PSG – LOSC : « L’équipe féminine du PSG mérite plus que d’être en errance »

Facile vainqueur du LOSC (6-1), dimanche, pour le compte de la 3ème journée de D1 féminine, le PSG a continué sa montée en forme, dans ce qui était peut-être le dernier match de sa saison au Camp des Loges. Un dossier sensible, complexe, et frustrant, pour l’équipe comme pour les supporters.

 

 

Le soleil a beau rayonner très fort ce dimanche de septembre, au Camp des Loges à Saint-Germain-en-Laye, l’orage gronde en coulisse de ce match de la 3ème journée de D1 féminine entre le PSG et le LOSC. « Le lieu du match d’aujourd’hui [au stade Georges Lefèvre, NDLR], on l’a appris au dernier moment, donc on se demande si les féminines ne sont pas lâchées par le club, se désole Elisabeth, 48 ans, lunettes de soleil sur la tête et maillot de Laura Georges au dos. Je trouve que c’est un manque de respect, vis-à-vis des joueuses déjà, mais aussi par rapport à nous, les supporters ! On essaye de les suivre, de venir un maximum, donc c’est un peu déstabilisant pour nous aussi », explique celle qui ne manque, depuis 1 an, quasiment aucun match des joueuses de la capitale à domicile.

 

 

« Pas questions de retourner à Charléty »

La raison de son courroux ? Elle est simple : Depuis plusieurs semaines, le PSG féminin jongle avec l’inconnu, après que la direction du PSG a décidé de faire jouer les U19 masculins et la réserve avant lui dans l’Essonne, sur les terrains qu’il occupe depuis plus d’une saison désormais. La décision prise par la direction du club (Luis Fernandez, directeur du centre de formation, et Antero Henrique, le directeur sportif), semble ne pas déstabiliser les joueuses outre-mesure. Mais, Patrice Lair, l’un des principaux intéressés, avoue derechef : « C’est plus qu’embêtant ! On s’est battus pendant un an pour avoir le camp des loges, j’aimerais bien y rester. Aujourd’hui pour ma part il n’est pas question de retourner à Charléty. Je sais qu’ils rencontrent des gens pour aller à Poissy, à Versailles…. Mais le seul stade qui pourrait m’intéresser ce serait Jean Bouin, une enceinte pratique à côté du Parc », raconte l’entraîneur, qui ne se dit pas du tout entamé par les difficultés rencontrées par le club depuis le début de la saison.

 

Une section en perdition ? 

Déjà, il y a ce mercato timoré où hormis les arrivées de Berglund et Hermoso (entre autres), le PSG a constamment raté la cible. Alors que chez les hommes, on a dépensé plus de 350 millions pour recruter Mbappé et Neymar, chez leurs homologues féminins, c’est l’Américaine Samantha Kerr, la Malawite Tabitha Chawinga et la tricolore Amandine Henry qui ont choisi d’autres options, parfois par manque de moyens financiers. Autre exemple, les U19 n’ont pas encore de coach (c’est Lair qui remplit ce rôle). Un liste que complète Elisabeth : « Les maillots de cette saison ne sont toujours pas en vente, alors qu’on voudrait porter nous aussi nos couleurs, comme ceux qui vont acheter le maillot de Neymar et qui en sont fiers. Et puis ce serait bien d’organiser une campagne d’abonnement pour les supporters. Même le Paris FC le fait. D’autres clubs prennent bien soin de leurs féminines et chez nous, j’ai l’impression que ce n’est pas un sujet prioritaire. Alors qu’elles valent le coup qu’on les mettent en avant ».

