S.Joseph : «Pour l’instant, ça se passe très bien»

Nommé meilleur entraîneur de D1 la saison dernière par Foot d’Elles, Sébastien Joseph, à la tête de Rodez, qui a connu sa première victoire de la saison face à Metz ce dimanche (0-4), est revenu sur le début de saison de son équipe et la suite du championnat, dont ce choc dimanche, face à Juvisy.

 

 

 

 

Vous avez passé le début de saison loin de votre banc de touche, en raison d’une suspension, qui courra toujours dimanche contre Juvisy (ce sera le dernier match de suspension du technicien ruthénois, ndlr), cela a-t-il perturbé votre équipe ?

S. J : « Pour l’instant, je ne pense pas qu’on ait été très affectés, puisqu’à Paul Lignon (le stade de Rodez, ndlr) le banc de touche est sous la tribune, et quand je m’approche du grillage je suis à trois mètres de la ligne de touche. Du coup, vu que j’ai une voix qui porte (sourire), mes joueuses m’entendent quand même. Pour les matches à l’extérieur, j’ai aussi réussi à me débrouiller afin de pouvoir leur parler. Même si je sais que les filles préfèrent que je sois sur le côté du terrain. Le plus difficile, c’est la communication avec le staff, lorsqu’il s’agit de faire des choix pendant le match, des changements… Maintenant, on a aussi essayé de mettre cette sanction à profit et de rendre la chose utile. Lors de chaque match par exemple, je me suis placé lors des quinze premières minutes dans les tribunes, ou dans les cabines de presse, pour prendre du recul et de la hauteur et ainsi d’avoir une analyse plus pertinente à la mi-temps, concernant les faiblesses de l’adversaire voire même de nos propres carences. Et puis comme je le dis souvent, l’entraîneur est surtout utile avant et après le match, ainsi qu’à la mi-temps, sinon ce sont surtout aux joueuses de jouer. Ce sont elles qui ont les clés sur le terrain.

C’est difficile de suivre le match à cette place, inhabituelle pour vous ?

– Oui, mais bizarrement, le premier quart d’heure, lorsque je suis dans les tribunes, je ressens moins la pression du match que lorsque je suis sur le banc. J’ai un côté un peu plus spectateur, et ça m’enlève un peu du stress que j’ai lorsque je suis sur le banc. Les secondes sont un peu moins longues à vivre aussi… (sourire).

 

Pour revenir sur votre intersaison, le départ de Marine Haupais a-t-il été comblé ?

– Je le pense, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, puisque les deux joueuses que nous avons recrutées à ce poste, à savoir Océane Daniel et Cathy Couturier, sont d’excellentes joueuses et d’excellentes recrues. Nous avons surtout été impactés en dehors du terrain, puisqu’au-delà de l’excellente joueuse qu’était Marine, c’était aussi une capitaine, une cadre et une leader exemplaire. C’était une fille extraordinaire sur le plan humain, qui avait cette joie de vivre et cette force de mettre tout le temps de la bonne humeur dans le groupe. Malgré tout, nous sommes un groupe jeune, qui vit bien. Cela a souvent été la force de Rodez d’avoir une vie de groupe réputée assez forte. Je dirai même que dans le passé, ça a sûrement eu la vertu de maintenir l’équipe en D1.

Vous maintenez encore des contacts avec elle ?

– Pas aussi fréquemment qu’avec mes joueuses (rires), mais bien sûr ! Nous sommes restés en bon termes. Lorsqu’elle m’a dit qu’elle avait l’opportunité d’aller jouer à Montpellier, j’ai été le premier à lui dire : «Vas-y Marine». Je lui ai aussi dit que si elle ne le faisait pas maintenant, elle le regretterait toute sa vie. À un moment, on n’est pas là pour être égoïstes non plus. Je savais que ce serait une super expérience pour elle là-bas. Toutes les semaines ou tous les quinze jours, nous nous écrivons, ou alors on se téléphone. On parle beaucoup de l’aspect sportif, de mon groupe, des adversaires que nous avons affrontés le week end. On a gardé de bons rapports puisqu’on ne lui a pas mis de bâton dans les roues. Qui plus est, on avait aucun moyen de la retenir chez nous, elle n’avait pas de contrat fédéral avec nous, il n’y avait rien de contractuel et elle était libre de signer dans un autre club, je ne vois pas comment on aurait pu s’opposer à son départ.

