Sofia Jakobsson : « La pire seconde de ma vie »

Buteuse à Rodez samedi dernier pour son grand retour en D1, l’attaquante suédoise Sofia Jakobsson s’est rappelée au souvenir des fans de D1, 8 mois après une terrible blessure (rupture du ligament croisé), qui l’avait laissée sur la touche aussi bien en D1 que pour l’Euro. Confiante, elle compte bien peser de tout son poids ce mercredi (18h00), en 16e de finale retour de Ligue des champions.

 

 

On se dit parfois que la vie est cruelle. Sofia Jakobsson l’a expérimenté elle aussi fin janvier quand, sur une simple réception à la suite d’un saut, elle a senti son genou lâcher. Personne ne souhaitait un aussi terrible coup du sort à l’internationale suédoise, auteure jusqu’alors d’une saison incroyable à la tête de l’attaque montpelliéraine, si ce n’est – et encore – les gardiennes qu’elle avait maltraitées lors de la phase aller du championnat de D1. La Suédoise a vécu des mois de rééducation, d’abord à la clinique de Fontfroide, à Montpellier, puis au club, avant un détour par Capbreton (CERS-Centre Européen de Rééducation du Sportif ) en juin. Ensuite, elle a repris l’entraînement petit à petit avant de rejouer avec la DH, mercredi dernier, puis de retrouver les terrains de D1, face à Rodez (6-0) ce week-end. L’histoire aurait pu être banale si elle n’avait pas signé son retour d’un but, 4 minutes après son entrée en jeu (avant de délivrer 3 passes décisives). Mais c’est ainsi que la souriante blonde compte revenir au plus haut niveau. « Et vite ».

 

 

Pour votre grand retour en D1, ce week-end (face à Rodez, victoire 6-0, NDLR), votre deuxième match en dix mois, vous avez marqué ! Ça a dû être libérateur.

Sofia Jakobsson :  « Oui, j’étais trop heureuse ! Déjà de jouer, c’était incroyable, alors marquer mon premier but après dix mois, je ne peux pas exprimer avec des mots ce que je ressens. J’étais trop contente de retrouver mes coéquipières, moi je pensais juste à donner le meilleur de moi-même, et d’inscrire un but seulement 4 minutes après mon entrée en jeu, je ne m’y attendais pas ! Je ne pouvais pas rêver d’un meilleur come-back.

 

Quels souvenirs gardez-vous du moment de votre blessure ?

J’ai compris sur le moment que ma saison était terminée, que l’Euro me passerait sous le nez, c’était le pire jour de ma vie… J’ai senti directement que mon ligament avait lâché, parce que quand c’est le ligament, on le sent. J’ai sauté et quand je suis retombée, mon genou est parti, comme ça « pam ! ». Une seconde j’étais bien et la seconde suivante, j’ai su que je ne pourrais pas jouer pendant 8 mois, que je devrais me faire opérer… J’ai eu tellement de pensées dans ma tête à ce moment-là. C’est la pire seconde de ma vie.

 

 

Justement, que vous êtes-vous dit à ce moment-là ? Que c’était injuste ?

C’est ça. J’étais tellement triste, parce que je venais de passer les plus beaux mois de ma carrière ! Je ne pouvais pas croire que ça me soit arrivé, parce que c’est intervenu si vite… Mais je sais que j’ai beaucoup appris de cette blessure. A être plus forte sur le plan du mental, comme par exemple de me concentrer plus sur les évènements positifs. Maintenant, à chaque fois que je peux enfiler mes chaussures et jouer au foot, je me sens tellement heureuse. Je ne prends rien pour acquis, cette blessure m’a appris à bien apprécier chaque moment. Je n’ai pas pu jouer au foot pendant 9 mois, alors que ce sport représente tout pour moi. Mais je sais qu’à chaque entraînement, à chaque match, je prendrai beaucoup plus de plaisir que j’en avais avant.

 

 

« Chaque étape franchie de ma rémission me rendait heureuse »

 

 

Vous avez dû passer par beaucoup d’émotions pendant tout ce temps !

Il y a eu beaucoup de hauts et de bas. Les trois premières semaines, en attendant mon opération, c’était très difficile. Mais après ça, j’ai commencé à être beaucoup plus positive, à penser à mon retour. Je progressais par étapes et chacune d’entre elles me rendait heureuse. J’ai pu remarcher normalement, puis faire du vélo, puis de la gym, courir… Bien sûr c’était dur de voir mon équipe jouer, et de savoir que je ne pouvais pas les aider, mais ma progression me rendait fière. Le plus dur dans tout ça, c’était sûrement de devoir attendre pour toucher à nouveau un ballon, puisque ce n’est arrivé qu’en juin. Après, il m’a encore fallu 3 mois avant de rejouer, donc c’est sûr que c’était long !

