Tabitha Chawinga, buteuse made in Malawi

Elle a vingt ans à peine, et dispute sa troisième saison en Suède, franchissant les étapes à une vitesse folle. La Malawite Tabitha Chawinga affole les compteurs et s’est positionnée parmi les meilleures buteuses de l’élite suédoise qu’elle côtoie depuis cette année. Découverte d’une jeune joueuse qui devrait continuer à faire parler d’elle

 

  

132e. C’est l’actuel classement FIFA (sur 136 pays classés) du Malawi, pays africain situé entre le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie. Chez les femmes, c’est le netball (variante du basket-ball) qui est roi, et le football féminin n’en est qu’à ses balbutiements. Pourtant, le pays a vu naître une pépite, il y a vingt ans de cela. Une jeune fille nommée Tabitha Chawinga, qui a quitté son pays natal à 18 ans pour découvrir de nouveaux horizons et progresser. C’est en Suède qu’elle a posé ses bagages, et qu’elle surprend son monde année après année, division après division. Aujourd’hui, après huit journées de championnat en première division suédoise, la Damallsvenskan, elle est sur le podium des buteuses, à égalité avec une certaine Marta. Pas mal pour une première saison au plus haut niveau, qui plus est dans les rangs d’un promu.

 

Du Malawi à la Suède

Le football féminin au Malawi, on l’a dit, n’en est qu’à ses débuts. Grâce à la FIFA et ses programmes de développement notamment, mais également l’appui de l’ancienne présidente Joyce Banda (2012-2014), militante des droits des femmes qui a tenté de nombreuses réformes et de développer les sports féminins, il semblerait que la discipline ait un avenir dans ce pays de 15 millions d’habitants du sud-est de l’Afrique. Dans les jeunes années de Tabitha Chawinga, cela n’était pas forcément le cas, et c’est donc principalement avec les garçons (parce que chez les hommes, le football est le sport le plus populaire) qu’elle a fait ses armes jusqu’à 14 ans, avant de rejoindre la capitale Lilongwe avec sa famille et le club du Sunshine, où elle a évolué avec d’autres filles.

 

Capitaine et star du Sunshine à 16 ans, Chawinga inscrit neuf buts en cinq sélections avec l’équipe nationale. Elle s’impose alors véritablement comme une joueuse à suivre qui peut prétendre à évoluer en Europe. Et ses rêves vont devenir réalité. Elle n’a pas encore 18 ans quand elle rejoint le club de Krokom/Dvärsätt IF, qui évoluait alors en Division 1 Norra Svealand, l’équivalent de la troisième division suédoise. Les questions quant à son adaptation, que ce soit d’ordre personnel ou sportif, sont vite écartées, et la jeune Malawite inscrit 39 buts en 2014, donnant un surplus de médiatisation à la division. Fort logiquement, elle passe à l’étage supérieur dès la saison suivante, et rejoint Kvarnsveden, un club qui a terminé cinquième des deux précédentes saisons en deuxième division.

 

Avec Kvarnsveden, le rapide franchissement des étapes

Tabitha Chawinga rejoint l’ambitieux Kvarnsveden pour la saison 2015. Le club évolue depuis plusieurs années en deuxième division, et a terminé cinquième des deux derniers championnats, les premiers réunifiés (auparavant, il existait deux championnats -nord et sud- au sein de la division). Pour viser plus haut, il lui manque quelque chose. Le club le trouve en la personne de Chawinga, qui inscrit tout simplement 43 buts en 26 rencontres, soit presque autant que ses poursuivantes Mia Jalkerud et Madeleine Stegius, 29 et 18 buts respectivement, et permet à son club de remporter le championnat devant Djurgården, club pour lequel jouent Jalkerud et Stegius.

 

La jeune Malawite reste fidèle à Kvarnsveden pour la saison 2016, qui voit le club accéder à la Damallsvenskan, l’élite du football féminin suédois. Elle annonce en début de saison que le sort du club dépendra du nombre de buts qu’elle arrivera à inscrire. Pour l’instant, le club possède six points d’avance sur la zone de relégation. Et Tabitha Chawinga, du haut de ses vingt ans et de son mètre soixante, fait parler sa vitesse -travaillée à l’athlétisme avec les garçons au Malawi- et sa puissance pour faire partie des meilleures buteuses du début de championnat. Six buts en huit matches, soit autant qu’une certaine Marta, son idole. En attendant de rejoindre un club plus huppé « en Suède ou en Angleterre » dit-elle, Chawinga porte les espoirs d’un club, mais également d’une nation en développement sur ses épaules.

 

 

Crédit photo : dalademokraten 

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