Paul, un autre supporter parisien, qui a passé plus d’une heure et demi à chanter en compagnie d’une cinquantaine d’Ultras, reste plus mesuré : « Je ne suis pas sûr qu’on puisse considérer ça comme un manque de respect. Après c’est vrai que c’est plus sympa d’aller les voir jouer au Camp des Loges ! Mais bon tant qu’il y a du monde je pense qu’elles seront satisfaites. Quoiqu’il arrive on va venir, on va les encourager et pousser derrière elles, et ça leur suffira ! Même si cette histoire est étonnante », reconnaît celui qui vient régulièrement voir son équipe, chez les hommes comme chez les filles. Il a notamment participé aux deux rencontres de Ligue des Champions qui se sont déroulées au Parc la saison dernière, face au Bayern et à Barcelone, et se verrait bien y soutenir à nouveau Diani, Geyoro et consort : « J’espère que cette année, lorsqu’on jouera l’OL ou l’OM, ils pourront se débrouiller pour organiser un match au Parc ! Je trouverais ça super qu’elles puissent jouer là-bas ».

 

Katoto a brillé, Geyoro aussi

Dans l’immédiat, le PSG devait toutefois rester concentrer sur le terrain, lui qui est déjà à la traîne au classement. Et face à un promu ambitieux comme le LOSC, attention au faux-pas. Mais les joueuses parisiennes s’évitaient toute frayeur en inscrivant le premier but de la rencontre dès la 7ème minute, par l’intermédiaire de Marie-Antoinette Katoto (qui finira par inscrire le premier triplé de sa carrière en D1), l’une des promesses les plus exaltantes de cette formation. Bien au-dessus de leurs adversaires du jour, et au terme d’un match archi dominé, Paris s’est imposé largement (6-1), et même le but encaissé en fin de rencontre suite à une faute de main de Kiedryzynek n’a pas entamé l’enthousiasme des tribunes remplies. D’où cette belle scène de communion entre supporters et joueuses à la fin de la rencontre.

 

Des joueuses pas ou peu affectées

« On commence à s’améliorer, à avoir de plus en plus d’automatismes, débriefait en zone mixte la latérale Eve Perisset, après la rencontre. C’est encore le début de saison et on a du temps pour progresser et devenir une grande équipe. Ce schéma nous plaît bien, on trouve du mouvement pour se projeter et marquer des buts ». Lorsqu’on aborde le sujet avec elle, Perisset dégage rapidement en touche : « Sincèrement on ne pense pas du tout à ça nous, on se projette uniquement sur le terrain, on fait notre prestation et après le reste on met de côté et on s’occupe de gagner ». Sa partenaire, la milieu Grace Geyoro, encore très impressionnante face au LOSC, admet pour sa part que « forcément, on se demande pourquoi, on se pose beaucoup de questions ». Mais elle n’en tient pas non plus rigueur au club : « Ils font tout leur possible pour améliorer nos conditions de jeu. Il y a beaucoup de choses qui se mettent en place à côté, et le plus important ce sera le résultat, et le terrain ».

 

« Ca semble relativement aberrant »

Dans les allées du Camp des Loges, pourtant, même les supporters adverses se disent interloqués par la situation : « Qu’un club comme celui du PSG n’ait pas de stade fixe, ça semble relativement aberrant, expose Eric, 59 ans, et qui supporte la section féminine depuis sa création. Une équipe comme le LOSC, qui n’a que 3 ans d’existence, a tout de suite fixé son équipe première dans un stade [à Villeneuve d’Ascq, NDLR] et ses équipes de jeunes dans un autre [à Templemars, NDLR] », fait-il remarquer. Et celui qui a entraîné, dans le nord et ailleurs, pendant 20 ans chez les filles, d’enchaîner : « Si c’est de l’irrespect ? C’est de la légèreté en tous cas. Le foot féminin mérite plus que d’être en errance ».

 

Surtout que cette incertitude pèse aussi sur la médiatisation tant espérée de la D1 : Eurosport, qui devait retransmettre le match, a finalement préféré annuler car le lieu de la rencontre n’a pas été connu avant mardi soir. Mais le club continue d’avancer malgré vents et marées, afin de retrouver la Ligue des Champions, son objectif prioritaire. Cela fait quand même drôle de se dire qu’au stade Georges Lefèvre, bientôt, chez les féminines, on ne devrait plus pouvoir dire qu’ « ici c’est Paris ».

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