Salma Amani : « C’est le moment de prendre des points »

Revenue la semaine dernière en D1 contre Soyaux après une suspension de 7 matches, Salma Amani a disputé ses premières minutes sous les couleurs de Fleury, qu’elle a rejoint cet été après 10 ans passés à Guingamp. Bonne dernière pour le moment, elle ne s’inquiète pas de la situation, alors que se profile la réception de Lille, dimanche (15h00).

 

La semaine dernière contre Soyaux, vous avez retrouvé la D1 après de nombreux mois sans compétition (Suite à une altercation avec Laurianne Cervera, Guingamp-Albi , le 23 avril dernier). Vous deviez avoir des fourmis dans les jambes après tout ce temps…

Salma Amani : << Non pas tant que ça, parce que je me suis entretenue quand même. C’était plus des fourmis dans la tête, parce que je ne suis pas très patiente ! Là je n’avais pas le choix, et j’étais hyper frustrée de ne pas pouvoir aider mes coéquipières à jouer. J’ai insisté pour accompagner mes partenaires, même lors du déplacement à Montpellier. Sauf que dans les tribunes, j’avais vraiment envie de leur donner un coup de pouce dans le jeu. Quand on s’entraîne toute la semaine on attend qu’une chose, la compétition. Et quand elle n’arrive pas au bout… c’est embêtant.

Comment avez-vous travaillé pour garder le rythme lors de cette longue période sans compétition ?

Je me suis entraînée comme si j’allais jouer le week-end. J’ai préparé mes semaines comme toutes les filles, j’ai participé à la préparation normalement… J’ai aussi joué deux fois avec la DH en septembre contre deux équipes de garçons, des U14 de Fleury, et contre Montrouge il me semble, mais je ne connais pas très bien les équipes puisque je viens d’arriver ! C’était pour avoir 90 minutes dans les jambes.

 

L’attente doit être compliquée à gérer…

C’était surtout difficile parce que j’étais apte. Ce n’était pas comme si j’avais un pépin physique. Donc c’était encore plus frustrant. Quand on est blessée c’est différent, on ne peut pas courir, bouger… Quand on est suspendue on se sent en forme, on en a envie, et finalement on ne peut pas jouer, donc c’est ça qui était frustrant surtout. J’en discutais avec les filles de l’équipe qui me disaient qu’elles savaient que ce n’était pas facile. Elles m’en ont beaucoup parlé parce que parfois, elles voyaient à ma tête que j’étais frustrée de ne pas pouvoir être avec elles le week-end. Mais sinon on ne fait rien de spécial, on prend son mal en patience, on n’a pas le choix.

 

« Il faut le temps de retrouver un groupe homogène »

 

Concernant la suspension, vous ne risquez plus de croiser Laurianne Cervera, à part en Coupe de France peut-être (elle est partie à Grenoble, en D2, cet été)… Cette histoire est réglée ?

Je n’ai pas discuté avec elle depuis. Nous avons des amies en commun, mais je ne la connais pas du tout. Je sais juste que sur le terrain c’est une teigne, que moi j’ai un gros caractère, et ça arrive que deux joueuses se clashent. Ça ne veut pas dire que je vais la recroiser à un match et que ça va mal se passer. C’était juste à l’instant T, sur un match un peu tendu, ça s’est passé comme ça… Il n’y avait rien de personnel.

 

Revenons-en au terrain. Malheureusement, au stade Léo Lagrange, Fleury a perdu pour la quatrième fois en 4 matches, (1-2). Comment analysez-vous le début de saison compliqué de votre nouvelle équipe ?

Déjà, on a affronté deux grosses équipes d’entrée : le Paris FC et Montpellier. Et puis nous sommes un club qui vient de D2, avec beaucoup de recrues, donc il faut le temps de retrouver un groupe homogène, que la mayonnaise prenne quoi ! Avoir des automatismes en aussi peu de temps c’est impossible. A Guingamp, d’où je viens, l’équipe actuelle, ça fait des années qu’elles s’entraînent ensemble pour un bon nombre. Mais ça va venir. Il y a eu du progrès, je l’ai vu dès le troisième match contre Bordeaux. Le groupe est de mieux en mieux, on avait des blessées qui reviennent, comme Teninsoun Sissoko, Sarah Palacin qui est à 100%. Et puis on a l’arrivée d’une recrue, Daphné qui va nous faire énormément de bien. On veut tout avoir tout de suite mais ce n’est pas possible, il y a des filles qui n’ont jamais connu la D1, et qui doivent s’ajuster. Au moins jouer contre le PFC et Montpellier nous a mis dans le bain direct. Moi j’ai confiance en ce groupe, on travaille bien et ça va payer. Franchement je ne suis pas inquiète, parce que contre Bordeaux on ne mérite pas forcément la défaite, et que contre Soyaux le nul aurait été mérité.

 

Vous avez mentionné l’arrivée, en prêt, de Daphné Corboz, qui vous a rejoint il y a peu des New Jersey SkyBlue (aux Etats-Unis), comment se passe son intégration ?

