LE BRILLANT RETOUR DE LA « SAMBAÇÃO » BRÉSILIENNE
Ce Brésil tira profit d’un plan tactique bien défini, avec Marta de retour aux affaires, bien entourée qui plus est. Changement radical avec l’équipe de l’an passé aux J.O. de Londres. Un onze désorganisé, attaquant telle une volée de moineaux, certes généreux, mais si naïf, comme face au Japon en quart. Marta n’était plus Marta, moins de soutien populaire que jamais au Brésil, la CBF (la fédération brésilienne) se moquait du football des femmes comme de l’an quarante, et le mythique et honorable club de Santos sacrifiait sa section féminine (celle des Marta, Erika, Maurine) juste pour garder Neymar une année de plus au club… Et soudain… Le Brésil s’est comme réveillé à l’approche du Mondial 2014 et des JO de Rio 2016.
En attaque, à ses côtés ou devant elle, la révélation majeure fut la jeune Debinha (21 ans, une seule sélection avant le tournoi), d’une grande régularité dans l’excellence, et complice naturelle de son aînée. Derrière son allure de petite souris trotteuse, elle délivre autant de technique que de vitesse. A l’inverse, Cristiane et Rosana furent très décevantes. L’émergence de Darlene (23 ans, premières sélections) contrebalance ces défaillances. Joueuse très technique et dotée d’un excellent dribble dans les espaces réduits. Erika, blessée, était absente du terrain. Sa place de titulaire assurée, et vu son repositionnement en joueuse offensive, quelle place exacte sera sienne une fois de retour ? N’oublions pas Giovanna, autre manquante, et si impressionnante lors des deux matchs contre la France cette année…
UN CHILI MUY PIQUANTE
Le Chili – dont la sélection nationale n’avait semble-t-il disputé aucun match depuis deux ans – fut l’équipe surprise du tournoi. Elle a offert, avec un beau coup de main de l’Écosse, le match le plus excitant du tournoi, un vrai bijou. La Rojita a tout le nécessaire dans la besace pour produire un football passionnant. Technicité et volonté de ses joueuses, vitesse, enthousiasme et tout simplement talent ont impressionné. Produit durable ? Nous verrons bien… Le Chili s’afficha tour à tour inexistant (premier affrontement avec le Brésil), très bon (Canada), fantastique (Écosse), médiocre (Finale).
Très encourageant, mais demande confirmation. Le premier gros raté contre le Brésil (incapacité à faire deux passes consécutives, perte de balle à chaque légère pression brésilienne sans jamais être en mesure de la reprendre) résulta avant tout d’un long voyage pour plusieurs joueuses du club de Colo Colo (huit dans l’effectif), arrivées du Japon après une participation à la Mobcast Cup, une cinquantaine d’heures d’avion en une semaine, sans compter les deux décalages horaires… Ce fut mieux contre le Canada. Restant derrière, elles menèrent des contres grâce à leurs rapides milieux et attaquantes, avec un peu de chance à la clé, le seul but marqué (pour une victoire surprise) résultant d’une énorme erreur de la gardienne canadienne.
Progrès tangible, suivi d’une spectaculaire confirmation lors de ce qui restera comme « LE » match du tournoi, face à l’Écosse. Le Chili apparut alors sous le jour d’une grande équipe, capable de mettre de la folie et pas sans rappeler les Nadeshikos japonaises de 2011… Trop d’efforts fournis contre l’Écosse ? Peut-être. En vérité, les Chiliennes disparurent à nouveau en finale face au Brésil, submergées par un trop brillant adversaire… Si l’écart avec les meilleures équipes comme le Brésil demeure énorme, le potentiel du Chili reste impressionnant. Attention toutefois, les joueuses protestent beaucoup contre les arbitres et, lorsqu’elles subissent, accumulent les fautes, d’où un grand nombre de cartons jaunes… Certaines joueuses ressortent du lot.
D’abord et bien sûr, la gardienne et capitaine Christiane Endler (1,80 m) qui s’est notamment offert le luxe de repousser un penalty de la reine Marta, a tout d’une future star. Yanara Aedo (20 ans), auteure d’un match extraordinaire contre l’Écosse après une grosse performance contre le Canada, pourrait vite en devenir une autre. Idem pour l’attaquante Maria-José Rojas, éblouissante dans les trois derniers matches. Les défenseuses Francisca Lara et Carla Guerrero, toutes deux de Colo-Colo (comme Aedo) méritent aussi qu’on retienne leurs noms.
Avec l’élargissement du nombre de participantes à la prochaine CM (24 au lieu de 16), le Chili possède une vraie chance de se qualifier. On ne peut que l’espérer. Le football féminin a besoin d’équipes capables d’assurer le spectacle. Et en attendant, les recruteurs de D1 seraient bien inspirés d’aller y jeter un œil…
Voir aussi :
Tournoi de São Paulo : Le Canada déçoit, l’Ecosse progresse
Résultats :
Brésil – Chili 2-0 (Marta, Thaisa)
Canada – Écosse 2-0 (Leon 9’, Sinclair 58’)
Brésil – Écosse 3-1 (Marta 27’, Debinha 35’ & 49’ / Lauder 75’)
Canada – Chili 0-1 (Aedo 41’)
Brésil – Canada 0-0
Chili – Écosse 4-3 (Rojas 22’, Francisca 58’, Araya 72’, Saez 77’ / Ross 25’, Murray 41’, Crilly 82’)
Match de classement : Canada – Écosse 1-0 (Schmidt 83’)
Finale : Brésil – Chili 5-0 (Formiga 8’, Marta 41’, Darlene 57’, Cristiane 76’, Debinha 86’)
Crédits photos : CBF.com.br / ANFP