Stéphanie Frappart, le sifflet dans la peau

Première femme à arbitrer une rencontre professionnelle masculine, Stéphanie Frappart a déjà fait l’unanimité autour d’elle, autant pour ses qualités humaines que pour ses compétences techniques.

10 août 2014, Nîmes-Brest (0-0), Ligue 2. A la bonne heure. Une date qu’elle n’oubliera pas de sitôt. L’arbitre est une femme, ne vous en déplaise, messieurs, dames. Ce jour-là, Stéphanie Frappart entre dans l’histoire en devenant la première femme arbitre à diriger un match professionnel. « Une récompense du travail accompli, une reconnaissance et une fierté aussi », concède la Val-d’Oisienne qui, depuis, officie régulièrement en Ligue 2. Reconnue par ses pairs, respectée par le milieu du foot, elle n’a certes pas connu une ascension fulgurante, mais a bel et bien franchi les étapes, les unes après les autres.

Une carrière qu’elle a su bâtir à force d’humilité, « de travail, de persévérance et de rigueur ». Plaisir et émotion, dribbles et petits ponts. Premières foulées à 11 ans, avant de succomber à l’appel du sifflet. « J’ai voulu apprendre les règles du jeu, ça m’a plus » et elle a continué à siffler. 17 ans, l’heure des choix. Jouer ou arbitrer, telle est la question. Pas de réflexion métaphysique, ni de crise existentielle pour Stéphanie qui s’empare d’une noble vocation et, pour cela, se pare de rouge (pour les cartons) et de noir (pour les habits). Tout cela, pour mieux incarner son personnage. Entre la fac de sport et les entraînements, le rythme s’accélère. Stéphanie, aussi.

« Être au bon endroit pour prendre la bonne décision »

Déterminée. Inspirée. Passionnée. Entre un pied à la fédération sportive et gymnique du travail (elle est directrice des activités), et un autre sur les pelouses de Ligue 2, c’est de la (très) haute voltige. Mais les sommets, elle va rapidement les tutoyer. Coupe du monde 2015, JO 2016 à Rio. Elle enchaîne et fait…un carton. Désignée pour arbitrer la finale de la Coupe du monde U20 féminine, elle rêve de celle qui se déroulera, en 2019, sur son territoire. « La Coupe du Monde Féminine, c’est la plus belle compétition de football. Il y a de l’émotion, de l’engouement, du rêve.  C’est le très haut niveau ». Mais pas de doute, le niveau, elle l’a.

Préparation intensive et quotidienne, sur tous les plans. Physique, technique, tactique. Elle épluche les matches, décortique les séances vidéo pour mieux « analyser le jeu », « comprendre les acteurs » et « connaître les équipes » pour mieux « anticiper les situations », « être au bon endroit » pour « prendre la bonne décision ». A l’aide de son préparateur physique personnel, elle ne lésine pas sur les charges de travail, les séances et ne compte pas les heures, ni la sueur qui la rende meilleure. Pascal Garibian, le directeur technique de l’arbitrage, ne s’y trompe pas : « elle est soumise à des tests physiques identiques à ceux des hommes.» Mais le jeu en vaut la chandelle, car le jeu, c’est « mon objectif », s’enthousiasme-t-elle. Et la suite ? Considérée comme la meilleure arbitre de Ligue 2 par certains acteurs, elle ne « souhaite pas brûler les étapes ». « Quand ce sera le moment, je le saurais », concède-t-elle, modeste et rêveuse avant de conclure : «mais comme tout compétiteur, j’espère aller le plus haut possible ». Nous aussi…


Crédit photos : FFF

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