Trucs de Filles avec…Camille Abily

Sur le terrain et à la ville, la footballeuse est une femme comme les autres. Chaque semaine, « Trucs de filles » invite une footballeuse de l’Hexagone à se dévoiler sans tabou. Une interview vérité décalée pour décortiquer le quotidien de ces sportives de haut niveau. Cette semaine, la milieu de terrain de l’Olympique Lyonnais et de l’équipe de France Camille Abily a répondu à nos questions.

 

 

 

Camille Abily

Age : 30 ans

Job : milieu de terrain à l’Olympique Lyonnais et chez les Bleues

Accro au ballon depuis : ses 6 ans. Ça passe vite 24 ans…

Surnoms : Cam’. Et Bibiche par sa mère, et par sa sœur quand elle se moque de leur mère.

Pêché mignon : Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bonbon. Fils, crocodiles, Dragibus ® etc… mais jamais les jaunes !

Ne zappe jamais : « Plus Belle la Vie » et « Grey’s Anatomy ».

En boucle dans son MP3 : Que des trucs cools qui ne bougent pas assez pour ses coéquipières :
Ed Sheeran « Thinking outloud » ou Hozier « Take me to church ».

Fan de : Avoue un penchant pour Patrick Bruel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis le début de ta carrière, les choses ont changé pour les femmes dans le football ?

CA : « Lorsque j’ai commencé à jouer, j’étais dans une équipe 100% garçons, et j’y suis restée pendant huit ans. Lorsque j’ai dû partir chez les filles à 14 ans, j’étais triste. Déjà parce que j’allais perdre mon statut de chouchoute (rires) et ensuite parce que je n’avais jamais entendu parler de l’équipe de France Féminine, je ne savais pas que je pourrais en faire mon métier. Et puis avec le temps, les mentalités ont continué leur évolution, et le sport a éclos comme une vraie discipline. C’est devenu possible de jouer au foot sans être un garçon manqué, mais aussi d’être une femme et d’aimer le football au point d’en vivre.

Que penses-tu des écarts qui subsistent avec le football masculin ? 

– Je fais partie de l’ancienne génération, donc je m’estime déjà heureuse d’avoir ce que j’ai aujourd’hui. Par rapport à d’autres sports féminins, je trouve qu’on a déjà énormément de chance. C’est impossible de demander aux sponsors ou aux clubs les mêmes investissements financiers que pour les équipes masculines, compte tenu de notre visibilité plus réduite. Et je dirai même que c’est presque tant mieux. En ne bénéficiant pas des mêmes salaires, des mêmes avantages de stars, les footballeuses évitent aussi les dérives de ces trop gros salaires. On sait rester proches des gens, et connectées à une réalité économique difficile pour de nombreux Français.

Est-ce qu’en 2015, une footballeuse se doit d’être féminine ?

– Il faut à mon avis bien séparer l’apparence que l’on a sur le terrain, de celle que l’on a en dehors. Lorsque je joue, je suis une athlète avant d’être une femme. Je recherche la performance et pas la beauté. Les joueuses pros qui ont aujourd’hui vingt ans font beaucoup plus attention à leur apparence sur le terrain que moi au même âge, c’est certain. En revanche en dehors du terrain, c’est une question de dosage. Il y a tout de même un minimum syndical à respecter lorsqu’on est en promotion avec l’équipe, et pour cela le club nous fournit une petite veste cintrée, un jean et des chaussures. Sinon c’est à la liberté de chacune, mais à mon avis c’est inutile d’être dans la surenchère de la féminité. L’élégance suffit.

Et toi justement ?

– Si je suis fatiguée, de mauvaise humeur, je sors sans aucun complexe habillée comme un sac. Et certains jours je me pomponne, je me maquille, et je fais des heures de shopping. Ça dépend vraiment des jours, mais j’avoue que j’ai tout de même du mal à sortir coiffée n’importe comment.

Comment est-ce qu’on conjugue sa vie privée de femme avec sa carrière de sportive ?

– C’est souvent très difficile, surtout lorsqu’on a une carrière internationale et des sélections permanentes en équipe nationale. Il faut déjà que la personne avec qui on partage sa vie soit compréhensive de toutes ces semaines, ces week-ends, ces soirées d’absence. Ensuite vient le moment où l’on commence à penser à fonder une famille. Pour cela, je suis convaincue que d’ici quelques années, ce ne sera plus un frein à une carrière. Aux États-Unis c’est déjà le cas depuis longtemps : une joueuse peut tout à fait avoir un bébé et reprendre sa carrière là où elle l’avait arrêtée. Avec le développement du sport, et si de plus en plus de joueuses voient que ça marche ailleurs et commencent à le demander au moment de signer leurs contrats, les clubs français seront obligés de le prendre en compte, et ça rentrera dans les mœurs.

L’avenir, tu y penses ?

– J’ai toujours mis un point d’honneur à poursuivre mes études et à passer des diplômes tout au long de ma carrière. J’ai un Master de STAPS, un diplôme d’entraîneur, je suis prête à envisager une reconversion. C’est important de se laisser du choix, de ne fermer aucune porte. Beaucoup de mes proches pensent que je suis trop accrochée au football et que je vais souffrir le jour où j’arrêterai de jouer. Cela me fait sourire, parce qu’au contraire, j’ai comme le pressentiment que je vais aimer cet « après » tout autant.

 

Et dans un futur plus proche, comment envisages-tu le Canada ? 

– Je ne vois pas forcément cette Coupe du Monde comme « ma dernière Coupe du Monde », même si ça l’est probablement. Je me dis qu’il faut que j’en profite à fond, mais surtout que je sois la meilleure possible. Parce que pour moi cette Coupe du Monde, c’est surtout l’occasion de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Mes souvenirs des Jeux de Londres sont forts, et je veux en créer d’autres encore meilleurs à Rio ».

 

 

Propos recueillis par Loïse Delacotte.

 

 

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