Un double projet pour une double carrière

Même si le championnat de France de D1 féminine tend à devenir professionnel, tous les clubs n’en sont pas encore à ce niveau là. Pour les joueuses appartenant à ces clubs amateurs, il faut penser à une deuxième carrière à côté du football. De la formation à la création d’un projet professionnel, les clubs accompagnent les joueuses dans cette démarche.

  

 

Le football féminin n’est pas encore professionnel, ce n’est pas une surprise. Tous les clubs ne sont pas structurés ou n’ont pas les mêmes moyens que l’Olympique Lyonnais ou encore le Paris Saint-Germain. Encore amateurs, ces clubs ont pris le parti de proposer autre chose aux joueuses. Comme ces dernières n’ont pas de contrat professionnel, elles ne peuvent donc pas vivre du football ou pas assez. De nombreux clubs proposent aux joueuses de se bâtir un projet professionnel en dehors du football de haut niveau. Parmi les clubs qui ont mis en place ce système, on retrouve Soyaux. Le club de Charente ne forme pas uniquement des footballeuses mais également des femmes. Le 13 octobre dernier, Soyaux et l’entreprise Schneider Electric, fabriquant de composants électriques, ont officialisé un partenariat autour de l’emploi et de la formation professionnelle. Quatre joueuses bénéficient de ce partenariat cette saison. Trois ont signé un contrat d’intérim et une est en alternance. En accord avec le club, l’emploi du temps est aménagé pour que les joueuses puissent participer aux entraînements. Pour le directeur de l’entreprise, Benoît Dacharry, ce partenariat aide à faire avancer le football féminin : « Notre motivation est de soutenir le sport féminin de haut-niveau. Nous voulons promouvoir les emplois de l’industrie auprès des jeunes joueuses. Pour elles, il est nécessaire qu’on les forme à un métier. Nous avons pour but de nous inscrire dans la durée avec Soyaux et de former de nombreuses jeunes joueuses ».

 

La formation, levier d’attractivité
En Bretagne, du côté de Guingamp, l’accent est plutôt mis du côté de la formation, comme l’explique Marlène Bouedec, manager de l’équipe féminine du club : « Nous sommes très attentifs au suivi socio-professionnel des joueuses. On discute beaucoup avec les jeunes pour les aider à choisir leur formation ». Si le club guingampais apporte son soutien à ses jeunes joueuses, ces dernières doivent lui rendre en retour détaille Marlène Bouedec : « On donne mais on veut aussi recevoir. Si la joueuse ne joue pas le jeu, nous, en temps que structure, nous ne serons pas contents. C’est l’image du club qui est en jeu. Nous ne sommes pas non plus une deuxième famille. On veut leur apprendre à être autonome ». Un double projet que les joueuses décident de construire elles-mêmes en fonction de leurs envies. C’est ce qui se passe également du côté de Juvisy : « Les joueuses ont le choix de suivre un cursus scolaire ou alors de travailler grâce aux différents partenaires du club. On n’a pas les moyens financiers pour garantir une reconversion, du coup suivre une formation ou avoir un emploi permet d’avoir un poids psychologique en moins » explique la directrice générale du club, Marinette Pichon. Comme Guingamp, le club de l’Essonne s’appuie sur la formation : « Le but du club est d’engranger de la rentabilité par la formation. On veut séduire les jeunes talents. C’est le seul levier pour être attractif sur le territoire ».

 

Un emploi qui apporte un équilibre
L’exemple du jeune talent qui a été séduit par ce double projet est Théa Gréboval. Arrivée à Juvisy la saison passée, l’ancienne joueuse d’Hénin-Beaumont suit actuellement des études de kiné et ce double projet lui est nécessaire : « Avoir un double projet permet d’avoir un équilibre. Cela m’assure une reconversion et même si le football est ma passion, faire autre chose à côté m’ouvre l’esprit. Le foot me permet de décompresser de mes études et inversement ». Le discours est identique pour Camille Catala qui a obtenu son CAPES l’année dernière et qui est professeur des écoles depuis la rentrée dernière : « Ce double projet m’apporte un équilibre dans ma vie. Le club aide dans l’aménagement, tout est bien organisé. J’aime mon métier et les enfants me découvrent comme une maîtresse qui joue au foot et pas l’inverse ». Si ce système est répandu en première division, le DFCO, club de deuxième division, a décidé de monter un projet socio-éducatif et socio-professionnel pour former ses jeunes talents sur et en-dehors du terrain : « Les joueuses rentrent en section sportive scolaire, de la 6e à la terminale, avec des horaires aménagés. Après le bac, elles signent un contrat d’apprentissage avec le club qui devient employeur. Elles décident de suivre une formation à l’université ou alors sur les métiers de l’animation du sport avec le CFA de Bourgogne. C’est la philosophie du club » rapporte Samuel Riscagli. Pour l’entraîneur dijonnais, ce projet a pour but de « professionnaliser les joueuses grâce à l’apprentissage et les femmes de demain. Pour nous, le foot est un prétexte éducatif ».

 

 

Crédit photo : www.charentelibre.fr
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