Quand les politiques s’en mêlent (4/4)

Il y a sept mois, les joueuses de l’équipe nationale australienne refusèrent de se rendre aux États-Unis pour y disputer deux matches contre les championnes du monde en titre. Retour sur les ondes de choc provoquées par ce mouvement de grève à sensation, et sans précédent dans les annales du sport féminin.

 

 

Entre menaces de grèves, débrayages, boycottages, omniprésence des syndicats, salaires, tribunaux et parité, les politiques de tous poils commencent forcément à s’inviter dans la ronde. Pour le plus grand bonheur des joueuses ? Tour d’horizon non exhaustif.

 

En Australie, des fédérations dans le collimateur

Au mois de septembre pas une seule voix ne s’était élevée sur l’île continent pour condamner l’action des Matildas. Au contraire. Non content de prendre position en faveur des joueuses, l’opinion publique australienne se disait également choquée de découvrir le traitement réservé à ses sportives sur le plan financier. Six mois plus loin, Sussan Ley vient de mettre en demeure les 30 principales disciplines sportives du pays. En matière de déplacement, les fédérations doivent désormais offrir aux sélections féminines les mêmes conditions que pour leurs homologues hommes. En cas de refus, la ministre des sports a promis de diminuer les subventions annuelles attribuées aux fédérations indirectement mises de côté. Celles du football, du cricket et du basket étant là visées. 

 

Aux États-Unis, Démocrates contre Républicains

Fin octobre, au Sénat américain, il n’était plus question de passer un budget ou de réformer le système de l’éducation. Ce jour là, encore sous le charme du titre de championnes du monde des footballeuses reçues, en plus, quelques jours auparavant à la Maison Blanche par Barack Obama, les sénateurs se sont mis à discuter foot. Le sénateur démocrate Patrick Leahy souhaitait voir adopter une mesure réclamant à la FIFA que les femmes empochent dorénavant les mêmes primes de matches que les hommes en Coupe du Monde, soulignant que les Américaines venaient de se partager un pactole de 2 millions de dollars contre 35 millions de dollars, un an plus tôt, par les joueurs de la Mannschaft. Mais à l’arrivée, un sénateur républicain fit blocage et les choses en restèrent là.

 

En France (*), toujours que des… rapports, et des paroles

Au mois de juin 2011, un rapport s’était contenté de mettre l’accent au Sénat (**) sur les difficultés spécifiques rencontrées par les femmes dans le sport de haut niveau. Ce rapport établissait le constat suivant : «En comparant le montant moyen de l’aide de l’État attribuée respectivement aux sportives et aux sportifs, en 2008, les femmes avait en moyenne perçu 293,28 € de moins que les hommes, pour atteindre une différence de 460,96 € en 2009.»

 

Et au pays des All Blacks…

Dès qu’il s’agit des droits de la femme, la Nouvelle-Zélande a historiquement toujours montré l’exemple. En adoptant le suffrage universel, elle fut ainsi la première nation à leur accorder le droit de vote. C’était en 1893 (***). Et un siècle plus loin, d’après l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (l’OCDE), le pays des All Blacks continue de montrer la voie, au reste des pays industrialisés, en matière de parité des salaires : 5.6%, contre 15% pour la moyenne mondiale. Quid des membres de l’équipe nationale féminine néo-zélandaise (alias les Football Ferns) ? Faute de moyens et de professionnalisation de leur championnat, l’élite des footballeuses kiwis reçoit néanmoins pour chaque journée passée en service commandé pour la sélection nationale le même ‘défraiement’ que ses homologues footballeurs. Idem en ce qui concerne toute somme d’argent raflée en compétition. 

 

 

(*) En France, les femmes ne votent que depuis les élections municipales du 29 avril 1945.

(**) Hémicycle où l’on entend souvent le commentaire suivant : « C’est bien la parité en politique, mais c’est bruyant.»

(***) Complété en 1919 par un droit d’éligibilité.

 

 

Episodes précédents à lire :

Le salaire de la joueuse (1/4)

Les contrats fédéraux (2/4)

Dans le jardin des championnes du monde (3/4)

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer