« Sponsoriser le sport féminin, une manière de se démarquer »

La première édition du Women Sports Forum s’est déroulée le mardi 23 mai aux Internationaux de Strasbourg, un tournoi de tennis éco-responsable. La thématique abordée ? L’économie du sport au féminin. Résumé en 3 sets.

 

 

 

L’égalité salariale au tennis, ce n’est que quelques semaines par an !

« On vit du tennis quand on intègre les 100 meilleures mondiales, explique en ouverture de la matinée la joueuse Pauline Parmentier, qui tape dans la petite balle jaune depuis l’âge de 6 ans. L’égalité des primes existe sur les tournois du Grand Chelem et certaines compétitions majeures comme Indian Wells. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, on gagne donc pareil que les hommes seulement quelques semaines par an ! » Au prize money s’ajoutent les revenus tirés de ses sponsors comme Lacoste et Babola.

« Aujourd’hui, à 31 ans, mon profil intéresse moins, je n’ai donc plus d’agent, je gère tout en direct, précise la Française. Les années fastes, j’ai gagné environ 400 000 euros, mais étant professionnelle, j’ai beaucoup de frais. Je paie moi-même, par exemple, mon entraîneur. » Quand on la questionne sur son avenir, Pauline Parmentier avoue avoir du mal à se projeter : « Je suis tout le temps en train de jouer, si je pense à ma reconversion, j’ai l’impression de déjà mettre un pied en dehors du circuit ».

 

 

Le sport au féminin, une économie prometteuse à structurer

Comme l’a rappelé Christophe Lepetit, responsable des études économiques et des partenariats au CDES de Limoges*, le sport au féminin est un secteur très porteur : « La pratique se féminisant massivement, les sportives poussent les équipementiers à innover en termes de biens et de services. Ce marché est clairement en plein essor. Concernant le haut niveau, on arrive à saturation chez les hommes. Sur un match de football par exemple, la multiplication des sponsors entraîne une faible visibilité pour des montants qui, eux, s’envolent. Le sport au féminin est à l’inverse un terrain à explorer qui permet un retour sur investissement avec de belles histoires à raconter. Mais attention, il doit trouver sa propre voie et ne pas tomber dans les mêmes excès financiers, notamment en matière de droits télé. »

La clé ? Casser les codes en arrêtant de réduire le sponsoring sportif à du naming ou à de la visibilité sur un maillot et une affiche. « Il faut convaincre les partenaires que les championnes représentent un intérêt en matière de RSE, incarnent des valeurs au-delà des terrains sportifs et peuvent, grâce à leur proximité et leur accessibilité, porter des messages auprès du grand public ou des salariés », insiste Magali Tezenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora, association à l’origine des « 10+1 bonnes raisons d’être partenaire du sport féminin ».

Deux précurseurs ont témoigné de leur engagement : Engie et BMW, entreprises partenaires des Internationaux de Strasbourg depuis de nombreuses années. « Soutenir le sport féminin est une manière de se démarquer, de faire preuve d’audace et d’avoir un coup d’avance, estime Gilles Simoncini, directeur délégué Grand Est d’Engie, qui souligne que la directrice générale du groupe, Isabelle Kocher, est un vrai moteur dans cette politique, à l’image de Stéphane Pallez à la FDJ. Je vois un parallèle évident entre cette prise de risque ambitieuse dans le domaine du sponsoring sportif et la stratégie innovante que nous menons en matière de transition écologique. » Chez BMW, ce choix permet de toucher les femmes autrement, mais aussi de faire écho à un engagement en faveur de la mixité en interne.

 

 

 

« Une manière de se démarquer, de faire preuve d’audace et d’avoir un coup d’avance »

 

 

 

 

Le combat n’est pas fini !

Les retransmissions télé de compétitions féminines ne cessent d’augmenter, tout comme les audiences et l’affluence du public. Les Internationaux de Strasbourg sont un bon exemple de cette progression. « En 2009, il y avait 5 000 spectateurs et une seule chaîne de télévision qui retransmettait l’événement, rappelle le directeur du tournoi Denis Naegelen. Aujourd’hui, on compte 25 000 spectateurs et 40h de diffusion dans 120 pays ! ». Mais, comme l’a martelé Xavier Couture, à la tête des programmes de France Télévisions, le combat est encore long et rien n’est gagné.

Or, sans médiatisation accrue, pas de développement de l’économie du sport au féminin. « Il faut réunir trois critères pour diffuser du sport à la télévision : un héros, un drapeau et un défi, précise-t-il. Nous envoyons un message fort en programmant la prochaine finale de la ligue des champions féminine sur France 2. Nous espérons plusieurs millions de téléspectateurs pour ce troisième PSG-OL retransmis sur nos chaînes cette saison. D’ici cinq ans, nous visons 35 à 40% de sport féminin sur les antennes de France Télévisions. » Pour assurer un véritable essor dans les médias, de l’avis général, des efforts sont également nécessaires de la part des collectivités territoriales pour assurer des infrastructures de qualité. Un travail d’équipe, en somme.

 

* Centre de Droit et d’Économie du Sport

 

 

Crédit photo : PSG

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