnons chez Bouygues Bâtiment Grand Ouest. « On a beau être une entreprise cotée au CAC 40, notre première priorité, c’est la santé de nos collaborateurs au travail et la qualité de vie au travail, le sport y participe pleinement », insiste Philippe Robineau, Directeur Général de Bouygues Bâtiment Grand Ouest.
L’après-midi s’est clôturée par la remise des médailles, mais aussi par le soutien à un projet innovant fondé par une femme. En effet, chaque but inscrit lors du le tournoi équivalait à 50€. La totalité de la somme collectée (à hauteur de 3000 €) a été reversée à la Women’s Cup, une régate 100% féminine, dont la 8ème édition se tiendra du 8 au 10 mars prochain à Pornichet, qui œuvre, elle aussi, pour favoriser la mixité, mais cette fois en mer !
Le #Footworking a été remporté par les Footeuses d’Ambiance suivies par l’équipe de Naval Group et celle de Schneider Electric.


Crédits photos : Fabienne Broucaret, Laalmia Khamadj, Femmes Digital Ouest, Dominique Crochu