Rima bent Bandar ben Sultan, la féministe qui dirige une fédé sportive mixte en Arabie saoudite

Princesse de sang royal et ancienne patronne d’une entreprise de luxe. Mais Rima bent Bandar ben Sultan est aussi féministe, humaniste et – un peu – rebelle, d’où sa nomination à la tête d’une fédération sportive saoudienne qui englobe aussi bien des hommes que des femmes.

 

 

Rima jongle avec les codes et dribble les différences

Non content d’être le nouvel homme fort en Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane Al Saoud multiplie les signes d’assouplissement à l’intention de la communauté internationale. Il vient ainsi d’autoriser les femmes à conduire et à se rendre au cinéma. La nomination de la princesse Rima bent Bandar ben Sultan s’inscrit dans le droit fil de cette volonté d’ouverture. Il s’agit plus exactement de deux nominations distinctes, qui constituent deux grandes premières en Arabie saoudite. En août 2016, Rima avait été nommée à un poste de direction dans une structure comparable à notre ministère des Sports, bien qu’elle n’ait jamais pratiqué l’escrime. Et en octobre 2017, le gouvernement lui a confié la présidence de la Fédération saoudienne chargée du sport en communauté. Une fédération omnisports qui vise à encourager la pratique sportive, tant chez les hommes que chez les femmes.

 

Un profil assez peu conventionnel

La nouveauté de cette récente nomination est double : non seulement une femme chapeaute des activités sportives en partie masculines (c’est une grande première), mais en plus il s’agit d’une femme au profil très particulier et peu habituel en Arabie saoudite, du moins pas au grand jour. Rima est certes une princesse portant le voile, donc nantie parmi les nantis et sans animosité particulière à l’encontre d’un régime qui l’a faite princesse.

Il n’empêche qu’elle a sans doute été nommée pour des caractéristiques moins attendues. Cette mère de deux enfants est divorcée depuis 2012, elle milite inlassablement pour la prévention, le dépistage et le traitement du cancer du sein, mais aussi – et peut-être surtout – elle est la championne de l’intégration de la femme dans le milieu du travail en Arabie saoudite. Et même dans tous les milieux, y compris dans le sport. Elle a également la double particularité de connaître parfaitement l’Occident (son père fut ambassadeur à Washington pendant deux décennies) et d’être une femme de culture (cette diplômée de muséologie a même effectué un stage à l’Institut du Monde arabe à Paris).

 

Le treizième travail d’Hercule

Tel sera sans doute là son plus grand défi : partir de presque rien et arriver quelque part. En Arabie saoudite, les femmes n’ont pas le droit de pratiquer le sport en public ni d’assister à des rencontres sportives publiques en un même lieu que des hommes. Les plus fondamentalistes vont jusqu’à leur refuser toute pratique sportive, fût-ce en privé et entre femmes. Résultat, la délégation saoudienne aux Jeux olympiques n’incluait que deux athlètes féminines à Londres en 2012 et quatre sportives à Rio en 2016. Encore s’agissait-il d’invitations spéciales, le CIO ayant dû faire à Rio une exception au code vestimentaire laïque pour ces quatre athlètes dont aucune n’avait réalisé les minima olympiques de qualification.

 

On ignore si la princesse Rima bent Bandar ben Sultan pourra s’enorgueillir de résultats sportifs plus glorieux pour Tokyo 2020 et Paris 2024. Sa nomination correspond en tout cas à une volonté politique de dynamiser les résultats olympiques de l’Arabie saoudite. 

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