 

 

« L’équipe a tout de même gagné en maturité »

 

Vous aviez un calendrier abordable (déplacement à Saint-Etienne, réception de Soyaux, déplacement à Metz), dont vous sortez avec 5 points (deux nuls, une victoire). Comment jugez-vous ce début de saison ?

Si on n’avait pas gagné à Metz, ça aurait été un début de saison décevant. Après, lors de nos deux premiers matches, c’était frustrant, puisqu’on mène au score avant de se faire rejoindre. Aujourd’hui on a aussi le sentiment qu’on pourrait être à neuf points, mais globalement je pense que 5 points en 3 journées, après avoir battu un adversaire de bas de tableau et ne pas avoir lâché de point face à des adversaires directs- même si on en a pas pris non plus- c’est important. Face à Soyaux on n’a pas su tuer le match, et forcément à force de gâcher des occasions on s’est fait punir. L’équipe a tout de même gagné en maturité, puisqu’on ne perd plus ce genre de match. Comme on dit, quand on n’est pas capable de gagner un match, il faut aussi savoir ne pas le perdre. Notre objectif reste avant tout de nous maintenir. Aujourd’hui, nous avons 5 points d’avance sur les relégables, et je me dis que ces équipes-là vont avoir du mal à remonter cet avantage qu’on a sur eux. Il nous reste une confrontation directe face à Albi, mais je ne vois pas comment Metz pourrait revenir sur nous, étant donné la situation actuelle.

Il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir concernant Rodez ?

– On est partagé entre l’idée qu’après ces trois journées où on ne devait pas jouer Paris ou Lyon, on n’a pas tout gagné, mais que c’était aussi un début de championnat compliqué pour nous parce qu’il fallait être prêt tout de suite, parce qu’on savait qu’il y avait l’obligation de prendre des points immédiatement. Finalement, au bout de ces trois premières journées on est quand même invaincus, et on fait partie des quatre seules équipes à être dans ce cas en D1 avec Lyon, Paris et Montpellier. Ça montre que c’est un début de championnat satisfaisant. Après, c’est frustrant parce que même si Juvisy a perdu un match, ils ont su remporter leurs deux dernières rencontres, et ils sont maintenant devant nous.

Justement vous allez rencontrer Juvisy ce dimanche, contre qui vous aviez perdu et obtenu le nul la saison dernière. Les trois points sont-ils envisageables cette fois ?

– On joue tous les matches pour les gagner. Je pense que la confiance acquise la saison dernière nous fait prendre conscience qu’on a notre rôle à jouer dans ce championnat. On s’aperçoit pourtant que face aux équipes qui ont fini aux quatre premières places du classement, hormis notre nul au retour face à Juvisy, on fait 5 défaites sur 6 matches. On n’est pas non plus inconscients. Si nous avions fini à 3 points du 4e la saison dernière, on pourrait se dire qu’il y a quelque chose à faire. Mais vu l’écart au classement entre nous et le 4e (18 points), on est conscient qu’il y a un gouffre avec ces équipes-là, et que même un nul sera satisfaisant. En début de saison, on réfléchit surtout aux 23 points qui nous permettent cette année, avec l’instauration de la victoire à trois points, de nous maintenir. L’objectif est d’atteindre ce chiffre le plus rapidement possible. 

 

Le classement n’est donc pas une obsession pour vous ? 

– Si bien sûr, mais du moment où on ne se qualifie pas pour la Ligue des champions, qu’on soit 3e ou 10e, on est maintenu dans l’élite. Le classement est important parce qu’il nous permet d’effectuer un meilleur recrutement, par exemple. La 5e place obtenue l’année dernière nous a permis de recruter des joueuses qu’on n’aurait pas eues si on avait fini 8e. Ça nous permet aussi de structurer le club. Notre parcours en coupe de France la saison dernière (demi-finale) nous a également permis de générer de l’argent, des projets au niveau de la section féminine . L’enjeu du classement est essentiel de ce point de vue, on cherche à avoir le meilleur classement possible dans l’anticipation de la saison suivante. Mais je trouve ça plus logique de raisonner en termes de points qu’en termes de classement. Si nous terminons à la 6e place cette année, on ne va pas sortir les mouchoirs en se disant qu’on a fait moins bien que l’année dernière, au contraire ! Il y a deux ans, Guingamp avait fini 5e, et je n’ai pas envie de vivre la saison qu’ils ont passé la saison dernière où ils se sauvent lors de la dernière journée ».

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

Crédit photo : cahiersdufootball.net

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