Ça se passe super bien parce qu’elle parle français couramment grâce à sa mère qui est Française ! J’ai discuté avec elle en séance de musculation lundi, c’est une fille ouverte, on échange beaucoup sur son expérience aux Etats-Unis, le fonctionnement là-bas. De son côté elle pose des questions sur la vie ici. Elle n’est pas dépaysée parce qu’elle a de la famille à Grenoble, et sa meilleure amie, Lucy Bronze, joue à Lyon !

 

« Je ne peux pas comparer Fleury à Guingamp »

Et sur le terrain ?

Ça se passe super bien aussi ! C’est un très bonne joueuse, techniquement elle est habile des deux pieds, elle joue avec une simplicité hallucinante, elle a un très bon placement. Même athlétiquement on sent qu’elle vient des Etats-Unis. Au niveau des jambes, on voit qu’elle a travaillé. J’ai été agréablement surprise, parce que je ne la connaissais pas, et j’ai hâte de jouer avec elle.

 

Et vous ? Cela fait maintenant bientôt trois mois que vous êtes arrivée dans cette équipe. L’intégration se passe bien ?

Parfaitement ! Je connaissais certaines filles pour les avoir affronté sur le terrain. Comme on est arrivé à plusieurs c’était plus facile de s’intégrer, et puis les filles qui étaient déjà là l’année dernière ne se prennent pas la tête, elles nous ont accueilli les bras ouverts, les installations sont top… Que dire de plus ?

 

Ce groupe est-il plus fort que celui que vous avez quitté à Guingamp ?

Je ne peux pas les comparer. C’est sûr qu’il y a une différence de niveau quand vous avez une équipe qui travaille depuis deux-trois ans avec les même joueuses en D1. Nous ça fait deux mois, on [les joueuses d’expérience, NDLR] essaye d’apporter notre vécu aux plus jeunes, donc on pourra en reparler à mi-saison, mais pas maintenant.

 

Lorsque vous êtes partie de l’En Avant deux ans avant la fin de votre contrat, vous avez déclaré vouloir relever un nouveau défi… quel est-il ?

J’estime que j’avais fait ce que j’avais à faire là-bas et j’avais envie de voir autre chose. Cette année mon défi va être de maintenir l’équipe dans l’élite. Sur le plan personnel ce sera de rester sur la même dynamique que l’année passée, au niveau des performances mais aussi en marquant des buts. L’année dernière ça reste la meilleure saison de ma carrière (9 buts en D1, NDLR), donc j’ai envie de surfer sur ça. Et je souhaite apporter mon expérience à ce nouveau groupe, et les tirer un maximum vers le haut. La barre des 10 buts ? Pourquoi pas ! Après je ne pense pas qu’à ça quand je joue mais ce serait sympa d’y arriver.

 

Comment se passent vos journées maintenant que vous êtes à Fleury ?

J’ai un contrat professionnel, mais je travaille à mi-temps, dans une société de transport-maintenance en tant qu’assistante administrative. Mes horaires sont hyper aménagées, pour me permettre de m’entraîner correctement. Avoir un boulot à côté ça me permet d’avoir un équilibre et c’est parfait comme ça !

 

« Le seul truc qui va me manquer, c’est la mer ! »

Après avoir passé la majorité de votre vie en Bretagne, vous avez quitté vos racines. L’adaptation en région parisienne est-elle facile ?

Franchement, je m’attendais à pire (sourire). De base, je m’étais dit que je n’irais jamais en région parisienne, comme quoi il ne faut jamais dire jamais (rires) ! Je m’étais fait une montagne des bouchons, du temps, des gens désagréables… Le cliché quoi ! Et en fait non. J’habite à Corbeil-Essonnes, et on ne dirait pas qu’on est en région parisienne, l’environnement visuel ne me change pas trop de la Bretagne. Le seul truc qui va me manquer c’est la mer ! Parce que quand on est Breton, la mer on aime ça ! Après quand j’aurai des moments de libres je sais que je pourrai aller à la mer sans soucis donc ce n’est pas si grave. Mais sinon au final je me suis bien adaptée, l’appartement est top, dans un coin tranquille, je m’y fais bien, même si c’est vrai qu’il y a des bouchons (sourire)!

 

Dimanche, un match à haute importance se joue chez vous, face à Lille, l’autre équipe promue cette saison. C’est déjà un match capital ?

Oui. C’est le moment de prendre des points. Ça va être le troisième concurrent direct qu’on affronte, donc si on n’ouvre pas le compteur là pour se rassurer, ce sera compliqué dans les têtes. Ce ne sera pas une rencontre décisive parce que la saison est longue, mais pour le groupe, ce serait bien de prendre des points dans ce match-là, pour se rassurer dans les têtes, qu’on soit conscientes de ce qu’on peut faire. Si ça peut rassurer le groupe et que la dynamique change de bord, ce sera bien. A toute l’équipe de se mettre en marche. Il faut avoir confiance en nous et développer notre jeu comme on le fait à l’entraînement.

 

 

Crédits photos : FCF Fleury 91 / Nelson Fatagraf / Le Télégramme.

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