S.Riscagli : « Une section féminine a un coût, autant l’emmener vers le haut-niveau »

Le club de Dijon, le DFCO change de politique pour sa section féminine. Le club veut amener son équipe de D2 à la D1 et construit pour ça un vrai parcours en amont. Interview de Samuel Riscagli, le manager de la section féminine.

 

 

 

 

 

 

Le Dijon Football Côte d’Or (DFCO) a décidé de se séparer de certaines filles à la rentrée prochaine, pourquoi ?

S.R : « Jusqu’à maintenant, depuis la création de la section féminine il y a cinq ans, on prenait toutes les filles qui voulaient jouer au foot, mais moi je suis issu du staff pro du club, et le président a décidé de me mettre à disposition des filles pour le développement de la section. Pour nous, prendre des filles sans objectif n’est pas très intéressant. C’est pourquoi on ne gardera que celles qui intégreront la section sportive au collège ou au lycée pour les former vraiment.

 

Un club n’a t-il pas un rôle d’accueil, notamment des plus jeunes ?

– Si, c’est pourquoi nous gardons l’école de foot, car le rôle du DFCO est de faire découvrir la discipline, et de créer des vocations pour les filles de maternelle et de primaire. Mais, à partir de la sixième, c’est différent : nous sommes un club pro et nous devons miser sur la formation. Donc celles qui veulent jouer en loisirs rejoignent les clubs satellites, et nous continuons à les suivre pour qu’elles reviennent pourquoi pas plus tard, si elles peuvent apporter quelque chose à une de nos équipes.

 

Le football féminin est donc désormais l’objectif de développement du DFCO ?

– Ma première année à ce poste a été une année d’observation, mais à partir de septembre, oui, on emmène les filles vers un football plus professionnel.

 

 

« Une partie de l’équipe aura un contrat pro »

 

 

C’est-à-dire ?

– Nous avons l’objectif du plus haut niveau pour les seniors, qui végètent jusqu’à présent en milieu de tableau de D2. Cet objectif passe par la suppression de l’équipe de DH et la création d’une équipe de U19 nationale. Aujourd’hui, les filles de DH n’ont pas le niveau pour la D2 ; donc on préfère miser sur des plus jeunes qui pourront rejoindre l’effectif. On mise pour cela sur la formation des plus jeunes, pour laquelle on a fait un gros travail, sur un an et demi pour le recrutement, on a quarante filles qui intègrent la section collège en septembre, et vingt celle du lycée.

 

Vous prenez les meilleures de la région et laissez les autres aux plus petits clubs donc ?

– On a des clubs satellites, des éducateurs avec lesquels on travaille. Notre but n’est pas de dépouiller les clubs, c’est un travail d’observation. On a un vrai projet éducatif pour les filles qu’on va accueillir : elles devront avoir des résultats sportifs mais aussi scolaires avec l’objectif du Bac pour toutes. Surtout, elles bénéficieront des infrastructures du centre de formation des garçons, avec un vrai encadrement médical, des bons terrains… Elles vont bénéficier de conditions meilleures que dans certains clubs de D1 féminine.

Après, on ne se prend pas pour ce que l’on n’est pas. On n’est pas l’OL ou le PSG, il faut rester lucide, notre objectif n’est pas de former des joueuses pro, mais de professionnaliser nos joueuses. C’est une nuance de taille : nos filles arriveront dans le monde professionnel grâce au foot avec des diplômes d’éducateur par exemple, que nous développons en partenariat avec l’université.

 

Que va apporter cette section féminine nouvelle version au DFCO ?

– Aujourd’hui, le président se dit qu’avoir une section féminine, ça a un coût. Donc quitte à en avoir une, autant l’emmener vers le haut niveau. Aujourd’hui on a 142 filles, c’est beaucoup trop car on est loin d’avoir 142 filles qui ont les compétences pour aller vers un niveau intéressant. On n’a rien envers les filles qui sont là actuellement mais si on ne fait rien, il ne se passera jamais rien. Les parents et les filles peuvent être déçus, mais il faut instaurer une dynamique de changement tous ensemble. On va travailler comme avec les garçons, ni plus ni moins.

 

Que représente cette nouvelle tournure en terme d’investissement ?

– Je ne peux pas parler de chiffres, mais c’est le jour et la nuit. Une partie de l’équipe de D2 aura un contrat pro l’an prochain, ce qui nous permettra de placer les entraînements à des horaires plus raisonnables et plus adaptés que 19h, après le travail ou les études. ».

 

 

Crédit photo DFCO/ Vincent Poyer

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