Vignettes Panini et football féminin, une chère passion

Toutes les équipes en lice pour la Coupe du Monde de football féminin au Canada seront immortalisées par les célèbres figurines Panini. Les fans du ballon rond vont rugir de plaisir…

 

 

 

 

 

 

Toutes les équipes en lice pour la Coupe du monde de football féminin Canada 2015 seront immortalisées par les célèbres figurines Panini. Les fans du ballon rond vont rugir de plaisir, mais pas autant que le directeur financier de Panini. Après l’Allemagne en 2011, le Canada en 2015. L’histoire d’amour entre Panini et le football féminin n’en est qu’à son deuxième épisode sur sept éditions de la compétition mondiale. Pour comparaison, la marque italienne n’a pas manqué une seule édition de la Coupe du Monde masculine depuis 1970, soit douze éditions sur douze.

 

Un menu Panini très copieux

Panini inaugure, pour le millésime 2015, un système de vente en ligne (pas encore disponible sur son site français). De quoi aider tout le monde à remplir son album, y compris les fans qui ne résident pas dans l’un des 25 pays où sont commercialisés les vignettes et les albums Panini.

Pour chacune des 24 équipes, toutes les joueuses figurent sur une vignette autocollante. Les titulaires, les remplaçantes, mais aussi « toutes les joueuses sélectionnables ». Soit un total de 478 vignettes, « dont 29 vignettes spéciales ». La moyenne arithmétique atteint donc presque 20 figurines par équipe, ou à peine 19 autocollants si l’on défalque les vignettes spéciales.

 

Profits et pertes

C’est dire qu’il faut acheter, en théorie, 96 paquets de cinq vignettes (ou 63 paquets de sept vignettes en Amérique du Nord). Si l’on multiplie par le prix unitaire du paquet, variable en fonction des pays, le coût d’acquisition des vignettes – et de l’album de 56 pages – excède largement le budget moyen des acheteurs potentiels : les jeunes ados qui vivent aux crochets de leurs parents.

Encore ne s’agit-il là que d’un calcul strictement arithmétique. Panini ne commercialise pas toutes les vignettes en un même nombre d’exemplaires. Certaines images sont par conséquent plus difficiles à trouver et parfois même rarissimes. Matt Scroggs a par exemple calculé que pour la Coupe du Monde de foot masculine au Brésil en 2014, il fallait débourser plus de 150 € pour obtenir à coup sûr l’ensemble des 640 vignettes.

On comprend pourquoi Panini se réjouit que l’on soit passé de 16 équipes féminines en 2011 à 24 équipes en 2015. Mais officiellement, il s’agit « de célébrer et d’aider à créer une sensibilisation et un engouement plus forts encore autour de la Coupe du Monde féminine de la Fifa ». Donc une « sensibilisation et un engouement » à plus de 150 € par ménage.

 

Souvenirs, souvenirs

Les personnes retirées des crampons depuis longtemps s’en souviennent encore. En 1974, à l’occasion de la Coupe du monde masculine en Allemagne, certaines figurines étaient quasi introuvables et se négociaient à prix d’or. La pénurie organisée par Panini m’avait empêché de remplir mon album jusqu’à la dernière figurine. Non sans avoir d’abord vampirisé le porte-monnaie de ma génitrice.

C’était une époque où l’anglais n’avait pas encore envahi les discours, les stades et les ondes. On disait « figurines » Panini et non pas « vignettes » Panini. Depuis lors, le mot anglais « sticker » a mécaniquement imposé son équivalent français, vignette ou autocollant, et les figurines sont reléguées dans la boîte à souvenirs des vieux croûtons.

 

Critères physiques (ou pas)

Les collectionneurs en culottes courtes de 1974 se partageaient, pour l’essentiel, entre admirateurs du Brésil, de l’Allemagne et des Pays-Bas (la France n’était pas qualifiée). Pour la première fois, les figurines Panini me permettaient de découvrir la crinière blonde de maints joueurs néerlandais ou allemands. Une véritable révélation, à une époque où la plupart des foyers français ne disposaient que d’un méchant téléviseur en noir et blanc. Le choc fut moins mémorable en 1978 : on avait acheté entre-temps une télé en couleurs.

En 1974, donc, on découvrait le vrai visage des joueurs. Garçons et filles adoraient les uns, raillaient les autres – plus en fonction de connaissances sportives que de critères physiques. Deux décennies plus tard, les mêmes commentateurs se gaussaient du physique disgracieux d’un Trifon Ivanov (Bulgarie) ou d’un Michael Reiziger (Pays-Bas). On disait du défenseur néerlandais qu’il hypnotisait son adversaire par son talent… et par sa laideur.

Aujourd’hui, faudra-t-il qualifier de sexistes les inévitables remarques sur le physique des footballeuses engagées pour Canada 2015 ? Le « politiquement correct » préconiserait l’intransigeance. Une expérience de plusieurs décennies suggère plutôt de ne pas se focaliser sur la question, sauf en cas de débordements trop manifestes. Cela dit, une photo figée ne remplacera jamais l’élégance de l’athlète balle au pied, quel que soit le physique du footballeur ou de la footballeuse.

 

 

Crédit photo : fifa.com

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