Saint-Maur, tout sauf la Vie au Grand Air

Impressionnante équipe la saison dernière en D2, la VGA Saint-Maur arrivait dans l’élite avec un statut de promu solide. Quelques mois plus tard, le club francilien, déjà officiellement relégué, traîne sa peine avant la fin de saison en Division 1.

 

 

 

 

 

22 victoires en 22 matches, une place de leader obtenue haut la main. L’année dernière en D2, Saint-Maur avait tout écrasé sur son passage, bien aidé par sa serial-buteuse, Marlyse Ngo Ndoumbouk (42 buts au final en championnat la saison dernière). Partie à la mi- saison, la Camerounaise décrivait il y a quelques semaines sur notre site les raisons qui, d’après elle, expliquaient la saison aux antipodes de l’exercice 2014-2015 que vit actuellement la VGA. «Pour moi on a surtout mal géré le recrutement l’été dernier. Après nos 22 victoires en D2 sur la saison 2014-2015, le coach a, je pense, voulu surfer sur cet esprit de cohésion de groupe, sur cette bonne dynamique, mais il nous manquait des joueuses d’expérience».

 

Manque de vécu ?

Le vécu, grand responsable du passage à vide de l’équipe francilienne en D1 ? Pas vraiment d’après la jeune milieu de terrain (21 ans), Melissa Gomes: « Il y a deux, trois joueuses qui ont beaucoup de vécu, comme Mélodie [Carré], Marlyse, Lilia Boumrar, Leila Meflah, Marianne Amaro, qui vient de Paris, donc on peut quand même dire qu’il y avait de l’expérience ». Le bilan affiché par le club du Val-de-Marne après 19 journées (1 victoire, 2 nuls et 16 défaites) ne doit pas tout à un quelconque manque de maturité, d’après la présidente en début de saison, Marie-Thérèse Policon : «Il y a eu de la malchance, tout un tas de choses qui n’ont pas fonctionné comme on souhaiterait que ça fonctionne, explique-t-elle. Le fait déjà de ne pas avoir su gagner contre des équipes qui étaient à notre portée». Un étonnant paradoxe que celle qui a dû céder sa place pour diverses raisons décrit ainsi : «On a réussi nos meilleurs matches contre les équipes du haut de tableau. Quand on voit ce qu’on a pu faire contre le PSG, Juvisy et Montpellier, et qu’on est pas capable de battre Nîmes, sans leur manquer de respect, c’est compliqué. Quand je vois qu’on arrive à mener face au Paris Saint Germain pendant 80 minutes, mais qu’on se fait surprendre par des équipes plus faibles, il faut se poser des questions».

 

7 mois sans gagner

Melissa Gomes, qui connaissait déjà la D1 pour y avoir évolué sous les couleurs de Juvisy, avant de revenir au club à l’été 2014, avance quant à elle des raisons psychologiques pouvant expliquer ces deux visages affichés par la VGA, en fonction de l’adversaire : «Quand on va affronter Lyon ou le PSG, on donne tout, on fait tout pour prendre le moins de buts possible, par contre lorsqu’on joue contre de plus petites équipes, on se dit peut-être que c’est plus à notre portée et du coup on ne joue pas les coups à fond». Un constat sans appel, que vient pourtant occulter quelque peu les résultats de l’équipe. En commençant la saison face à Lyon, Saint-Maur partait avec un match-valise (les Lyonnaises se sont imposées 7-0) d’avance sur ses autres concurrents au maintien, objectif du club en début de saison, avant de s’incliner face à Albi, puis de glaner sa première victoire face à… Nîmes, lors de la 3ème journée. C’était le 13 septembre, une éternité, et c’est peu dire, puisque c’est aussi la date de la dernière victoire, chez les hommes, de l’OM à domicile.

Chez nos confrères du Parisien, l’entraîneur, Régis Mohar, qui est resté sourd à nos sollicitations, s’avançait à dire que « le club n’[avait] pas mesuré ce que représentait la D1». Pourtant, Marlyse Ngo Ndoumbouk avait bien cerné la situation en mars dernier : « Il y a quatre équipes qui se disputent la D1, le reste jouant la D2, avait-elle reconnu. Dès que vous affrontez le Top 4, vous essayez de limiter la casse. Après vous vous dites toujours que vous pouvez essayer de créer la surprise, mais il y a un monde d’écart entre ces équipes-là et le reste». «Quand on voit les résultats des équipes qui sont montées avec nous, dit Mme Policon, je ne suis pas sûre qu’on puisse appeler ça véritablement une déception ». Pour cette dernière, la saison n’a pas été qu’un gâchis : « Ça a été difficile mais c’est quand même une belle expérience, on apprend toujours de ses échecs comme de ses réussites».

