Trucs de Filles avec… Anaïg Butel

Sur le terrain et à la ville, la footballeuse est une femme comme les autres. Chaque semaine, « Trucs de filles » invite une footballeuse de l’Hexagone à se dévoiler sans tabou. Une interview vérité décalée pour décortiquer le quotidien de ces sportives de haut niveau. Cette semaine la défenseure du FCF Juvisy et de l’équipe de France Anaïg Butel s’est prêtée à l’exercice.

 

 

 

Anaïg Butel

Age : 23 ans

Job : défenseure au FCF Juvisy et chez les Bleues.

Accro au ballon depuis : ses premières passes avec son frère à 7 ans.

Surnom : Nana. Son père l’a appelée comme ça devant ses coéquipières de Juvisy, c’est resté.

Pêché mignon : Les Kinder Surprises. Pour les surprises, mais surtout pour le chocolat.

Ne zappe jamais : «Grey’s Anatomy».

En boucle dans son MP3 : «See you again » de Wiz Khalifa, du RnB, du zouk, de tout !

Fan de : Christiano Ronaldo, il a un jeu incroyable, il met des buts à tous les matchs.

Et à part le foot ? : S’oxygéner au maximum. Faire autre chose que du foot, avec les amis, et surtout la famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis le début de ta carrière, les choses ont changé pour les femmes dans le football ?

AB : « Les choses avancent incroyablement vite. Je sens la différence même par rapport à la situation d’il y a deux ans. Les gens ne connaissent pas le football féminin, puis ils tombent par hasard sur un match ou un entraînement, et ils y reviennent. L’implication des clubs, les résultats positifs lors des tournois comme la Ligue des Champions, la Coupe du Monde cette année, et encore plus celle de 2019 qui aura lieu en France, tout laisse à penser que cela ne va faire que progresser.

 

Que penses-tu des comparaisons qui subsistent avec le football masculin ?

– Ça n’est pas et ne sera jamais la même chose pour le public qui aime le football masculin. Mais lorsqu’on entend des propos machos, il faut pousser les gens à changer d’opinion. Il faut leur expliquer que le corps humain est fait de telle façon qu’une femme n’aura jamais les même capacités de vitesse, de puissance qu’un homme, à entraînement égal. Les deux sports ne seront jamais comparables, mais les filles ont peut-être des atouts différents : la tactique, la technique, etc… Les deux sports ont à apprendre l’un de l’autre.

Tu as appris des choses grâce au football masculin ?

– Jusqu’à mes treize ans, j’ai joué exclusivement avec des garçons. C’est différent, tout est différent. Cela va plus vite, c’est plus musclé, plus brutal. Il a fallu que je me fasse ma place, que je fasse mes preuves. Cela m’a en partie modelée. Mon jeu, qui est parfois un peu dur, est en partie ce qu’il est aujourd’hui grâce à ces années-là, j’en suis sûre. Cela m’a permis de passer un palier, et d’atteindre un autre cap en jouant ensuite avec les filles.

Est-ce que c’est important d’être féminine lorsqu’on est footballeuse ?

– Je mets les choses sur deux plans différents. Je suis une femme avant toute chose, c’est ma nature, mais je suis également une sportive. Lorsque je suis sur le terrain, je ne porte pas une attention particulière à être vraiment féminine, mais quand même. Les clubs nous laissent par exemple choisir nos maillots, selon leur coupe et leur forme, et dans ces cas-là, on choisit toujours un maillot qui nous va bien, dans lequel on se sent non seulement à l’aise mais aussi jolie, c’est important pour la confiance en soi, et donc pour la performance.

 

Comment est-ce qu’on conjugue sa vie privée de femme avec sa carrière de sportive ?

– Le jeu à haut niveau implique des sacrifices, surtout émotionnels. Mais il faut savoir ce que l’on veut. Bien évidemment, ça fait mal de ne pas pouvoir aller aux repas de famille le dimanche, de rater des anniversaires, d’être loin. Mais pour avancer, il faut faire ces sacrifices. Mon entourage en souffre aussi, mais il comprend. D’autant plus que ce n’est pas pour toute la vie.

 

L’avenir justement, tu y penses ?

– C’est un questionnement très présent en ce moment pour moi, je ne sais pas vraiment ce que je veux faire plus tard. On sait bien que footballeuse, ce n’est pas pour l’éternité. Pour moi c’est essentiel de rester dans la vie réelle. C’est pour ça que je travaille à mi-temps comme secrétaire. Pour garder un contact avec le monde du travail, pour être dans la vraie vie. Je pense d’ailleurs que le fait de préparer mon avenir de cette façon, de ne pas m’enfermer dans cette bulle football, ça fait de moi une meilleure joueuse. Même si je suis jeune et que tout le monde me dit qu’il faut m’y mettre à 100%, au contraire le fait d’en sortir un peu chaque jour, me fait avancer aussi dans le football.

Quel souvenir t’as le plus marquée dans ta carrière ?

– Tous les moments passés sur le terrain sont des moments magiques. Les émotions positives ou négatives sont à leur maximum, c’est ça, le football, et je pense que ça n’existe nulle part ailleurs. Mon souvenir le plus fort est peut être la victoire en championnat d’Europe des moins de 19 ans. On ne vit pas ça tous les jours, alors ce sont des moments qu’on savoure vraiment.

 

Et dans un futur plus proche, comment tu abordes la Coupe du Monde au Canada ?

– Je pense que l’idéal pour aborder cette Coupe du Monde est de ne pas se poser de question, et d’y aller à fond. On sait qu’il reste du travail, c’est à ça que la préparation servira dans les semaines à venir. Mais ça n’est pas donné à tout le monde, à tous les pays, ou à toutes les joueuses, de participer à une expérience pareille en représentant son pays. Donc, c’est une obligation de se donner à fond, pour ne pas avoir de regret. Il y a du stress, mais c’est un stress positif, car je n’en suis pas à ma première sélection, j’ai pris ma place dans l’équipe. C’est plutôt de l’excitation en fait. D’autant plus que mon frère vient au Canada. C’est un de mes plus grands admirateurs, il assiste à tous mes matches en club ou en sélection et je si veux bien jouer, c’est aussi pour lui et pour ma famille qui me soutient.»

 

 

Propos recueillis par Loîse Delacotte. 

 

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