 

Avant cette blessure, vous sortiez d’une demi-saison extraordinaire (elle avait inscrit 14 buts en 11 matches, NDLR). Pensez-vous pouvoir revenir à ce niveau ?

Je sais qu’après une blessure comme ça il faut du temps. J’ai beau avoir eu des retrouvailles fantastiques avec le terrain, je sais que ça ne sera pas comme ça tous les week-ends. Il y aura encore des hauts et des bas, et je jouerai chaque match avec la même rigueur qu’à l’entraînement, en essayant de faire de mon mieux. Je ferai le maximum pour aider l’équipe et revenir au plus haut niveau aussi vite que possible. Je sais que je peux revenir à mon niveau d’avant.

 

Vous avez peur de la rechute ?

Non. Pas du tout ! Quand je suis sur le terrain je n’y pense pas, parce que mon genou va bien. Ça ne me tracasse pas. Parfois ce sont mes partenaires qui ont peur et qui me disent « Ohhh ! », quand elles me voient tacler ou faire un geste. Je sais que le plus grand risque c’est de me dire que je vais me blesser à nouveau, et alors là ça arrivera, donc je joue comme je le faisais avant. Si les blessures arrivent je ne pourrai rien y faire, donc je m’applique à jouer et rien d’autre.

 

« A l’aller contre Zvezda, on aurait pu gagner 4-0 »

 

Vous avez assisté à la défaite rageante de votre équipe à la Mosson la semaine passée face à Zvezda (défaite 1-0, NDLR), vous pensez que l’équipe peut renverser la tendance à Moscou ?

J’en suis sûre. Pendant le match aller nous avons été la meilleure équipe sur l’ensemble de la rencontre, nous avons eu de très bonnes occasions, que l’on ne manque pas généralement. A mon sens, nous aurions pu gagner 3 ou 4-0. Sur leur terrain, je n’ai pas de doute, on devrait marquer quand on en aura l’occasion, et je suis sûre que nous gagnerons ce match. Tout le groupe est confiant, on en a parlé un peu, et on sait que si on joue notre jeu tout se passera bien.

 

Qu’est-ce qui a changé entre cette équipe de Montpellier que vous avez quittée en janvier, et celle que vous avez retrouvé en septembre ?

Je pense que nous développons un meilleur football maintenant. Nous jouons encore plus en tant qu’équipe… (elle réfléchit). Je pense qu’on a trouvé notre jeu, comment jouer ensemble. Hormis le match à Lyon, on a fait une superbe pré-saison, en gagnant contre Manchester City et d’autres bonnes équipes, puis en marquant beaucoup de buts d’entrée en championnat (Montpellier est toujours la 2e meilleure attaque du championnat, avec 25 buts inscrits, NDLR). Nous sommes confiantes, nous savons comment jouer, et puis on a de très bonnes joueuses tout court (sourire) !

 

 

« Je rêve de rejouer avec la Suède »

 

 

Cette blessure vous a-t-elle fait penser à votre après-carrière ?

Un peu, mais j’ai passé 99% de mon temps à penser au football et à mon retour. Et puis j’ai travaillé si dur… Je pense que je me suis entraînée comme je ne l’avais jamais fait auparavant dans ma vie. Tous les jours ma charge de travail allait de 4 à 5 heures, avec parfois 2 séances par jour. La seule chose à laquelle je pensais c’était de solidifier mon genou et de revenir aussi vite que possible. Je suis quelqu’un qui vit le moment présent, qui ne se préoccupe pas trop de l’avenir, et qui prend chaque jour comme il vient. Bien sûr je pense au futur, mais pas si fréquemment.

 

Quels sont vos objectifs cette saison ?

Ce sera d’abord de gagner le match de Ligue des Champions mercredi, pour sûr (sourire). Et j’aspire à ce que nous puissions continuer à jouer notre jeu, et pourquoi pas finir premières ou deuxièmes du championnat. Nous avons une bonne équipe, notre match contre Lyon n’était pas bon mais nous sommes meilleures que ça, et j’espère qu’on va terminer dans les places qualificatives pour jouer la Ligue des Champions la saison prochaine. Personnellement, je veux juste revenir sur le terrain, bien jouer, et j’espère marquer beaucoup de buts ! En parallèle, je rêve aussi de jouer à nouveau avec la Suède ».

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

 

Crédits photos : MHSC

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