Vous tenez à votre club ? Et si vous tentiez l’actionnariat populaire ?

D’un côté, une financiarisation toujours plus grande du football professionnel (PSG et son fonds d’investissement qatari, l’OL et sa holding en bourse). De l’autre, une réappropriation du club par ses supporters dans une démarche nommée « actionnariat populaire ». Pour l’instant, les premiers l’emportent. Mais la tendance pourrait bien s’inverser plus vite qu’on ne le pense. L’Allemagne ou l’Angleterre ont ouvert la voie, l’UEFA soutient…

 

 

 

 

L’actionnariat populaire (à ne pas confondre avec le financement participatif) se veut l’héritier du système des socios à la Barcelonaise, mais adapté à une sauce plus capitaliste. La formule se développe à grande vitesse dans plusieurs pays d’Europe. De quoi s’agit-il ? Très simple : les supporters s’associent et achètent des parts de leur club. Codifiée en 1998, la règle impose que le club conserve impérativement 51 % du capital, assurant la majorité aux associés. Impossible donc pour des investisseurs, souvent étrangers, de venir s’emparer du club. Les rachats à coup de millions de livres sterling ou de dollars de quelques grands clubs anglais (Chelsea, Manchester United, Liverpool, etc.) par des milliardaires même passionnés de foot ou des fonds de pension spéculateurs et peu concernés par l’histoire et l’identité du club, a poussé nombre de supporters inquiets à s’engager plus avant dans le contrôle de leur club en s’associant. Ici, le but n’est pas d’avoir un retour financier personnel sur investissement, mais de défendre les valeurs du club.

 

Une formule soutenue par l’UEFA

 

La fondation Supporters Direct, encouragée par Michel Platini et financée par l’UEFA depuis 2007 et la Commission européenne (2011), fédère avec succès ces associations sur plus d’une vingtaine de pays. L’Allemagne (Hambourg SV, Schalke 04 ou le tout-puissant Bayern de Munich où l’actionnariat populaire représente 82 % du capital, soit près de 200 000 membres), l’Angleterre (Arsenal), ou la Suède servent aujourd’hui d’exemples. Avec des dirigeants responsabilisés par le pouvoir accru des supporters, lesquels en retour se sentent davantage impliqués dans la vie de leur club, la formule parait gagnante des deux côtés…

 

 

En France, retour du jeu à la nantaise

 

La France, comme souvent, possède un train de retard. Ignoré jusqu’à présent par les pouvoirs publics (à l’inverse de l’Allemagne ou de l’Angleterre), cet actionnariat populaire montre le bout de son nez dans quelques tentatives isolées. Ainsi et surtout au FC Nantes, au sein de l’association À la Nantaise (2000 membres depuis 2010), très en pointe sur le sujet. FFF, LFP et le gouvernement ont été interpellés par plusieurs élus locaux et nationaux soutenant ce projet d’actionnariat populaire. Le concept intéresse de plus en plus clubs et supporters de L1 et L2 qui ne souhaitent pas forcément voir les recettes PSG ou AS Monaco leur être appliquées.

 

Que des supporters et des clubs eux-mêmes veuillent se préserver d’une certaine rapacité financière et prédatrice, afin de rester maîtres de leur identité et de leur histoire, voilà qui semble plutôt aller dans le sens d’une moralisation du football professionnel. On ne s’en plaindra pas…

 

Crédits photos: RC Lens, A la Nantaise

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