Longtemps considérées comme amatrices par leur pays – c’était toujours le cas pour la plupart d’entre elles en 2017- les footballeuses australiennes voient leurs conditions évoluer plus rapidement que dans la plupart des pays du monde. La fédération australienne vient en effet de s’engager à leur verser la même rémunération que les homologues des Socceroos. Un exemple à suivre.
Même maillot. Même salaire. Le 6 novembre, la Fédération Australienne de Football (FFA) a dévoilé la signature d’un contrat accordant une hausse de salaire aux joueuses de la Westfield Matildas, l’équipe nationale de football féminin en Australie. Désormais, les footballeuses de la sélection nationale percevront donc le même salaire que leurs homologues masculins, les Socceroos.

Le contrat précise également que les joueuses et joueurs recevront 24 % des recettes de leurs équipes respectives – dont 5 % iront aux équipes nationales de jeunes. Et pour celles et ceux qui se qualifieraient pour une coupe du monde, ce montant passera à 40 %, alors qu’il n’était que de 30 % jusqu’à aujourd’hui.
Elles effectueront également leurs déplacements à l’étranger en classe affaires.
« Le football est le jeu de tout le monde et cette nouvelle convention collective constitue un pas de plus vers l’adoption des valeurs d’égalité, d’intégration et d’égalité des chances », a déclaré Chris Nikou, président de la Fédération australienne de football (FFA), en présentant les termes de l’accord, conclu pour quatre ans.
What a day to be a footballer! ? https://t.co/NIoNs9lBva
— Elise Kellond-Knight (@elise_kk8) November 6, 2019
Avant la coupe du monde en France, pour laquelle les Matildas étaient qualifiées (éliminées en huitièmes de finale par la Norvège), les joueuses avaient fait parler d’elles en lançant la campagne Our Goal Is Now (« Notre but est maintenant »). Le but : exiger l’égalité de traitement alors qu’un accord avait été signé prévoyant le même salaire minimum pour tous. « À ce rythme-là, il faudra vingt ans pour atteindre l’égalité des primes », dénonçaient alors les Australiennes.
Le rugby à sept avait ouvert la voie

Pour Willy Billiard, journaliste français installé en Australie, le réveil pour l’égalité entre hommes et femmes semble dater d’il y a quelques années. « On rencontre en Australie les mêmes problèmes qu’en France, mais les choses semblent évoluer plus rapidement, surtout dans le domaine sportif », rapporte-il.
« Le rugby a notamment ouvert la voie à une certaine égalité entre garçons et filles en Australie. En janvier 2018, la fédération (Rugby Australia) a annoncé que les joueuses de l’équipe de rugby à 7 – médaillée d’or à Rio en 2016 – seraient payées autant que les joueurs », raconte le journaliste. « On parle d’un salaire annuel de l’ordre de 44 500 $AUD, soit environ 27 500€ par an. » L’accord conclu avec le syndicat des joueurs prévoit aussi une compensation financière pour les joueuses qui attendent un heureux événement.
« Plus globalement, il me semble que les pays anglo-saxons sont plus enclins à une parité naturelle entre hommes et femmes, pas nécessairement d’égalité salariale (les femmes y sont payées 14,3% de moins que les hommes, soit encore moins qu’en France où ce taux est de -9,9% ndlr), mais de postes à responsabilités, de respect entre hommes et femmes… » Pour lui, les blagues sexistes ou les gros lourds qui veulent draguer au boulot sont bien moins nombreux…
Envisager quelque chose en France?

Pour le directeur général des footballeurs professionnels australiens, John Didulica cet accord est en tous cas « unique » dans le monde du football. « Nous pensons qu’il servira d’exemple à toutes les fédérations et tous les joueurs, aussi bien hommes que femmes, et leur permettra de profiter de l’incroyable opportunité sociale et commerciale que représente notamment le football féminin », a-t-il déclaré.
Pas d’émules pour le moment en France, malgré les déclarations de la Ministre des sports Roxana Maracineanu qui avait pourtant déclaré avant le Mondial sur France Info : « Vu l’argent qu’il y a dans le football masculin, on pourrait envisager quelque chose de symbolique de la part de la FIFA ou de la Fédération française ».
En France les écarts restent énormes. Selon le journal l’Equipe, les joueurs de Ligue 1 gagnent 108 422 euros bruts mensuels, contre 2500 euros pour les joueuses de D1.
L’Australie s’est imposée comme une championne de l’égalité des sexes dans le domaine sportif. Les joueuses de netball et de cricket ont également obtenu de meilleurs salaires au cours des dernières années.
Lucie Tanneau pour Foot d’Elles