 

  

Privé de staff médical toute la saison

Pour en revenir à la situation actuelle des trois promus, elle poursuit : «Je pense que ça montre tout l’écart qui peut exister entre la division 2 et la division 1 quand on n’a pas forcément les moyens de se renforcer comme on le souhaiterait». Des moyens, il est vrai que la VGA en manquait cruellement, comme le dit Melissa Gomes : « On n’a pas tout le matériel dont disposent d’autres clubs, comme la vidéo par exemple, on a beaucoup moins de financement pour progresser. Ne serait-ce qu’un but amovible ! » explique l’internationale espoir portugaise, alors que le club a passé la saison sans véritable staff médical. Blessée une bonne partie de la phase retour, la joueuse parle en connaissance de cause, en évoquant un « manque médical ». Une désuétude qui prouve aussi combien le staff ou les joueuses ont fait preuve de courage au terme d’une saison compliquée, comme le rappelle l’ex-présidente du club : « Je pense que toutes les filles étaient très motivées, elles ont fait beaucoup d’efforts. Vous savez elles avaient quatre entraînements par semaine, alors qu’elles ont un travail à côté, sans aménagement d’horaires, on leur demande déjà beaucoup d’efforts ». Quelle est la part de responsabilité du club dans les mauvais résultats ? Quelles seront les conséquences de cette relégation sur les finances et sur les objectifs du club (une remontée immédiate ?) ? Le successeur de Marie-Thérèse Policon, Eric M Pomé, a fermement décliné notre demande d’interview.

 

Une joueuse à 10 buts, et c’est (presque) tout

Seul élément de réponse à notre première question, le départ de Marlyse Ngo Ndoumbouk pendant l’hiver, à Nancy, qui illustre aussi le manque de moyens du club, dans l’incapacité de conserver sa meilleure joueuse, qui avait déjà inscrit 10 buts pour son équipe, un total dont aucune joueuse ne se rapproche, et de loin (la deuxième meilleure buteuse de la VGA est Lila Boumrar, la capitaine, qui a inscrit… deux buts). « Le départ de Marlyse ne nous a pas aidé dans le sens où c’est elle qui marquait la grande majorité de nos buts, reconnaît Marie-Thérèse Policon. Peut-etre s’est-on trop reposé sur elle pendant deux ans. Mais je pense qu’on avait plus un collectif que des individualités » analyse-t-elle, à l’instar de sa jeune milieu de terrain : « Le départ de Marlyse, on peut dire que c’est un mal pour un bien. Elle nous a beaucoup apporté pour la montée en D1. En fait à l’entraînement, on avait toujours un très bon jeu collectif, mais lorsque qu’on était en match, il y avait peut-être un peu d’appréhension, un manque de confiance et d’expérience qui faisait qu’on allait jouer plus sur Marlyse, donc quand elle est partie, on s’est sûrement rendu compte qu’on était assez fortes pour jouer ensemble. Et après ça, on s’est dit qu’on allait commencer à jouer comme on le faisait à l’entraînement ».

Reste que les résultats n’ont pas suivi, et que la VGA a eu confirmation de sa présence en D2 lors du prochain exercice, deux mois, presque, avant la fin du championnat. Révélant une nouvelle fois le manque d’équité entre équipes de D1, qui explique combien il est compliqué pour les clubs non-professionnels d’envisager un avenir sur le long terme dans l’élite. Saint-Maur s’apprête à remercier Régis Mohar en fin de saison, lui qui avait l’impression d’être allé au bout, et laissera sa place à son adjoint Sofiane Mansouri en deuxième division. Mais avant, il espère partir la tête haute : « L’objectif jusqu’à la fin de saison ? Minimum une victoire, annonce Gomes. C’était ce que le coach nous avait dit avant le match contre Soyaux, ça n’a pas été le cas (défaite 2-0, ndlr), du coup on va essayer jusqu’à la fin ».

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