Camille Maestracci et le podcast «Les Attaquantes» : remettre les femmes à leur juste place

Autrice du podcast « Les Attaquantes », Camille Maestracci a donné la voix aux femmes qui font le foot, pour donner le ton juste avant la Coupe du Monde. Avec plus de 200 000 écoutes au mois de septembre, le succès bat son plein. Retour sur cette expérience tout football au féminin produite par Europe1 studio.

FE : Pouvez-vous nous expliquer votre parcours et ce qui vous a menée à créer ce podcast ?

CM : Je suis journaliste radio, passée par RMC et FranceInfo notamment. Puis je me suis lancée à mon compte pour pouvoir faire des reportages qui me concernent et me correspondent plus. La Coupe du Monde en France arrivant, j’ai pensé à mettre en valeur les femmes qui font le foot, qui réussissent à se faire une place dans un monde d’hommes.

Comment avez-vous sélectionné les femmes que vous avez interviewées ?

J’ai fait pas mal de recherches, je voulais des femmes engagées dans le football masculin. J’ai rencontré des arbitres, pour les joueuses j’ai suivi l’Equipe de France. Pour les journalistes, je voulais parler des femmes qui commentent le foot, car ce sont des exceptions, je voulais savoir par exemple si on est plus exigeants avec elles qu’avec des commentateurs hommes. Pour les supportrices je suis allée voir des groupes de supporters, et j’ai rencontré des femmes d’âges différents.

Est-ce que la Coupe du Monde a contribué à rendre ce monde plus accessible pour les femmes ?

Je ne pense pas. C’est vrai que la Coupe a bénéficié d’une bonne couverture, maintenant on parle d’avantage du football au féminin, des compétitions, des résultats, il y a plus de publicité, des contrats avec les chaînes de diffusion, donc on voit beaucoup plus les femmes qui jouent. Mais les autres, celles qui arbitrent, qui commentent, pas encore. En fait, il n’y en a pas beaucoup à la base. Par exemple, il y a seulement 5 femmes qui ont le diplôme d’entraîneur national en France. Donc forcément, ça réduit le choix à la base ! Le fait que les femmes soient peu représentées dans ce monde ne s’explique pas que par le fait que ce sont les hommes qui décident. Il y a de ça bien sûr, mais je pense que ce n’est pas la seule raison. Il faut encourager les femmes à sauter le pas, à s’engager dans ces carrières. Les femmes doivent encore trop supporter le poids des problématiques dans le foyer, de la charge mentale. Du coup, beaucoup arrêtent leur carrière pour se consacrer à leur vie familiale, et ne sont pas encouragées pour la reprendre ensuite. Cela relève de choix intimes qui sont purement sociologiques, mais tant qu’on ne changera pas les logiques de la vie familiale, les femmes ne seront pas plus représentées dans ces mondes d’hommes.

Pourquoi avoir choisi le format du podcast ?

Déjà parce que je suis à l’aise avec le format radio. Ensuite, je trouve que le podcast offre une certaine liberté, dans le ton, le temps, il y a un aspect créatif plus présent qu’à la radio. C’est aussi un format intime, qui s’adapte bien à nos modes de vie car on peut l’écouter partout et en faisant autre chose, par exemple en prenant le bus ou en cuisinant. C’est aussi plus facile de faire parler les gens de leurs sentiments, de leurs ressentis… Un micro est beaucoup moins envahissant qu’une caméra, moins intrusif, donc les gens se livrent beaucoup plus.

Qu’est-ce que vous avez appris en faisant ce podcast ?

Déjà j’étais ravie que la Coupe du Monde soit en France. Cela a permis de remettre les femmes à leur juste place, c’est quand même la moitié de la population, il faudrait peut-être s’en rendre compte ! J’ai aussi appris beaucoup de choses sur le milieu du foot. Par exemple, je ne savais pas que les joueuses n’étaient pas réellement professionnelles. J’ai pu rencontrer plein de personnes, et soulever des problématiques intéressantes. On a pu montrer que nous sommes dans un monde de dominants et de dominés, et qu’il faut bouger, et que cela commence par nos vies familiales. Il faut remettre les choses à leur place !

Selon vous, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que le foot devienne un monde moins sexiste ?

Je trouve qu’il y a déjà pas mal de choses mises en place et c’est bien. Par exemple, le siège de la FFF répond à une parité quasi totale. Cela donne un bon exemple. Ensuite, je sais que pour les arbitres il y a des objectifs chiffrés pour encourager les femmes à se lancer, c’est du concret. Mais pour que les choses changent vraiment je pense que ça passe par l’éducation, que les hommes se rendent compte qu’ils sont privilégiés et que les femmes doivent être traitées à leur juste valeur. Il y a encore du travail mais cela va venir petit à petit. Déjà, je trouve qu’il y a de réelles ambitions marquées et qu’on va dans la bonne direction, c’est bon signe !

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